Vers 1100. Origine du prieuré » du pont à Dinan.

XI siècle. Le Poudouvre; seigneurie de Goscelin ou Josselin de Dinan. Travail de reconstitution personnel…

Vers 1000. Les possessions de Haimon le « gouverneur » des enfants du duc et époux de Roianteline la « vicomtesse » tous deux naissant vers 970. Travail de reconstitution personnel.

Carte géographique de Bretagne montrant toute l’étendue, au 10ème siècle, de la Domnonée, alors fief de l’archevêque de Dol Wicohen et  immense terre s’étirant entre la rivière de Morlais et la rivière du Coueson.  Très jeune frère du comte de Rennes,  ou son neveu à défaut, Wicohen possédait avec ce dernier tout le nord du duché ayant tous deux acquis cette immense région de Thibault de Blois au lendemain même de l’assassinat de l’enfant Drogon dont le comte de Blois-Chartres, frère de la duchesse, était le tuteur. De cette région, quelques années plus tard, allait bientôt surgir la seigneurie de Dinan laquelle, enfermée entre les eaux de l’Arguénon et celle de la Rance, prendra plus tard le nom de Poudouvre. travail de reconstitution personnel.
 Carte territoriale montrant la grande seigneurie vicomtale détenue par Hamonnis et Roianteline dite Vicomtesse, tous deux parents en autre de Goscelinus de Dinan. Cette seigneurie et charge militaire était comprise entre les rivières de l’Arguénon et du Couesnon en son amorce, arrêtée qu’elle était au nord par la mer et au sud par les reste de la grande forêt antique sise face aux comtés de Rennes, Vannes et Cornouailles. Travail de reconstitution personnel.

Notre prieuré hier nommé « Sainte Marie-Magdelaine » (1) est très intimement lié et relié à l’histoire même de la naissance de la famille seigneuriale de Dinan laquelle apparait qu’au début du 11ème siècle quand Goscelinus de Dinan sera cité pour la première fois en les chartes le concernant. Cela fut fait en effet en 1039.

Nous ne pouvons pas effectivement étudier la naissance de ce prieuré sans nous approcher de très près de l’origine de cette famille ce prieuré ayant été voulu et érigé à la seule demande de l’un de ses enfants ; celui-ci sera Geoffroy 1er de Dinan né vers 1060, fils d’Olivier 1er de Dinan lui même fils du dit Josselin. Pourquoi cette demande religieuse faite ici même au plus près du pont de Dinan alors déjà existant d’un prieuré ?

Dès la seconde moitié du 9ème siècle, la peur de la fin de monde se manifeste et cela bien avant l’approche du 2ème millénaire; les invasions normandes du moment ont été très probablement l’un des facteurs principaux à l’apparition de cette très grande peur. Le Cartulaire du monastère de Redon comprend en effet un nombre très important de chartes religieuses toutes relatives à cette même peur et cela dès la seconde moitié de ce même 9ème  siècle. En ce temps là et à ce « titre » de nombreuses terres seront ainsi offertes par les plus grands pour la création des abbayes, des monastères ou des prieurés, et il en sera aussi ainsi pour notre région de Bretagne notamment pour l’abbaye de Redon laquelle, créée en 832 par le moine Convoyon, obtiendra ainsi pour sa propre édification une terre vierge offerte par le machtiern Ratuili petit-fils du machetiern vannetais Iarnhitin.  La pousse hors du sol de toutes ces Abbayes sera l’origine première de terres alors partout défrichées, sera à l’origine même de la création de tout un ensemble de bourgs nouveaux alors partout jaillissants.  

 A la fin du 10ème siècle la seigneurie de Dinan n’est toujours pas née. Ammon 1er du nom (ou Aimon, Haimon puis Hamon), lequel dans une charte est présenté comme étant le « gouverneur des enfants du duc » (2) , le duc Geoffroy fils de Conan, né vers 975 est alors le vicomte de toute une partie du nord du duché de Bretagne laquelle se trouve être comprise, de l’ouest à l’est, entre les eaux de la rivière de l’Arguénon et les eaux de la rivière de Couesnon ; cette dernière est en cet endroit du duché la frontière naturelle séparant partiellement le duché de Bretagne de celui de Normandie. Au sud la seigneurie d’Hamon vient « buter » contre les restes de l’ancienne grande forêt antique et, au nord, elle vient se terminer sur les bords même de la mer. La charge militaire vicomtale d’Haimon s’étire ainsi sur toute une partie de l’ancienne Domnonée et comprend de ce fait les évêchés de Dol et d’Aleth.  A ce titre Hamon dit « le gouverneur » est vicomte de toute cette partie du monde.                                     

Hamon le Gouverneur et son épouse Roianteline, dite fille de Riuuall (3), dite « vicomtesse » (4) dans une charte de l’Abbaye de St-Georges de Rennes, ont pour enfant aîné Haimon 2ème du nom lequel héritera de la charge vicomtale probablement au titre de son droit d’aîné. Hamon « le vicomte » sera en effet ainsi nommé lorsque que son frère Guinguené, alors déjà archevêque de Dol, donnera avec l’autorisation de tous ses frères leur paroisse de Guenidell à l’Abbaye de Redon. Roianteline et Haimon ont d’autres enfants dont notamment Goscelinus ou Josselin et Junguené lequel, en tant qu’archevêque de Dol en effet, sera l’un des plus grands prélats de son temps et aussi l’un des plus grands conseillers du duc Alain III de Bretagne fils de Geoffroy.

Grand seigneur temporel possédant tout le Régaire de Dol, cela en tant qu’archevêque de Dol, Junguené sera assez puissant pour détacher de ce même Régaire, appartenant à l’église de Dol, une terre avec laquelle il créera une nouvelle seigneurie qu’il offrira ensuite à l’un de ses frère, Riwallon dit Chevre-Chenu racine des seigneurs de Dol-Combourg (4-5). Celui-ci, placé ainsi sous la bannière protectrice de Saint-Samson,  Saint-patron de l’archevêché de Dol, deviendra seigneur de Combourg avec un devoir de protection militaire dû à son frère Junguené archevêque le véritable seigneur de cette nouvelle seigneurie.

Grand seigneur militaire par sa charge vicomtale, Haimon 1er  semble être aussi possesseur de ces mêmes terres sur laquelle s’exerça sa charge vicomtale ; après son décès nous pouvons voir effectivement cette grande partie de l’ancienne Domnonée « déposée » entre les mains de ses différents enfants. Ainsi Haimon II fils « aisné » va recevoir à son tour et en ses mains toute cette vicomté formée de seigneuries familialement répartie entre ses différents frères puisnés. A ce titre Goscelin, ou Josselin, va recevoir toute la terre sur laquelle il érigera sa propre seigneurie de Dinan à savoir toutes les terres enfermées entre les eaux de la rivière de l’Arguenon et celles de la rivière de Rance. A ce titre Riwalon dit « chèvre-chenue » va recevoir via son frère Guinguené tout le pays de Dol-Combourg. A ce titre Salomon, lui fils naturel, va recevoir tout le Guarplic ou le pays d’Alet, terres butant géographiquement la future seigneurie de Dol. Le Guarplic comprendra notamment le pays de Saint-Coulomb, le pays d’Alet et l’actuel pays de Cancale tous situés en bords de mer y compris l’ancienne seigneurie de Châteauneuf ; par déformation linguistique le Pays d’Alet deviendra demain le Clos Poulet ».

Ces quatre frère auront aussi deux sœurs. A savoir Hodiern et Innoguent ou Innogwen ou encore « Noga »   Hodierne née vers 1110 entrera dans les Ordres et parviendra de ce fait à de hautes fonctions religieuses puisqu’elle sera la 2ème abbesse de Saint-Georges de Rennes, entre 1067-1068, et cela au lendemain même de la mort d’Adèle de Bretagne laquelle décéda au mois de mars 1067.   Innoguen prendra pour époux Teuharius souche des seigneurs de Châteaubriant de leur union naitra la lignée des seigneurs de Châteaubriant dont l’origine patronymique latine est probablement : le « château de Brient ou Castrum Brientii ». Il n’existe donc à ce jour aucune information sur l’ascendance de Teuharius et le nom de ses parents, quels qu’ils soient, n’est pas connu non plus; le berceau géographique de cette famille n’est pas plus connu non plus. Hormis la certitude que nous avons qu’il était de noble naissance, ne serait-ce que pour avoir eu la possibilité, ou le droit, de prendre pour femme la propre fille de la vicomtesse Roianteline, nous ne savons rien de ses premières heures. Teuharius, lequel nait vers 1000, semble par devoir être parti vers 1030 à la demande du comte de Rennes peut-être, allié qu’il était à celle de l’évêque de Nantes aussi, à la limite de la frontière séparant le duché de Bretagne au comté d’Anjou lequel comté, lui, est alors en ces heures du 11ème siècle vassal du royaume de France. 

Avec Goscelinus de Dinan apparait donc pour la première fois le nom de la seigneurie de Dinan; cependant Josselin n’a laissé dans notre histoire régionale aucune trace importante à l’inverse de ces deux frères Haimon 2ème du nom et Junguené; son nom apparaitra toutefois dans deux chartes religieuses.   A ce titre Il est cité en 1039, au lendemain même de la mort d’Alain III, en une charte relative à un don que la duchesse Berthe de Blois fit à l’abbaye de St- Georges de Rennes ; la seigneurie de Dinan apparaît alors ici pour la 1ère fois dans l’Histoire de notre pays puisqu’il y est nommé « Gotscelinus de Dinan ».    Frère de Frère de Riwallon dit « Chèvre-chenue » (6) nouveau seigneur à Combourg, frère de Hamon II le vicomte (7) Gotscelinus sera une seconde fois cité, vers 1050, quand t-il offre à St-Nicolas d’Anger la dime de l’église de Saint Pern, église relevant de la paroisse Plouasme puisque Saint-Pern, tout comme Becherel aussi, ne sera érigée en paroisse qu’en 1178, au 12ème siècle   

Son petit-fils, Geoffroy 1er de Dinan, époux d’Orieldis (8), frère aussi de Riwallon dit « le Roux », sera à l’origine de la fondation de notre prieuré appelé dès ses premières heures « le Prieuré du pont à Dinan » ce pont existant alors déjà. Hormis « pour le pardon de ses fautes », hormis « pour le rachats de ses propres péchés », hormis « l’achat au paradis d’une place pour lui et les siens », peut-il y avoir eu une autre raison que celles-ci ayant pu contribuer, elle aussi, à la fondation de notre prieuré du Pont à Dinan ? 

En 1108 Geoffroy 1er offre au Grand monastère de Saint-Martin son église de Saint-Malo de Dinan alors en grand état d’incurie tout en offrant aussi toutes ses dîmes seigneuriales relevant de la seule église de Saint-Malo de l’Ile. En cette même année 1108 alors que l’église de Saint-Sauveur de Dinan n’était pas encore construite puisque celle-ci ne le sera qu’au lendemain de la première croisade (1096-1099 ; cette église sera en effet citée pour la première fois qu’en 1129), la très grande vétusté de l’église de Saint-Malo de Dinan a t-elle pu être l’une des raisons premières ayant décidée Geoffroy à faire édifier le prieuré du pont à Dinan ? La lecture de la charte de fondation de notre propre prieuré va nous l’apprendre mais avant il nous faut aborder l’histoire même de cette dite église de Saint-Malo de Dinan et au travers de sa propre vétusté et au travers de son propre prieuré puisque en effet ici tout est lié et relié (lire les chapitre consacrés à cette église et à sa vétusté ainsi qu’à son prieuré).

Geoffroy 1er de Dinan né vers 1060 sera également possesseur de tout un fief en le pays d’Alet à savoir l’actuelle ville de Saint-Ideuc (8) hier bien de Clamaroch féal sujet du dit Geoffroy 1er seigneur de Dinan (en effet il sera également en possessions de Dîmes seigneuriales applicables en l’église même de Saint-Malo de l’Ile sur l’ile d’Aaron possesseur de celles-ci qu’il était par ses propres parents. Comment son père ou bien sa mère est t-il, ou bien est t-elle, entré(e) en possessions de celles-ci ? Prendre ou reprendre pour cela le texte consacré à la vétusté de l’église de Saint-Malo de Dinan). Au lendemain de 1100 Geoffroy 1er de Dinan participera également à l’après bataille d’Hasting remportée hier par Guillaume de Normandie en 1066 ; à ce titre il franchira la Manche et ira se ranger sous la bannière du roi Henri 1er fils du dit Guillaume. Pour le récompenser celui-ci né en 1058, sacré roi en 1100, lui offrira deux manoirs, à savoir celui de Notuella (ou Nutwell) et celui de Helfort (ou Hartford). De retour en ses terres seigneuriales de Bretagne Geoffroy, la main posée sur l’Autel de l’église de Saint-Malo de Dinan, offrira en 1122 ces deux manoirs au Grand monastère de Saint-Martin avec l’assentiment de sa femme Orieldis et celui de ses enfants ; Geoffroy était alors âgé d’environ 60 ans et plus jamais il ne paraitra dans une autre charte (9). Geoffroy 1er d’Orieldis sa femme laissera pour enfant Olivier II de Dinan, Alain 1er de Dinan et Josselin ou Josce de Dinham ce dernier s’installant définitivement en Angleterre. Plus tard, vers 1150-1160, Geoffroi II et son frère Olivier III, tous deux fils d’Olivier II ici cité, feront édifier en la même seigneurie de Helfort (ou d’Helpefort) une abbaye nommée « Abbaye d’Helfort » ; Geoffroy II confirmera également en 1179 les aumosnes que feux ses parents avaient fait en faveur de l’abbaye de Saint-Jacut.

Olivier III de Dinan ci-dessus cité pour les mêmes manoirs de Helfort et de Nutwel entrera en procédure avec les moines de Marmoutiers puisqu’il refusera de respecter le don fait hier aux moines par son aïeul Geoffroy 1er obligeant ces derniers à lui « relouer » les terres de ces deux manoirs.  Les enjeux financiers propres à ces deux « terres et manoirs » perdureront bien longtemps chez les seigneurs de Dinham après que « Olivier III fils d’Olivier II » ait reconnu la donation faite hier en 1122 par Geoffroy 1er son aïeul (la reconnaissance par Olivier III de cette donation faite hier par son aïeul Geoffroy 1er se fera avant 1182 via une charte « non datée » lorsque Olivier III désira finir ses jours enfermé comme « moine » en son nouveau prieuré de Saint-Malo de Dinan alors toujours non terminé dans sa propre réalisation ; cette charte concerne la fondation par elle même du prieuré de Saint-Malo de Dinan. La date ici de 1182 est la date de l’année en laquelle cette « confirmation « sera en Angleterre enregistrée). En effet en 1265 Olivier premier « baron » de Hartland, cette seigneurie ayant alors été élevée au rang de « Baronnie », arrière-arrière petit-fils d’Olivier III,  rachètera définitivement au Grand Monastère ces deux manoirs et leurs terres pour une somme de 250 livres ; la paix entre les deux parties était alors définitivement signée et payée.

Les nota bene

(1) Il existe une charte très ancienne citant pour la première fois les Saints noms de notre église aujourd’hui disparue. Ces noms à l’origine étaient au nombre de trois et l’Histoire cependant ne ne souvient que de celui de Marie-Magdala.    Cette charte fut réalisée au lendemain même de la fondation du prieuré puisqu’elle fut rédigée avec forte certitude avant l’année 1138, année en laquelle Jean, alors évêque de Saint-Brieuc, disparaitra pour toujours de tout acte écrit.                   Appelé dans tous les actes jusqu’au XVI siècle « le prieuré du Pont à Dinan » son église prieurale cependant possédait donc dès son édification, laquelle fut réalisée entre 1070 et 1100 en dates buttoirs extrêmes, le patronyme de Marie-Magdelaine placée qu’elle était sous sa Sainte protection. Cet acte réalisé avant 1138 et mentionnant les saints noms protecteurs de notre église prieurale fera en ce blog l’objet d’un chapitre personnel. Il faut toutefois noter ici que le prieuré et son église avaient chacun une appellation distincte laquelle leur était propre et individuelle puisque le prieuré jusqu’au XVII siècle s’est toujours nommé quant à lui « le prieuré du Pont à Dinan. Voila toutefois le passage écrit de cette charte mentionnant donc dès les premières années du XII siècle l’un des 3 saints noms protecteurs de notre église aujourd’hui à jamais effacée :  …itaque monachi ecclesiam in honore Beate et Sancti Marie-Magdalene.. 

(2) Il n’existe aucune charte présentant Haimon comme étant « vicomte » ; la seule charte le citant le présente comme étant le maitre des enfants du duc, comme étant leur « gouverneur ». Son épouse Roianteline, à l’inverse de son époux, est citée plusieurs fois et présentée comme étant vicomtesse. Ce titre donné à Roianteline implique probablement le fait que Haimon son époux ait été lui aussi Vicomte. Le nom de cette vicomté n’a jamais été cité non plus. La position des différentes terres hérités par l’ensemble de leurs enfants a permis cependant de positionner géographiquement cette même vicomté entre les eaux citées ci-dessus. Roianteline semble devoir être la fille de Riuuall « bouteiller de Dol ».

(3) Riuutal ou Riwall né vers 940-950 semble avoir été en effet « possessionné » en le pays de Dol puisque Roianteline sa fille sera elle citée comme tenant quelques terres assises notamment en Combourg. Certaines informations nous laisseraient penser qu’il ait pu être le « Bouteiller de Dol » puisque quand Junguné confirmera à l’abbaye de Redon une donation sera alors présent à ses côtés Riwaldus Butellarius; sera aussi présent Willelmus ou Guillaume Butellarius parent probable du précédent et tous deux vassaux de l’archevêque de Dol. Riwaldus Butellarius ici cité en cette charte était-il l’aïeul du dit Ginguené ? Willelmus et Guillaume Butellarius ici cités étaient-ils tous deux oncles ou parents du même Ginguené ? Roianteline fille de Riwall, ou de Riutall, possédait-elle ces dites terres de son dit mari Hamon ou bien par héritage de son dit père Riutall ? Roianteline  donnera en effet certaines de ces mêmes terres à la toute jeune abbaye de Saint-Georges de Rennes; cela se fera en la dite période proche de 1032. A ce seul titre et au seul nom de cette même supposition pouvons nommer notre dit Riwaldus ou Riwall  « Riwall de Dol  » ?

(4) Roianteline est présentée par certains historiens comme ayant été vicomtesse de « Dol », notamment par Dom Pierre Hyacinthe Morice en 1742 dans son impressionnant ouvrage consacré à Histoire de la Bretagne, mais cela cependant sans qu’aucune charte écrite puisse venir, par son existence, corroborer ce propos. Elle est dite fille de « Riutall » dans une charte de donation ; héritière de son père elle possèdera par droits d’hérédité certaines terres assises en Combourg et mais aussi à Chavagne puisqu’elle offrira en 1031 une partie de celle de Combourg à l’Abbaye de Saint-Georges de Rennes… Dedit Rojantelina vicecomitissa ann 1031 terram uni aratro sufficientem id est unam medietariam in Coburn. Dom Lobineau Preuve tome II colonne 120 … Devant ces différentes informations pouvons-nous aujourd’hui penser que Riutall père de Roianteline est pu être Riwaldus Butellarius, ou le Riwall bouteiller de Dol, celui-ci étant cité comme témoin aux côtés de Ginguené lorsque ce dernier fera vers 1020 don de la terre de Guenidell à l’Abbaye de Redon avec l’autorisation de ses frères « Haymoni videlicet Vicecom » et « Goszelini » et « Riwaloni » ? Roianteline s’orthographie aussi Roiantelen ; il en est de même pour Riutall lequel s’écrira aussi Riuutall ou plus tard Riwall, et même Rigal, Riwall donnant  lui même au siècle suivant le prénom Riwallon, puis plus tard encore le prénom Rolland très souvent rencontré dans la généalogie des seigneurs de Dinan.

(5)  Il faut faire attention ici au fait que Roianteline était « héritière » d’une partie de cette même terre assise et proche de Dol. Il est donc sérieux d’envisager le fait que Junguené donna cette terre à Riwallon son jeune frère, non pas qu’en la détachant du seul Régaire de Dol en tant qu’archevêque de Dol mais en tant que « possesseur lui même » d’une partie de cette même terre et cela lui aussi par droit d’hérédité.

(6) Riwallon dit Capra Canuta ou Chèvre-Chenu. Sire de Combourg, seigneur d’une terre bretonne doloise assise proche de Pontorson, donc proche du duché de Normandie, il épousa en 1ère noce Arembourge du Puiset laquelle, fille d’Evrard du Puisset, comte de Breteuil en Normandie, et vicomte de Chartres en pays de Beauce aussi, était une jeune noble Dame normande.  Par cette union Riwallon devenait vassal aussi du duc de Normandie. Tous deux seront parents de Wilhelme né de cette union lequel deviendra le père Abbé de St-Florent le Vieil près de Saumur, le même abbé qui sera le principal témoin lors de la fondation du prieuré du pont à Dinan. Leur second fils sera Gilduis lequel, moine bénédictain à Chartres après avoir été chanoine de Dol, meurt jeune lors du retour de son voyage fait à Rome afin de demander au Pape la permission de refuser l’archevêché de Dol que l’on voulait lui imposer ; sa vie pieuse le récompensera dans la mort puisqu’il sera béatifié. Du même mariage Riwallon aura pour troisième fils Jean 1er de Dol lequel, devant les choix ecclésiastiques de ses deux frères ainés, deviendra par la force des choses le seul héritier de la seigneurie de Dol-Combourg. 

(7)  Haimon II en 1024, âgé d’environ 25 ans, est cité à son tour comme étant le « gouverneur » du duc Alain III lorsque ce dernier décide d’assiéger son oncle Judhaël lequel s’est enfermé dans son château de Malestroit. La charte relatant ce fait précise que pour prendre cette décision Alain fut aidé des conseils donnés par Haimon son gouverneur et « les frères » de ce dernier. Lors du conflit ouvert en 1034 entre Alain III de Bretagne et Eudes de Penthièvre, son frère, Haymon II que nous nommera d’Alet, lequel est placé géographiquement sous l’autorité première et directe d’Eudes de Penthièvre par droit de féodalité, prend le parti d’Eudes son seigneur direct. Son frère cadet Junguené quant à lui reste loyal à son duc puisque nous retrouvons celui-ci, alors déjà archevêque de Dol, aux côtés d’Alain III quant ce dernier assiège la motte castrale de Léhon ; celle-ci, sitôt enlevée, sera provisoirement confiée par Alain III à Morvan II vicomte du Léon. Quel parti prennent les autres frères de Junguené dans ce conflit armé opposant et Alain et Eudes ? Retrouvant plus tard Gotscelin de Dinan toujours placé à la tête de sa baronnie récemment créée nous pouvons pensé qu’il a été, lui aussi, fidèle à Alain III.   Sa motte castrale de Léhon prise Haimont II d’Alet semble de nouveau devoir se ranger dans les rangs du duc de Bretagne puisque nous le retrouverons plus tard aux côtés de Conan II, fils d’Alain III, lorsque le dit Conan II assiègera Riwallon de Combourg celui-ci prenant la tête d’une rébellion alors menée à l’encontre le dit duc Conan II. C’est le fameux épisode de la prise de château de Dol-Combourg en lequel s’était enfermé Riwallon en attendant l’aide de Guillaume de Normandie également son suzerain pour d’autres terres alors en sa possession. Le jeune duc Conan est aidé dans cette nouvelle lutte par certains grands seigneurs de son duché et notamment d’Haimon son gouverneur, le propre frère de Riwallon. Le siège porte ses fruits ; le château de Combourg tombe entre les mains de Conan et Riwallon lui est enfin livré. Avec une grandeur princière Conan décide alors de laisser la vie à Riwallon en le chassant de ses terres; cependant l’exil sera de courte durée puisque de nouveau Riwallon sera présent sur ses terres de Combourg en lesquelles il se fera inhumer, peu de temps après, son corps confié au prieuré qu’il avait fondé, à savoir celui de la Sainte-Trinité.   

    

La ville de Dol et ses remparts à la fin du 18ème siècle. La cathédrale, ici représentée en rouge, fut édifiée au tout début du 13ème siècle, vers 1209, lorsque la cathédrale romane fut détruite par le roi Jean frère du roi Richard. En bleu le château. Dessin réalisé vers 1760 par Christophe-Paul de Robien

(8) Geoffroy le Breton et Judicaël d’Aleth : Benoist « évêque d’Aleth, Benoit étant un prénom latin, avait pour véritable prénom « Judicaël » prénom breton. Judicaël ou Benoist d’Aleth sera « évêque d’Aleth de 1086 à 1112 décédant ainsi au lendemain de la nomination à l’archevêché de Rouen de son frère Geoffroy dit le Breton lequel fut nommé archevêque de Rouen en 1111. Geoffroy dit « le Breton » », au lendemain de sa nomination à l’archevêché de Rouen, s’en ira en Angleterre pays en lequel il servira Henry 1er roi d’Angleterre. Quelles furent les « conditions sociales » en lesquelles furent élevés ces deux frères tous deux demain Archevêque de Rouen pour l’un et évêque de Saint-Malo pour l’autre ? Quels furent exacrtement leurs parents « père et mère » laquelle mère en une charte elle appelée « Orieldis » ? Peut-on faire un parallèle généalogique entre Orieldis mère de ces deux prélats, prénom attesté par une charte,  et Orieldis femme de Geoffroy 1er seigneur de Dinan ?  Geoffroy le Breton et Judicaël ou Benoist évesque d’Aleth, naissant tous deux vers 1060, cela en même temps que Geoffroy 1er de Dinan, furent-il tous deux fils de Hamon III vicomte d’Aleth celui-ci étant alors en ce cas l’époux de la dite Orieldis mère attestée de ces eux prélats ? Geoffroy le Briton et son dit frère Judicaël ou Benoits eurent-ils tous deux pour sœur « Orieldis » la propre « femme » de Geoffroy 1er de Dinan ? La dite Orieldis n’aurait t-elle alors pas pu apporter ainsi à son dit mari « Geoffroy 1er de Dinan », et cela en sa propre « corbeille de mariage » ,  tout un ensemble de terres assises en le Plou Alet, terres comprenant l’actuelle ville de Saint-Ideuc hier bien de Clamaroch « féal sujet » du dit Geoffroy 1er seigneur de Dinan en une charte établie ? Peut-on faire un parallèle généalogique et patronymique entre Geoffroy le Breton archevêque de Rouen, ancien religieux de l’église du Mans avant sa dite nomination à l’archevêché de Rouen, et le dit Geoffroy 1er seigneur de Dinan ? [supposition ici établie d’après l’intime conviction de monsieur Loïc Fisselier lequel suppose même que c’est tout le pays d’Alet qu’ainsi la dite Orieldis apporta à son seigneur et époux Geoffroy 1er de Dinan. La vicomté d’Alet en effet semble devoir disparaitre de la maison de Hamon III pour intégrer celle des seigneurs de Dinan]  

(9) Charte de la donation faite en 1122 en faveur du Grand monastère Geoffroy 1er de Dinan offrant ses deux manoirs assis en Angleterre. Noverint omnes tam moderni videlicet quam secuturi quod ego Goffredus, Dinannensis dominus, cupiens Dominum propicium fieri peccatis mei et paccatis parentum nostrorum tam defunctum quam vivorum et hoc precibus justorum facilius apud ipsum optinere me credens dedi monachis Sancti Martini Majoris Monasterii duo maneria que in Anglia de dono Hainrici regis possideban .Posui igitur donum istud super altare Sancti Maclovii Dinannensis : posuerunt et illud mecum tam primogenitus filius meus Oliverius quam omnes alii filii mei hoc ipsum et benigne concedentes et sicut dixi mecum donantes Concessit et hoc uxor mea Orieldis et ipsum donum supradictis fratribus a nobis factum multum animabus nostris profuturum dixit .Ut igitur ipsum donum eisdem fratribus deinceps ratum maneret magnum optinui a domino rege Hainrico ut ipsum donum munimento sigillatarum litterarum suarum eisdem fratibus confirmaret, quod et benigne sua gratia fecit Hujus donationis nostre sicut superius dictum est sunt isti : Simon archidiaconus, Eudo Goinius, Gaufredus filius Bertranni, Gaufredus filius Erani, Bolgetus filius Hervei, Hugo Machomus filius Tidualdi. De monachis : Guigomarus, Durandus Asinus, Rainaldus de Moriaco, Andreas de Biturca, Herveus. De homnibus Sancti Maclovii, David de Miniaco, Radulfus filius Channoci, Eudo Boilinuscus et filius ejus David, Aubertus presbiter filius Ewardi. Actum est hoc sub Bernardo priore Dinannensi, anno Incarnatione Domini MCXXII

Traduction personnelle : Que tous sachent aujourd’hui ce que moi Geoffroy seigneur de Dinan poursuit, désireux de faire clémence de mes péchés devant Dieu ainsi que des péchés de mes parents décédés et vivants et facilité par les prières faites devant Lui que je crois pouvoir ainsi obtenir ; je donne aux moines du Monastère de Saint-Martin deux manoirs en Angleterre, don du roi Henry que je possède. Je fais ce don sur l’Autel de Saint-Malo de Dinan et fais de sorte que mon fils aîné Olivier ainsi que tous mes autres fils fassent de même en accordant ce don avec indulgence, ce que ma femme Orieldis aussi accorde, et ce don ci-dessus devant les frères nous l’avons fait pour qu’une grande partie de nos vie soit plus profitable. Et par conséquence les frères après moi ont ratifié ce don qu’avec grande opportunité j’ai obtenus du seigneur le roi Henry, protégé par sa lettre scellée et confirmé aussi par les frères, cela fut fait par sa grâce et sa bonté. De notre don ci-dessus susmentionné ont été les témoins suivants :Simon Archidiacre, Eude Goinius, Goeffroy fils de Bertrand, Geoffroy fils d’Erani, Bolgetus fils d’Hervé, Hugo Mochomus fils de Tidualdi. Les moines Guigomarus, Durand Asinus, Rainalde de Moriaco, André de Biturica ; Hervé. Les hommes de Saint-Malo :  David de Miniac, Radulfus fils Channoci, Eudes Boilinuscis et son fils Davis…Aubert prêtre fils d’Ewardi. Cet acte a été fait par Bernard prieur de Dinan en l’année 1122.