Elle s’appelait Elise…

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Elise ci-dessus et portant couronne est assise à mes côtés.

Elle s’appelait Elise…

Elise Moizan.

Elise, lorsque je suis arrivé en 1994 à la Madeleine faisant ainsi un retour sur mes propres racines, m’en retournant habiter en la propre maison de mes grand-parents était là, assise en ma nouvelle rue, et cela depuis déjà de très longues dates.

Déjà vieille femme originaire de Saint-Solen elle fut l’une des toutes premières personnes à me recevoir, à me parler, à me faire confiance, à me faire travailler moi qui venait de Paris avec mon frère jumeau.
Ainsi dans sa vieille petite maison ne comprenant que deux pièces, ne comprenant qu’un grand « séjour-cuisine » + une petite chambre-salle de bain », j’ai tout vu de son intérieur, de son intimité, de sa gentillesse, j’ai tout vu de sa vie passée, de ses rêves passés et de son amour pour feu son mari qui encore brulait sur un meuble et qui jamais par elle ne fut éteint.
Elise avait pour principal chauffage son cœur vieillit, un cœur vieillit mais toujours immensément plein et une vieille cuisinière à charbon lequel charbon était stocké dans une grande et haute cave, une cave presque sans fin ; elle qui tout au long des XVIII et XIX siècles avait tant servie d’écurie, d’écurie et d’immense entrepôt de stockage pour les denrées arrivant alors au port de Dinan par la rivière, pour Elise ne servait plus qu’à stoker en effet qu’un vide immense accompagné d’un grand tas charbon toujours régulièrement arrondit.
Entre les boulets noirs et les fileuses de toiles était aussi sa machine à laver. Dieu que le plafond en ce lieu était haut !
Je me souviens encore de tout chez Elise (Jean Godefroy et Eugénie Bethuel, son père et sa mère, respectivement « 1857-1939 » et « 1879-1952 » reposent tous deux au côté d’Elise en le cimetière de Saint-Solen en effet. Elise née en 1915, et décédée en 2003, s’y fera inhumée au côté de son époux Jacques Moisan né en 1912 et décédé sur le front à la guerre en 1941. Repose aussi à leurs côté à tous quatre sous la même pierre son fils décédé en 2013).

Son mari était parti à la guerre alors tout jeune marié, tout jeune papa ; mais jamais il ne revint voir Elise ayant rencontré sur le front si meurtrier sa toute dernière heure en 1941.
Jamais Elise ne l’oublia, jamais Elise ne l’oubliera, jamais Elise ne se remaria ; j’entends encore en ma tête résonner tout l’amour que toujours alors elle lui portait.
J’ai pu ainsi entre deux volets repeints, entre deux lès de papier peint posés, entre deux carreaux de carrelages posés, entre des pots de fleurs déplacés, entre deux courses réalisées, avoir avec elle quelques moments de complicités, de confiances, et de confidences échangées tout cela se faisant toujours autour d’un café chaud versé qui souvent sommeillait sur la fonte de sa cuisinière.

Lors du décès de madame Robert, lors du décès de sa très proche voisine située juste de l’autre côté de son couloir, juste en face de sa porte d’entrée, pour avoir toute sa tranquillité elle acheta sa paix, elle acheta la petite maison de celle-ci, maison continue à la sienne, petit logis en laquelle jamais elle ne fit nuls travaux; celle-ci pleine de pots de fleurs jamais par elle ne fut occupée il est vrai que cela soit pour y loger, pour y dormir, ou bien pour y vivre tout simplement. Elise voulais tout simplement être tranquille et à ce titre elle acheta tout simplement sa tranquillité…L’ai-je dans sa propre tranquillité trop souvent dérangé ?

Malgré son âge avancé tous les jeudis elle montait à pied la rude côte pavée du Jerzual afin de faire elle même ses courses en ce marché que tant elle aimait ; et un certain jeudi fut le dernier, fut le tout dernier pour Elise mais ainsi va aussi la vie il est vrai.
Le couronnement d’Elise Moizan fut fait lors de l’un de ses tous derniers anniversaire, le 86 nième, en 2003, anniversaire programmé à son insu et que nous avions voulu fêter très dignement l’accompagnant de tous ses amis du port ; cela se fera lors d’une grande galette des rois et je me souviens encore de tous ses sourires d’alors et ses yeux d’outre-tombe, si cela se trouve, en scintillent encore !

Elle habitait le 20 rue la rue de la Madeleine possesseur qu’elle était aussi du 22 tous deux biens hier au XVIII siècle du sieur Christophe Leroux des Aulnay régisseur du marquisat de Coëtquen. Au décès d’Elise l’ensemble de son bien en cette rue assis, assis au plus près du puits Tourandel, fut racheté et entièrement transformé. Transformé en un seul et très bel appartement au lendemain de cette réfection faite tout en profondeur la vie pu reprendre possession aussi de la petite maison qu’hier Elise, avec tant de passion, avait si volontairement délaissé. Je me souviens encore de tout, de tout et surtout d’Elise.

Ce petit texte est dédié à Elise Moizan, est dédié à Elise, à Elise tout simplement.

La barre d’habitation ayant été en la seconde moitié du XVIII siècle le bien du dit Christophe Le Roux sieur des Aulnay.
Elise en celle-ci possédera les deux logements ici avec les fenêtres claires, les actuels numéros 20 et 22 ; à gauche est assise la fontaine Tourandel le puits originel étant lui au dos d’icelle, en contre-bas.