La ville de Lanvallay de tout temps posséda t’elle un port lié au commerce maritime ?
Si au port de « Dinan-Lanvallay » la ville de Dinan de tout temps a connu un pont, le pont à Dinan, puis un quai, quai prenant naissance dès le débouché de l’ancestrale rue du Petit-Fort, il n’en a pas du tout été ainsi de même pour notre ancienne paroisse de Lanvallay assise en permanence dans l’ombrage de Dinan ; l’appellation de notre petit prieuré du pont à Dinan sera elle aussi prisonnière de ce piège étant très tôt de ce nom également baptisée (le prieuré de la Magdeleine au pont à Dinan).
Ainsi dès ses premières heures notre prieuré assis en la paroisse de Lanvallay sera dénommé comme étant le prieuré de la Magdelaine « DU PONT A DINAN »; cette même appellation le suivra jusqu’à sa toute dernière heure rendue sous le Directoire.
En 1754, année en laquelle le premier quai à la gauche de la rivière de très longue date déjà était, seule la ville de Dinan possédait en effet un QUAI digne de ce nom. Aussi en présence de ce seul et unique quai le pont de Dinan, son port et toute son activité économique, cela pendant tout un pan immense de notre propre histoire pourtant commune, relèvera de Dinan, et toujours que de Dinan seul. Il faudra en effet attendre le début du XVIII siècle pour voir apparaitre proche de notre propre rive, tous alimentés ou desservis par un simple talard, tout un ensemble d’entrepôts tous à usage portuaire, tous assis en notre propre paroisse, tous recevant eux aussi les marchandises venues ici même depuis la ville de Saint-Malo par voie de mer, ou en partance pour celle-ci ou pour Rennes par exemple .
Le port de Lanvallay malgré son talard commençait alors réellement à naitre et en celui-ci déjà se faisaient entendre les pas des sieurs Salmon et compagnies (ainsi en le cheminneuf les anciennes écuries du noble logis Grillemont, bien au XVII siècle de noble homme Gilles Mouton seront, dès la « disparition de toute la bourgeoisie ici assise tout au long des XVI XVII siècles, toutes reprises et transformées en de très grands entrepôts par le propre gendre du dit Pierre Salmon, à savoir Christophe Leroux des Aulnais régisseur du marquisat de Coëtquen).
La paroisse de Lanvallay devra en effet attendre la seconde moitié du XVIII siècle, la dite année 1754, pour se voir proposer la réalisation d’un premier quai presque digne de ce nom ; cela se fera pour une somme subventionnée à hauteur de 100% les travaux prévus se montant à un coût total de 12.000,00 livres. La réalisation de ce quai sera en quelque sorte « imposée » à notre paroisse par le nouvel développement économique du port cet essor apparaissant dès la première moitié du XVIII siècle en effet ; ce même « nouveau chantier portuaire » réalisé en notre propre paroisse accompagnera les grands travaux portuaires lesquels ici même tant résonneront entre 1732 et 1861.
Lors de ces mêmes travaux portuaire sera en effet réalisé dès 1736 la première réhabilitation du quai originel de Dinan; seront aussi réalisées dès 1736 le début de la destructuration, et celui de la reconstruction, de tout un pan du bâti ancestral hier ici présent sur le quai de Dinan ; sera aussi décidé en 1754 et en notre propre commune la réalisation du quai Talard ; sera aussi réalisé en 1778 le nouveau grand chemin reliant le port à la ville haute de Dinan et dès 1785 tout son nouveau bâti ; sera aussi réalisé dans cette continuité le « prolongement » haut de la rue de la Magdeleine ; sera aussi réalisé dès 1786 le réalignement très important de tout un ensemble de maisons assises en notre propre paroisse, et la restructuration de tout le bas de la rue de la Magdeleine ; sera aussi commencé en 1804 le nouveau canal d’Ille et Rance et le percement de la tranchée au port de la Courbure ; sera aussi réalisé au lendemain de 1829 le nouveau chemin de halage reliant le port au pont de Lehon ; sera aussi réalisé en 1852 le viaduc ou pont de Nemours et la nouvelle grande route du lion d’Or ; et l’année 1861 quant à elle verra le prolongement du propre quai de Lanvallay ainsi que le déplacement de la métairie des Clos pour le réaménagement du halage.
Pour nous même sur le plateau haut sera aussi réalisé dès 1844 tout le bourg neuf de Lanvallay accompagné de sa toute nouvelle église.
Qu’est-ce que j’ai bien pu encore oublier !
Près d’un siècle et demi d’incessants travaux …
Alors que la ville de Dinan dû personnellement financer en totalité les travaux de ses quais, et cela par ses propres livres et deniers, il en ira tout autrement pour Lanvallay celle-ci recevant des aides financières se montant effectivement à 100% du montant global du marché; il est plus juste de dire que ce sont les États de Bretagne qui eux mêmes financèrent à 100% tous ces travaux.
Bien que la présence d’un talard soit attesté à droite de la rivière dès le 26 mars de l’année 1629 (1), au débouché du pont, en 1754, il n’y avait aucun libre passage puisque ici même sera présent un très grand entrepôt et logis appartenant tous deux au sieur Pierre Salmon de son état « fermier général » des biens temporels du prieuré de la Magdeleine mais aussi de profession « marchand tanneur » ; l’accès à la grande métairie des Clos, bien au XVII siècle des sieur Gigot, avant cette même date devait très probablement se faire par le petit trait d’union dénommé aujourd’hui la rue Jean Perquis, petit trait union reliant dès le dit XVII siècle la berge de la rivière au Cheminneuf de la Magdelaine celui-ci apparaissant très probablement dès les premières heures du XVI siècle.
Voilà l’origine même, la raison même de ce tout petit trait d’union… ou de notre actuelle toute petite rue reliant la dite rue de la Madeleine au port de Lanvallay lui même.
A l’angle de ce petit trait d’union sera en l’année 1693 cité sur le « talard » la présence d’un petit pavillon lequel de neuf sera construit par le sieur Lambert des Champguerard et des Salles riche notable de Lanvallay; ce petit pavillon aujourd’hui existe toujours sur le quai Talard. La terre et jardin de ce petit pavillon touchait déjà l’auberge en laquelle pendait alors l’enseigne du Lion d’Or, ou du « lit où l’on dort« , bien professionnel de Jan Asseline sieur de la Marre en la dite année 1693 de son vivant sieur du Cheminneuf (ou l’actuelle rue de la Madeleine).
Pour la réalisation de ce quai monsieur Pierre Salmon se verra en 1754 être « saisi » en effet de tout son bâti ici même assis au plus près du pont. Aussitôt ce bien saisi, aussitôt cette surface rendue libre, au débouché du pont sera commencé ce nouveau quai entièrement offert à notre paroisse. Ce quai cependant dans sa propre réalisation sera un tout petit quai puisque celui-ci il est vrai, sans cale aucune, s’étirera sur seulement 170 mètres de long; se terminant en buté sur le talard originel il comprendra cependant en son extrémité un petit escalier de 5 marches menant sur la rive de la rivière comme l’atteste d’ailleurs un tableau peint réalisé avant 1862. Dans sa réalisation, sur le seul plan qualificatif, il était donc très loin d’être à l’image de celui de Dinan fait lui de pierres bien taillées et toutes appareillées, pierres possédant toutes un parement net et propre.
Ce nouveau quai relèvera en effet plus du type « talus tassé » que celui d’un quai digne de ce nom ; celui-ci notamment présentera jusqu’en 1861 une berge en permanence déformée et très irrégulière par sa nature même de « talard » , berge constamment modifiée et usinées lors des fortes marées. Certains tableaux peints ici même au port de Dinan, vers 1838, expriment à eux seuls il est vrai toute la pauvre qualité de cette réalisation exécutée hier au moindre coût ; ainsi cette vérité sera dite par un dessin de François Agathon du Petit-Bois, ainsi cette vérité sera aussi dite par deux tableaux réalisés par le peintre Isidore Dagnan présent à Dinan en 1835.
N’oublions pas que le seul prolongement du quai de Dinan en son temps, plus la reprise de son plus ancien mur de « quai », se feront moyennant une dépense totale de 60.000,00 livres, somme entièrement versée par la ville de Dinan, alors que l’ensemble des frais engagés sur la rive droite en Lanvallay ne s’élèvera qu’à 12.000,00 livres ; de plus cette somme sera entièrement versée par les seuls Etats de Bretagne sans aucune participation à charge pour la paroisse Lanvallay en effet.
Finalement dès le début de sa réalisation le premier quai de Lanvallay était destiné à n’être qu’un simple talard amélioré.
Toutefois ces travaux auront été tout de même très importants dans leur propre réalisation. En effet de ce côté de la rivière le lit était aussi vaseux que sous les quais de Dinan. Pour cette réalisation, et afin de pouvoir remédier là aussi à ce problème de sol très mobile, très mouvant, à l’abri d’un batardeau formé par la rive sera procédé à la création d’un immense lit de sable suivi d’un enrochement total portant ainsi la hauteur finie de l’ouvrage à 4 mètres par rapport au fond de la rivière; l’extrémité du quai à nord de terminera où se trouve aujourd’hui le milieu de l’ancienne cale de déchargement.
En 1754, au lendemain de cette réalisation, dès la sortie de terre du nouveau quai le talard cité en 1628 reprenait en fait par vents et marées tous ces droits naturels.
Ce quai premier, finalement plus talard que quai digne de ce nom, quai s’étirant depuis le pont que sur une longueur de 170 mètres seulement, quai sans cale ni quai de déchargement, va ainsi perdurer pendant un peu plus d’un siècle.
En l’année 1862 ce quai sera effectivement entièrement revu, pour ne pas dire reconstruit de « talard » devenant véritable « quai ». Cette reconstruction verra ainsi la réalisation, au débouché du Vieux pont, d’une cale menant à la rivière, la pose de pierres sèches à parement pour le redressement du quai, la réalisation d’une grande cale de déchargement, demain sablière, ainsi que le prolongement du quai premier sur une longueur de 25 mètres ; ce rallongement portera ainsi le dit premier quai réalisé en 1754 à une longueur nouvelle de 195 mètres. Devant le toujours « peu de moyen » financier de la jeune ville de Lanvallay, hier encore paroisse, l’État pour un montant global des travaux s’élevant à 107.375,00 francs ira de sa participation personnelle à hauteur de 92.500,00 francs laquelle sera allouée le 09/11/1861.
La ville de Lanvallay personnellement achètera pour ce faire les terres nécessaires pour le rallongement du quai et prendra aussi à sa charge les cout de celui-ci. Ainsi elle donnera pour l’achat des terres nécessaires 9.275,00 francs + 5.600,00 autres francs pour les coûts propres au dit « rallongement » ; ce prolongement du quai premier, prolongement s’étirant sur 25 mètres, est la deuxième moitié de l’actuelle cale de déchargement. La réfection de ce quai, et le redressement rectiligne de toute sa rive, élargira ainsi par endroit le lit de la rivière de 20 mètres environ.
La ferme des Clos en la seconde moitié du XIX siècle, après la réalisation des œuvres de Dagnan et d’Agaton du Petit-Bois, après aussi la réalisation des seconds plans cadastraux réalisés en 1844, sera entièrement déconstruite pour être déplacée un peu plus haut, à l’emplacement qu’elle occupe aujourd’hui, cela afin de pouvoir permettre en cet endroit précis de réaménager le halage lui même. La ferme des Clos est aujourd’hui la Maison de la Rance.
Finalement aujourd’hui quand tous nous parlons du « port de Dinan » nous commettons tous une faute; il nous faudrait dire en effet : le port de Dinan-Lanvallay.
(1) Le Talard du prieuré de la Magdelaine sera ainsi dénommé en un acte rédigé le 26 mars de l’année 1626 lorsque Jan Dehoria sera le nouveau prieur du prieuré ; cette appellation est alors relative à une rente due au titre d’une activité de « laqué exercée sur le dit lieu du Talard ».