1680 – 1683. Le cavalier balafré au cheval blanc.


Enqueste judiciaire menée à l’encontre d’un cavalier balafré chevauchant un cheval blanc et malmenant moult gens en Dinan et Lanvallay ; de fait ce brigand était le maréchal de logis de Monsieur de Carvanalet officier militaire.

La Bouexière
Corps de ferme de l’ancienne métairie de la Bouexière (Ou Boixière) bien de Macé Gigot vers 1680 celui-ci ayant été nommé le 31/01/1621.
Résidant entre les susdites années 1680 et 1683 au pont à Dinan Macé était le fils puisné d’Olivier Gigot et de Carize Mouton sieur et Dame de la Lande tous deux possesseur en le bas de l’actuelle rue de la Madeleine du noble logis de la Cour de Bretagne ; ce logis sera reçu héréditairement par son frère puisné, Alain Gigot, lequel prendra pour épouse Guillemette Rillet (La Lande était une terre assise au dessus du Jerzual proche des Combournaises ; aujourd’hui cette appellation n’existe plus ).

Jan Gigot, frère des dits Macé et Alain, sera le recteur des églises de Lanvallay et paroissiale et prieurale.
Cette ancienne métairie était assise hier au plus près de l’ancienne église paroissiale de Lanvallay et au plus près aussi de la terre noble dite le Colombier ;
elle sera en le milieu du XIX siècle un relais à chevaux pour les côches se rendant à Rennes. Au pied de cette ancienne métairie, métairie et relais au dit XIX siècle donc, se trouve être à moitié recouvert par un poste de transformation EDF un ancien lavoir alimenté hier par la fontaine de Saint-Valay.
La légende veut voir en cet endroit l’ermitage en lequel le moine Balao, ou Saint-Vallay, fondateur de la paroisse de Lanvallay pour cette même légende, s’isolera. 
Entre 1850-1870 s’installera entre les murs de cette métairie la famille L’Hermite.
Le Banquier Bazin en 1922 sera ici même propriétaire de la ferme ; celui-ci sera à Dinan le fondateur en la rue de la Ferronnerie de la BNCI celle-ci plus tard, devenue la BNP, s’installant Place Duclos.

Dans un précédent chapitre j’ai émis la possibilité de pouvoir peut-être, un jour prochain, avoir accès à certaines archives privées ces dernières, que je pense être encore nombreuses, existantes de ce fait toujours même si certaines d’entre elles sont très probablement entreposées dans des recoins oubliés que ces derniers soient des recoins de sombres greniers, des recoins d’endroits pleins de toiles d’araignées telles les cave ou arrière pièce, ou que sais je encore.
Aussi peut-il encore exister aujourd’hui des écrits anciens qui m’attendent, des actes non encore archivés, des actes tous relatifs à histoire de Dinan ou de sa région, et cela quels qu’ils soient, des actes en dehors de ceux déjà répertoriés par les Archives départementales ou bien des actes en dehors de ceux qui sont autant de pièces d’archives civiles entreposées quant à elles dans les arrières sombres de très vieilles études notariales ?
Certains greniers de maisons, hier nobles, contiennent ainsi, recouverts  d’une poussière souvent épaisse et très ancienne, des livres d’écritures privés pouvant contenir en leur profondeur une mine d’informations pour qui s’intéresse à son histoire locale, à notre propre histoire.


Ainsi en Lanvallay, travaillant alors personnellement dans une tourelle plus que séculaire attenante à l’aile d’une très vieille noble demeure, de fait un vieux chateau, je me suis un jour retrouvé à dévisager en cette tourelle des livres familiaux abandonnés, livres très anciens et en grand désordre empilés, et de grande taille ils étaient, il est vrai, livres ou registres poussiéreux et probablement déjà fort fragilisés par une humidité permanente maitresse en ce lieu ; ils devaient eux aussi contenir des mines d’informations que j’aurai alors très aimé pourvoir découvrir, lire ou seulement survoler.
Je regrette encore aujourd’hui que j’écris de n’avoir osé que les regarder, de ne pas avoir osé les parcourir lors de ma rencontre faite avec eux, de ne pas avoir osé ne serait-ce que de les toucher ; en dehors du temps qui me manquait pour le faire il est vrai leur fragilité supposée m’a fait peur également. Et puis je n’étais pas chez moi me direz vous.

Mais il est tout aussi vrai que j’aurai pu vite les ouvrir et avaler ainsi certaines de leurs lignes noires hier si méticuleusement tracées.
Pourquoi par cause de peurs multiples ne les ai-je donc pas ouvert dites moi ? 
Et dire que pourtant j’ai écris un chapitre consacré à ce seul chasteau ! 
                       
C’est dans l’un de ces greniers que fut découvert au 18ème siècle un livre très ancien, plus que séculaire, lequel reprenait ou enregistrait pour la région des évêchés de Dol et Saint-Malo toutes les maisons nobles établies en iceux lors de la tenue de la Réformation de la Noblesse qui fut faite en 1513.
L’une des plus belles découvertes, souvent personnelle, peut ainsi être parfois le fruit d’un pur hasard.

Un jour j’ai été contacté, cela pendant mon activité professionnelle, par une Dame dont je ne citerais pas le nom ici, et cela à sa demande d’hier, laquelle Dame avec une très grande gentillesse me confia un acte de Justice relatif à la région de Dinan, acte détenu au sein de sa propre famille depuis moult générations déjà, depuis des ans sans nombre.
Cet acte de justice malheureusement je l’ai reçu incomplet en dix feuillets lui manquant notamment il est vrai les premières et les dernières pages ; ces feuilles absentes ne m’ont pas permis de savoir devant quelle Cour royale il fut rédigé, Dinan ou Rennes, ni quand cette affaire fut jugée non plus.
Cet acte cependant pour moi a été très intéressant à lire pour plusieurs raisons. Premièrement par le simple fait que cet acte reste aujourd’hui entièrement inconnu de tous, de tous les centres d’archivage quels qu’ils  soient, qu’ils soient départementaux ou régionaux ; deuxièmement parce qu’il concerne une suite de mêmes délits ayant tous été commis en Dinan ou en Lanvallay.  

Cependant…

Le logis de la Cour de Bretagne déjà existant en 1598.
Bien d’Olivier Gigot et de Carize Mouton sieur et dame de la lande père du dit Macé. Tous deux feront édifier en Saint-Sauveur de Dinan une chapelle située au dos du Choeur ; en le courant du XIX siècle leur caveau familial lors de travaux menés en l’église sera ouvert et, en l’intérieur de celui-ci, seront énumérés plus de 10 cercueils
dans un très fort état de délabrement.
Suite à cet état le caveau sera aussitôt refermé.
.
GY EST LA SEPVLTVRE DE NOBLES GENS OLLIVIER GIGOT ET ZACHARIE MOVTON SA COMPAGNE SR ET DAME LA LANDE. FAI. PA.LEVRS HOIRS
Olivier et Zacarie (ou Carize suivant l’écriture) s’uniront en l’église paroissiale de Lanvallay le 30/06/1614 Olivier étant ici même sous cette pierre inhumé inhumé le 13/09/1652.
Macé Gigot sieur de la Bouexière semble devoir être leur fils aisné les dit Jean et Alain ses frères germains venant successivement après il est vrai dans les BMS de Lanvallay.
Macé n’ayant aucun fils héritier le logis de la Cour de Bretagne échoira à Alain, l’avant dernier né, Jan son deuxième aisné ayant épousé la Religion ; recteur de la paroisse de Lanvallay en effet il sera.
Macé semble devoir habiter le logis de la Cour de Bretagne entre les susdites années 1680-1883 puisque en cette procédure judiciaire il sera dit de lui qu’il habitait au pont à Dinan ; il possède néanmoins aussi la dite terre de la Bouexière .

Le livre terrier de Dinan, rédigé vers 1678, ne cite effectivement aucunement sa présence ni dans le Jerzual, ni en la rue du Petit Fort et ni sur le quai de Dinan de l’autre côté de la barrière. Macé aura toute fois deux filles, Carize et Thomasse lesquelles, respectivement, prendront pour époux Jacques Pigeon sieur du Boullay et Joseph Justel sieur de la Villeneuve.
La mort de Macé n’étant pas connue par les BMS nous savons maintenant par cette même enquête judiciaire que celui-ci trouvera la mort au lendemain des dites années 1680/1683 ; les dates de naissance des quatre frères, le dernier étant Gilles, ne sont pas connues non plus.
Noble homme Olivier susdit, enfant puisné nommé le 13/06/1584, soit trois années après sa sœur Louise, sera le fils de l’honorable homme Olivier Gigot et de Julienne Jan l’aïeul de celle-ci étant déjà présent à la Magdeleine en 1556 celui-ci devant impôt seigneurial; enfant puisné, mais garçon unique entouré de 5 sœurs, Olivier héritera du dit logis de la Cour de Bretagne, logis déjà existant en la dite année 1598.


La région de Dinan fut en 1675 l’une des nombreuses villes de l’Ouest à se soulever contre l’instauration du Papier timbré laquelle, instauration, correspondait à une nouvelle taxe fiscale créée, taxe alors appliquée sur tout acte écrit dit « Authentique », sur tout acte civile enregistré quel qu’il soit et où que ce soit.
Notre acte de justice, contenant lui-même sur chacune de ses feuillets l’application de ce timbre fiscal, fut donc forcément rédigé au lendemain de la dite année 1675.

Mais quand au juste ?
Certains personnages cités dans cette enquête judiciaire, personnages déjà rencontrés dans le déroulement de l’histoire de notre propre commune, m’ont permis de mieux positionner la période relative à la rédaction de ce procès verbal, de positionner sa rédaction à trois ans près seulement.
Pour ces rencontres fortuites ce fut le cas notamment il est vrai pour le sieur Jan Lambert né en 1637 lequel, époux de Laurence Lechapellier en premières noces, tous deux sieur et Dame du Pré, celui-ci possesseur au titre de sa dite femme de deux chambres assises en la rue du Four au pont à Dinan, fut le doyen des Procureurs au Siège Royal de Dinan mais aussi syndic (maire) de la communauté de la ville de Dinan en l’année 1679 ; le maire suivant, nommé en 1683, fut le sieur François Foullain [Ce dernier sera possesseur d’un ensemble de terre et jardin assis au plus près des hauts murs de Dinan, proches de l’ancienne grande fontaine de l’Ecuyer].
Jean Lambert sera également l’un des économes chargés de la gestion économique de l’Hôpital de Dinan ; il occupera en effet ce poste en 1673 
(Beaucoup des grands bourgeois rencontrés autours des fonds baptismaux du prieuré de la Magdeleine du Pont à Dinan seront dits « économes » de ce même hôpital. Luigi Odorici: Recherches sur Dinan et ses environs, livre rédigé en 1857).
Jean Lambert ayant 38 ans lors de la dite Révolte du Papier Timbré peut-on ainsi raisonnablement penser que ces délits multiples, tous occasionnés par un même individu, furent tous commis peu après cette même révolte ?  
Avant de vous présenter cet acte sachez que celui-ci concerne l’établissement, dans leurs faits et gestes, de plusieurs délits tous accompagnés de menaces et d’injures, et de coups portés pour certains même, délits ayant eu pour auteur un seul et même cavalier balafré lequel,  monté sur un cheval blanc et se présentant comme étant le maréchal des logis de Monsieur de Carnavalet, ce dernier alors présent avec sa soldatesque dans la région très proche de Dinan, s’imposait par la force du verbe, par la force du geste aussi, vers les 20 heures du soir chez les honorables bourgeois afin de leur soutirer de l’argent en remplacement du logis dû, de la nuitée prévue, et cela toujours par peur, par menaces et jurements il est vrai.
En cas de conflit les habitants d’une paroisse étaient souvent dans l’obligation en effet de recevoir la soldatesque pour la nuit, officiers à pied ou à cheval pour reprendre l’expression des anciennes hostelleries, leur proposant ainsi le repas du soir et le lit de la nuit; ces gens en armes se présentaient toujours munis d’un billet lequel était écrit soit par leur supérieur direct ou soit par le syndic de la ville lui même. Ces billets les autorisaient en effet à faire chez les gens cette même démarche concernant l’hébergement et le repas, demande ayant la forme en vérité de la « Réquisition rémunérative ».
Au pont à Dinan, à la Magdeleine, l’un de ces délits fut donc aussi fait chez le sieur Macé Gigot sieur de la Boixière, fils d’Olivier Gigot et de Carize Mouton tous deux sieur et Dame de la Lande,  tous deux possesseurs du noble logis de la Cour de Bretagne ; Macé était l’époux de Jacquette Mesnage.

Carize Mouton et Jacquette Mesnage, sa belle-fille, seront toutes deux marraines du baptême des cloches de l’église paroissiale de Lanvallay. Macé Gigot ci-dessus, résidant au port de Dinan en la paroisse de Lanvallay, sera l’oncle de Catherine Gigot laquelle, avec ses sœurs, sera propriétaire en indivis, cela par droit de succession, de mon actuelle maison sise au 18 de la rue de l’Abbaye.  
Voici maintenant cet acte de justice partiel. Ce dernier est écrit en vieux français et il peut aussi présenter certaines difficultés de compréhension. Il mérite toutefois une analyse patiente et approfondie.                                            
En haut de chaque page était apposé le timbre fiscal dont la valeur de 18 deniers était écrite.

La fontaine de la Bouexière ou l’ancienne fontaine de Saint-Valay
Celle-ci assise sur l’ancien grand chemin reliant Dinan à Rennes ouvrait pour ainsi dire l’accès au vieux bourg éloignée seulement de quelques mètres quelle était de l’ancienne église paroissiale.

Premier feuillet
…Et demy vallants douze livres un sol en presance du sieur Ernault (le patronyme Ernault est présent en la commune de Lanvallay celui-ci ayant été possesseur de la seigneurie du Bois Harouard et de la Ville es Olliviers. Thomas Enault, avocat au Parlement de Rennes, sera cité en 1653 lors du baptême de Thomas Martel ; son neveu, Jean-Thomas Ernault, né en 1688, époux de Marie Pleuvier, sera lui aussi avocat au Parlement de Rennes puis sénéchal de Lanvallay seigneur qu’il sera de la seigneurie du Colombier en Lanvallay) par ce que et non autrement il prendroit paieront sa nouritture de son vallet et de ses chevaux en ladicte hostellerye et non ailleurs en laquelle ils seront ensanble, les dicts Amelots et mareshal des logis ou le dit mareshal montra a lhoste et lhostesse les douze livres un sol que le dit Amelot luy avoit baillé et leur dist quil navoit affaire quavecq luy pour sa noriture quils luy fourniroiait et a son vallet et chevaux pandant son sejour, que le dit Amelot en demeuroit quitte auquel les dits hoste et hostesse diroit quils ne manqueroiait pas de fournir la dicte noritture et le logement et de la faire paier audit mareshal des logis qui en demeura daccord, Dit de plus ledit Amelot quayant demandé audit mareshal des logis pourquoy la compagnye arivoit sy tard, il luy repondit quelle sestoit arrestée proche de Beauvoir a faire halte par ce quelle navoit (pu) logé en la ville de Jugon esloignée de douyse lieux. En febvrier de trante ecus qui luy seroit dellivrés par les habitants dudit Jugon, qu’il montra au dit Amelot et le pria de les luy changer en Louis d’or ce quil ne fist non ayant louer et a signé. Ainsy signé Amelot.
Comme ensuitte transportés a lhostellerye de Saint Jullien, en cette ville de Dinan ou estant et y avons trouves André Raoul sieur de la Maisonnaisfne (Maisonneuve), lhoste y demeurant, lequel nous a declare que hier

Deuxième feuillé
et au soir, sur les six a sept heures le sieur de la Villeneusfve Amelot (Ici Raoul Amelot fils de Jacques Amelot et d’Olive Hamon nés vers 1595 sieur et Dame de Villeuve ; Jacques était marchand de drap de soie. Olive Hamon susdite aura pour frère germain Jan Hamon sieur de Villeneuve et époux de Janne Lerenec ces deux derniers de leur charge ayant été pour les années 1612-1613 et 1614 les fermiers généraux des biens temporels du prieuré de la Magdeleine au pont à Dinan. Jan Hamon susdit, époux Janne Lerenec donc, était le fils de Guillaume II Hamon et de Christine de Saint-Cyre sieur et Dame de Villeneuve, le petit-fils de Guillaume 1er Hamon et de Jehanne Bagot sieur et Dame de Villeneuve et l’arrière petit-fils de Laurent Hamon et de Jehanne Lottin. Raoul Amelot susdit né en 1627, fils du dit Jacques Amelot, ici concerné par cette enqueste judiciaire, prendra pour épouse Julienne Rolland la propre arrière arrière petite-fille de Rolland Rolland et de Janne Ferron tous deux possesseurs de la Grande Maison de la Croix-Verte à la Magdeleine) lui mena un cavallier balafré au visage qui se disoit mareshal des logis de la compagnye de monsieur de Carnavalet lequel dist quil avoit recut du dit sieur de la Villeneufve Amelot douse livres un sol pour aller loger a la dite hostellerye ne le pouvant loger chez luy et le dit Amelot sestant retiré, le dit mareshal des logis dist au dit Raoul quil alloit au devant de la compagnye et que estant de retour y il viendroit y loger sans que neanmoins ledit mareshal y soit retourné. Et ainsi a signé, ainsy signé A.Raoul.                                    
Ensuitte dequoy nous sommes transportes en la maison et demeurance de Jan Dupré, sieur de la Cochaye (Jean II Dupré de la Cochaie, né en 1622, prendra pour épouse Oliva Rabasté tous deux sieur et Dame de la Cochais en Lehon. Jean II susdit fut le fils de Jean 1er Dupré celui-ci, de sa charge notaire royal et sieur de Lancherais, prenant pour épouse Utaise Dastin ; Jean II Dupré de la Cochais fut le frère de Julienne Dupré dlle de la Villeménard celle-ci prenant pour époux Julien Blondeau sieur du Besri et de la Villeménard de son métier marchand de draps de soie aussi. Le hasard des mariages fera que Pierre Blondeau de la Villeménard, né en 1671, fils des précédents, lui aussi marchand de drap de soie, prenne pour épouse Marie Gigot ; Marie pendant quelques années sera en effet possesseur en indivis avec ses deux sœurs, Catherine et Janne Gigot, du noble logis de la Cour de Bretagne à la Magdeleine.
Jean 1er Dupré susdit semble avoir eu une sœur au travers d’Olive Dupré laquelle prendra pour époux Julien Vallée celui-ci uni en première noce à Thomasse Bezart ; du dit couple Olive Dupré/ Thomasse Bezart naitra Jean Vallée lequel, époux de Thomasse Mesnage, sera possesseur de l’hostellerie du Plat d’Etain en la rue du Petit-Fort. Ces deux derniers auront notamment pour enfant Janne Vallée ; celle-ci par son mariage avec Pierre Menard de la Landeboulou entrera en la possession à la Landeboulou du manoir de la Landeboulou) par la Place du Champ ou estants avoir trouve damoiselle Ollive Rabasté compagne dudit sieur de la Cochaye laquelle nous a dit que hier au soir, environ les neuf heures, il ariva en leur ditte demeurance un jeune homme quy a une balafre au visage, habillé de gris, monté sur un cheval blanc lequel se disoit mareshal des logis de la compagnye de cavallerye de Monsieur de Carnavalet ayant un billet dudit sieur sindic pour loger chez le dit sieur de la Cochaye et femme ou il a toujours resté jusques a presant, et leur dit avoit eu de Laurant Lebigot et Guillaume Chanevelle, aussi habittans de cette ville, la somme de sept livres

Troisième feuillé
et que le dit dit jour en venant en cette ville ils avoient brullé Jugon et que pour ny point demeurer on leur avoit baillé trante a quarante ecus, so…….positi… du nombre quil luy montra en argeant blanc et que sestoient ses petits profilts et a signé fin a refusé de signer attendu que son mary nest presant.                                                                                  
Avons ensuitte entré aux demeurances des dicts Guillaume Chanevelle et Laurans Lebigot et lesquels nous ont declaré, seavoir le dit Chanevelle, que hier au soir, anviron les huit a neusf heures, un jeune homme qui a une balafre au visage, habillé de gris, qui estoit monté sur un cheval blanc, alla en sa demeurance pour y loger tenant a la main un billet dudit sieur syndic, se disant mareshal des logis de la compagnye de cavallerye de Monsieur de Carnavallet, lequel demanda aus dits Lebigot et Chanevelle, a chacun dix livres autrement quil alloit tout a lheure leur envoyer chacun un soldat quy auroiait bien la raison d’eux, et que pour evitter a touttes ses menaces ils accomoderent a sept livres quils paierait par moityé. Et a le dit Lebigot dit le seavoir signer, et pour le dit Chavenelle a signé Y. Bruand.                                                                  
Et sur ce que ledit sieur sindic a eu admis de plusieurs habittans que Henry Lebigot et Abraham Bosquet avoient donné de largent a deux cavalliers quils estoient

Quatrième feuillé
obligés de loger hier au soir, sans en seavoir les causes, pour en aprendre la veritté, le requerant le dit sieur sindic, nous sommes dessendus en leurs demeurances par la dicte place du Champ ou estait le dict sieur sindic, leur ayant demandé la representation de chacun leur billet,, et dire ou sont les cavalliers qui doibvent estres logés cheix eux, ils ont les deux et les autres refusé de le faire et dit quils avoient accomodé avecq eux et leur avoir donné de largeant sans dire combien. Et ont refusé de signer et a ledit lebigot  dit quil croit qui alla pour loger chez luy allé chez le nommé dit Arsy.                                                                                          
Jan Petit, dit Arsy, marechal, demeurant pres la ditte place du Champ, a dit que hier au soir, environ huit a neusf heures, il ariva en sa demeurance un cavallier ayant un billet a la main auquel il a fourny sa noriture et a son cheval, et ne seavoir sy le dit soldat avoit demander a loger en autre lieu.                                                                                       
Anthoine Guerier, demeurant hoste a lhostellerye  ou pend pour enseigne la Ville de Paris, lequel nous a declaré navoir logé de soldats porteurs de billets, mais quil a logé six gentils hommes qu’il ne connoist lesquels arivant avecq la compagnye de Monsieur de Carnavallet et son parant, tous ensemble en sa demeurance hier au soir, lesquels gentils hommes avoient chacun un vallet. Et a signé, ainsi signé A.Guerier.

Cinquième feuillé
Claude Brart, tonnelier, dit que hier au soir, environ les huit heures, il vint un soldat avecq un cavallier avecq un billet pour loger chez lui, un aisné de Nouel(le) Desert et Jacques Briand ses voisins, et sur ce quils luy proposerait de loger en lhostellerye de Saint Jullien ou est demeurant la belle soeur dudit Brart, il refusa se retirant a Dinan et laissa son billet disant quil voullait avoir la somme de six livres et le matin de ce jour, le même soldat, est retourné accompagné de dix a douze autres soldats qui les ont obligés par leur menasses daccomoder a cinquante sols quils ont payé. Et a dit seavoir signé.                                                                           
Raoul Lescoublet, serurier, a dit que hier au soir, environ les neusf heures, il alla en sa demeurance, aux vieux marché, un cavallier balafré au visage monté sur un cheval blanc lequel luy montra un billet de logement et, ne voullant dessendre, mais lobligea par ses menasses et jurements, de luy donné un ecu et un pot de cidre. Et a dit ne seavoir signé.                    
Jullien Chartier, sieur du Meseray (Ce bourgeois possesseur sur le quai de Dinan écrivit un journal tenu chaque jour lequel, aujourd’hui, reste le seul journal  de Dinan écrit au 17ème siècle et tenu par un riche notable dinannais. Malheureusement dans son ouvrage Jullien Chertier n’écrivit que des banalités sans réelles importances, banalités reprenant, par exemple, soit les baptêmes soit le temps du moment comme le propos suivant qu’il tint en 1660 : « je vous donne avis que l’année 1660, quoique l’hiver précédent fut grand et rude, ladite année 1660 n’a fait aucun froid, ni jour ni nuit, ni, rude, ni gelée, ni neige, ni mauvais temps, rien que beau et belle saison, les arbres fleuris en février et avancés comme mois de mai. 14 novembre 1660. Anne et Simone Chertier, filles de… ».  l’un de ses commentaires toutefois sera consacré à l’apparition de la taxe des papiers et parchemins timbrés dont il annonce la date exacte, laquelle apparition se fit, d’après son écrit, le 15/09/1673. Son journal sera édité en 1897 sous le titre suivant: Journal d’un bourgeois de Dinan. 1637-1690) a dit que il ariva en sa maison hier au soir, environ 

Sixième feuillé
neusf heuresun soldat cavallier lequel lobligea par ses jurements et menasses de luy paier la somme de six livres, et sur ce que le dit Chartier faisoit quelque difficulté daccomoder, voullant le loger et lui fournir lettape suivant les ordres du Roy, le dit cavallier tira lepér sur luy et sur une sienne fille preste dacouchez  et fist cy fort de luy en frayeur ce que pour evitter il a paieroit la ditte somme de six livres. Et a signé. Ainsy signé Jullien Chertier.                          
Janne Collet, famme de Nouel Eon, sieur des Vaux (Ou Emmanuel Eon époux de Jeanne Collet fille d’Armaury Collet et de Jeanne Aubry sieur et dame de la Porte), a dit que hier au soir, environ neusf heures, il ariva un cavallier en leur demeurance saisy d’un billet pour y loger et voiant que le recevoit avec beaucoup de civilitté, il se mist a jurer le Saint Nom de Dieu et dist que seu n’estoit pas ce quil demendoit mais quil vouloir la somme de neuf livres et apres beaucoup de menasses et emportements il les obligea de luy paier la somme de quattre livres. Et a dit ne seavoir signé.                                              
Noble homme Jan Lambert, sieur du Pré, au tien sindic de la dicte ville et communauté de Dinan (Maistre Jan Lambert. Né en 1637 et possédant notamment deux chambres en la rue du Four par les droits héréditaires de Laurence Lechappelier sa première femme, possédant également un pré nommé « le pré d’Angoulvent », terre assise proche de la tour Saint-Julien, mais aussi tout proche une autre terre nommée  » le jardin de la Vieille boucherie », Jan Lambert fut Syndic ou Maire de Dinan de 1679 à 1683 l’entre ces deux dates nous assoyant la date de la réalisation de cette enqueste. Jan prendra pour seconde épouse avant 1677 Simone Lambert ; il eu notamment pour frère Nicolas Lambert époux de Janne Guerin, sieur et Dame des Champsguérard en Lanvallay, tous deux possesseurs du petit vide bouteille toujours assis aujourd’hui sur le talard à l’angle de l’actuelle rue Jean Perquis. En l’année 1677, Jan a alors 40 ans, le Terrier de Dinan, celui-ci décrivant son dit bien de Dinan tenu en indivis avec sa propre sœur, dira de lui qu’il résidait avec sa dite sœur en une maison leur appartenant en indivis rue de la Lainerie. Nicolas susdit de fait tenait avant son frère Jan les dits terre et jardin puisqu’il avait reçu ces dernières suite au partage héréditaire de feu leurs père et mère Julien Lambert et Guillemette Leroy sieur et Dame de la Salle-Verte en Dinan; Jan de fait entrera en la possession de celles-ci par un acquêt établit entre ces deux frères. Ces derniers, via leur père, étaient les petits fils d’Olivier Lambert et de Jeanne Roumain sieur et Dame de la Blancheporte et probablement les arrières petits-fils de Regnault Lambert sieur de la Salle-Verte ; ce dernier sera l’un des quatre trésoriers de Saint-Sauveur de Dinan qui feront assoir les quatre piliers du chœur), nous a declaré questant hier au soir en sa demeurance, sur les huit heures, y ariva a la porte dicelle un cavallier de la compagnye de monsieur de carnavalet, lequel luy dist avoir un

Septième feuillé
billet pour loger chez luy, mis pied a terre et entra avecq luy dans sa salle basse ou il luy marqua quil avoit bien de la joye de le loger et …..temps fist tirer une bouteille de vin de laquelle le dit cavallier ayant beu dix coups, il dist au dit Lambert, quil voullait couché dans son lit et mettre son cheval dans sa salle sil ne voulloit luy bailler quattre ecus pour aller ailleur et vouloir luy forcer de les luy donner, ayant lors le pistollet à la main et luy ayant dit quil estoit desfandu par le Roy dexiger des habittans de la région, le dict cavallier, jurant le saint Nom de Dieu, sortit sur la rue et voullant de force et viollance faire entrer son cheval dans la maison et le dit lambert luy ayant voullu oposer, nayant descurye, et faire offre de le loger dans lescurye de Pierre Janin, son proche voisin, le dit cavallier prist un des ses pistolets et voullant tirer sur le dit Lambert le rata et acquy le dit Lambert de rentrer dans sa maison et, voullant fermer le bas de la porte, le dit cavallier ayant mis la main a son sabre, croyant couper le bras du dit lambert quil avoit sur la ditte porte penetrant comme yl nous a fait voir dans le bois denviron demy pouce et, ensuitte, auroit enttré dans la premiere salle de la ditte maison avecq son cheval tenant son sabre a la main et ferma la porte de devant

Huitième feuillé
avec les verouils ce quy obligea le dit Lambert et sa servante de senfuir dans la cuisine et de fermer la porte qui la sépare de la ditte salle quil fist cy fort denfoncer, ce que ne pouvant faire il voullut tirer son mousqueton dans la ditte porte et, a linstant, aux cris de fores (d’efforts) du dit Lambert et des voisins interviennerent monsieur le Procureur du Roy, le dit sieur de Lesichere, sindic, et autres habittans qui oposerent le dit cavallier de continuer ses viollances et le dit cavallier, voullant sortir par force, il fut aresté et mis prisonnier et ses armes portées avec son manteau chez monsieur de Lechapt (A savoir Alexis-François Guiton né vers 1620 et époux de Servanne Frotet tous deux sieur et Dame de Lechapt en Lehon; il sera lieutenant du roi des chateaux de Léhon et de Dinan), lieutenant du Roy au gouvernement de cette ville et son cheval, logé par ordre du dit Lambert en une hostellerye auquel cavallier le dit Lambert a envoyé sa noriture jusques aux neusf heures du matin  de ce jour, quil a esté pris aus dites prisons par les dits sieurs de Carnavalet et de Lechapt, qui ont envoyé querir par le maréshal des logis de la compagnye le cheval du dit cavallier quy luy a esté dellivré  et par après, le dit mareshal des logis  est venu chez le dit Lambert escorté de huit cavalliers luy faire des menasses avecq emportements de le maltraitter ce qu’ils aissaoit fait sans quil est arivé plusieurs voisins. Ainsy signé Lambert.                                                       
Robert Pommeret a dit que le jour d’hier, estant sur la routte de Saint-Malo, il vint un cavallier en sa demeurance

Neuvième feuillé
ou il ny avoit que sa femme, lequel cavallier lui fist plusieurs menasses et viollances avecq jurements pour lobliger de lui donner de largeant, ayant fait entrer son cheval dans lembas de sa demeurance pour latacher  au poste de courliet et dans le moment, le dit Pommeret estant arrivé, le dit cavallier lobligea de luy donner la somme de quattre livres et trois pintes de cidre pour evitter a ses menasses et se retira. Ainsi signe Pommeret.
Noble homme Macé Gigot sieur de la Bouexière (Macé Gigot époux de Jacquette Mesnage fille de Macé Mesnage et de Jacquette Chrevrel ces deux derniers possesseurs de la Salle en la rue du Four au pont à Dinan. Macé Gigot était le frère d’Alain celui-ci héritier par droit d’aînesse du noble logis de la Cour de Bretagne assis en le bas de la rue de l’Abbaye à la Magdeleine. La terre de la Bouexière semble devoir être l’actuelle ancienne métairie « la Boixière » assise sur le plateau de Lanvallay à l’entrée du Vieux Bourg. Cette métairie sera au XIX siècle un relais des Postes ) habittan demeurant au Pont à Dinan lequel nous a dit que hier au soir environ les neusf heures, il vint en sa demeurance un cavallier ayant un billet a la main pour loger lequel, ayant recut et fait mettre son cheval a lescurye, il luy fist servir a souper ou y il but trois pots de cidre et une pinte de vin ensuitte, ayant fait donner du foing et de l’avoine a son cheval, le dit cavallier malttraita le particulier qui pensoit son cheval avecq jurements et menasses de maltraitter le dit sieur de la Bouexière qui luy fist preparer un lit mais au lieu de se coucher il a passé toutte la nuit levé dans la chambre faisant grand bruit avecq jurements et menasses de mettre le feu dans la maison en sorte que le dit sieur de la Bouexière fut obligé dapeller des voisins qui ont avecq luy veillé…

Dixième et dernier feuillé                                                                          
Damoiselle Françoise de la Fosse, compagne de Jacques Vallée sieur de Lancheraie (Le noble homme Jacques Vallée prendra pour épouse le 05/12/1680 la dite Françoise de la Fosse, ou Delafosse, laquelle, nommée à Saint-Malo le 26/12/1656, était la fille de Nicolas de la Fosse et d’Anne Cahoret ; Nicolas de la Fosse, frère de Françoise susdite, sieur de la Mancellière, décédera en mer en 1696. L’union de la Fosse/Vallée nous affine d’avantage la date de la rédaction de cet acte judiciaire nous l’amenant entre ce dit mariage et la fin de la mandature de Syndic du susdit Jan Lambert sieur du Pré), déclare questant seulle en sa demeurance, le sieur de Lancheraie son mary estant absan, hier au soir environ les huit a neusf heures il arriva en sa demeurance un jeune homme, portant Gaussairs et livrée, quelle  a entendu dire estre un des gens du sieur de Carnavalet qui se disoit trompette de la compagnye du sieur de Carnavalet, tenant un billet a la main demanda de loger chez elle ou quelle lui aist baillé de largeant  il se retiroit après de son capitaine avecq lequel il avoit dordinaire deloges et que ce quon luy donnoit estoint ses petits profilts, alors nayant son mary avecq elle, elle luy paia quattre livres cinq sols aquoy ils commercerait ensembles daultant quil faut assoit de luy manger, plus une pistolle sy il restoit chez elle, et le fist conduire chez la damoiselle de Laprechaie ou est logé le dit sieur de Carnavalet et a signé. Ainsy signe Françoise de la Fosse.                                                    
Guillaume Morin maistre cordonnier a dit que hier au soir environ neusf heures il arriva en sa demeurance un cavallier de la compagnye de monsieur de Carnavallet qui avoit un billet du dit sieur sindic lequel cavallier ayant demandé au dict Morin de largeant pour ne point loger chez lui sans voulloir mettre pied a terre ils commercerait ensemble a quattre livres dix sols quil luy paia…


JPFM