Le château de Dinan

3ème tableau.
Guillaume duc combat contre Dinan

Quatrième tableau.
Le siège de la motte castrale de Léhon Olivier remettant sa clef.

MILITES WILLELM DUCIS PUGNANT CONTRA DINANTES… 
Détail de l’un des tableaux de la Tapisserie de Bayeux montrant la prise de la motte castrale de Léhon relevant de la seigneurie de Dinan, tapisserie réalisée quelques années après la bataille d’Hasting. Hormis cette tapisserie, aucun acte écrit, contemporain à cet épisode de l’Histoire, quel qu’il soit, relève ou mentionne la prise militaire de cette motte féodale tous les écrits traitant le susdit épisode s’étant tous inspirés de cette même tapisserie.
Un certain courant de pensée, aujourd’hui, laisserait sous entendre que cet épisode de la vie de Guillaume de Normandie pourrait être une extrapolation des mains l’ayant conçues ; aussi cette tapisserie est peu être une extrapolation faite à la demande de son commanditaire, Odon de Bayeux.
Pour certains auteurs cette tapisserie aurait été réalisée proche de l’abbaye de Winchester, dans le Kent, vers 1080. 
Pour d’autres penseurs elle aurait été réalisée en l’abbaye de Saint-Florent le Vieil, dit aussi Saint Florent de Saumur, abbaye de laquelle relèvera très peu de temps après, édifié qu’il sera entre les deux dates butoirs de 1070 et 1118,  notre  futur prieuré du pont à Dinan. 
Note : Lors de la réalisation de la tapisserie de Bayeux il faut savoir que le maître abbé de Saint-Florent de Saumur était alors Willelme de Dol, le propre frère de Jean seigneur de Dol tous deux fils de Riwallon Chèvre-Chenu et neveu de Josselin de Dinan.
Il est toujours aussi vrai que la tapisserie de Bayeux contient 4 épisodes propres à l’histoire de notre duché de Bretagne, à savoir les quatre tableaux ici présents le quatrième représentant aussi à sa droite Olivier de Dinan remettant à Guillaume la clé de sa forteresse ; Riwallon de Dol-Combourg participera lui au tableau n°3.
Premier et deuxième tableaux.
Le Mont-St-Michel et la fuite de Dol pour Redon
 
Ci-dessus deux des épisodes que j’ai personnellement accolé de la tapisserie.

Guillaume de Normandie proche du Mont-Saint-Michel traversa la rivière du Couesnon (Cosnonis) et ses hommes s’enlisèrent en les sables mouvants. Ils ne durent leurs vies sauves tirés de la mort que parce que le duc Harold les retira  tous du sable. Puis Guillaume et ses hommes allèrent à Dol forçant le duc Conan II de Bretagne à prendre la fuite pour trouver refuge en les murs fortifiés de Rennes…

Le Château de Dinan en 1807.
Dessin de François-Agathon du Petit-Bois tirée du livre « La Fontaine des Eaux minérales de Dinan, livre réalisé en 2012 par Charles Montécot, écrivain photographe.
Remarquez la présence sur la gauche des anciens fossés secs alors présents ainsi que la présence d’un corps de logis originel au devant du château, corps de logis déjà absent en 1840 lequel enfermait hier une « cour basse » servant de lieu de réception [à la gauche de cette cour basse intérieure se positionne, ici en fond plus blanc, l’ancien petit pont levis ce dernier servant uniquement pour le passage des hommes se présentant au château].
Ces dessins, réalisés au 19ème siècle, peuvent nous interpeller dans le fait qu’ils nous montrent tous deux, et cela très clairement, la présence d’un fossé sec encore étroit et profond sous les murs même du Donjon, interpellation dû au fait que ce fossé fut nivelé et planté pour la première fois au 18ème siècle, en 1745, sous la mandature du Charles Duclos-Pinot.
Ce travail sera réalisé afin de permettre la création d’une nouvelle promenade autour des remparts de Dinan (au tout début du 18 siècle, lors de la venue à Dinan en 1701 de l’architecte militaire Garengeau, le fossé sec était toujours présent au pied du château. Celui-ci allait alors au delà de la porte du Guischet puisque le dit Garengeau le présenta comme s’étirant jusqu’au socle même de la Tour de Coëtquen).
Le château fut probablement tout au long de sa vie déjà passée l’objet de plusieurs temps fort de travaux et cela quels qu’ils aient été. Toujours est-il que les dits travaux mentionnés ci-dessus, ceux-là mêmes qui furent réalisés au mois de Juin 1595, furent la cause d’un litige lequel opposa et la Fabrique de Saint-Sauveur de Dinan  et le représentant de l’autorité ducale alors en fonction en cette ville. En effet la démolition des différentes maisons ordonnée par le duc de Mercoeur supprimait de ce fait à cette Fabrique, laquelle percevait sur ces mêmes maisons des rentes seigneuriales la Fabrique de la paroisse de St-Sauveur de Dinan étant propriétaire de ces mêmes biens bâtis, des revenus annuels réguliers.
L’église de St-Sauveur n’étant toujours pas terminée en 1595 le duc permit de verser en compensation, pour la continuité de son édification, une rente de 40 sous d’indemnité. Cette rente, 30 ans après, en 1624, était toujours revendiquée par la même Fabrique. Ce procès peut être intéressant d’être su dans la mesure où il nous indique clairement l’étendue foncier de cette même Fabrique laquelle était donc propriétaire de biens juxtaposant le dit château de Dinan le fief de la « Trinité Saint-Sauveur » étant la juridiction même de la Fabrique de Saint-Sauveur de Dinan, juridiction dont la dota Charles de Blois, vers 1344  …pour estre la dite fabrique réparée des torts et préjudices de la perdition de rentes au nombre de plusieurs qui étaient deues sur les maisons, cours et jardrins sus lez le chasteau et la porte du Guischet a Dinan, lesquels terrains ont esté prins pour les fortifications du chasteau et pourpris par les capitaines et gens de guerre du duc de Mercoeur. Lesdites maisons, jardrins et coulombier a pigeons volants sous la juridiction de la Trinité et a debvoir de rente et d’obeissance…
Ci-dessus la Porte du Guischet et ses deux appareillages de pierre distincts, la partie supérieure ou en surélévation de la porte ayant une pierre identique à celle utilisée pour le donjon.
La porte originelle étant probablement du 13ème siècle, le pont levis n’apparaitra que plus tard la porte du Guichet ayant eu dès son édification, pour élément principal de sa défense, qu’une herse intégrée dans l’épaisseur même de la porte, herse coulissante entre les deux arcs en ogive ici visibles ; le nom de Guichet doit probablement trouver son origine dans le terme Guichet lequel servait à désigner une petite porte laquelle était insérée dans une plus grande porte, l’ensemble faisant ainsi un tout.                                                                                                                                              
Cette porte semble avoir de tout temps « ouvert ou fermer » la voie principale desservant la ville seigneuriale de Dinan, cela depuis la ville Rennes, desservant aussi en cela l’un des grands marchés de Dinan ; en effet au moyen-âge, cela au travers de ses seigneurs, une partie de la ville de Dinan était aussi possesseur de Léhon et de son château; cela était vrai en l’année 1168, année en laquelle Henry II roi d’Angleterre fera mettre à bas le premier château-fort de Lehon alors bien de Rolland de Dinan seigneur de Léhon et de Becherel.
Il est vrai qu’au XII siècle l’un des grands marchés ou foires de Dinan pour sa draperie avait peut-être régulièrement lieu au plus près de la place fort de Léhon [En 1286, lors d’une donation faite à l’abbaye de Saint-Albin par Gervaise Dame de Dinan et de Lehon, il sera indirectement précisé que les foires avaient lieu à Dinan. Cette donation correspondait alors à une valeur financière offerte à la dite abbaye et applicable et sur les draps vendus lors de ces foires mais aussi aux taxes imposées aux usuriers prêteurs d’argent. Lire la charte ci-dessous].
Mis à mal après l’ingérence de 1168 et la destruction du castel ce même marché, plus d’1 siècle, cela à défaut d’avoir disparu,  semble devoir « intégrer » dès l’année 1286 les murs même de Dinan même si le château actuel de Lehon fut peu de temps après 1168 reconstruit sur le mandement de Roland de Dinan lui même ; Roland, la paix retrouvée, en effet, était lui devenu le nouveau sénéchal de Bretagne pour le même roi Henry II d’Angleterre.
Y eut-il au XII siècle au pont de Dinan aussi un marché  puisque la navigation fluviale elle aussi pouvait desservir un tel marché ici établi ? 
Universis Christi fidelibus a quos litterae istae pervenerit, Gervasia Domina Dinanni salutem in Domino. Noveritis quod ego in viduitate mea post mortem bonae memoriae Richardi Marescalli quondam mariti mei, pro salute animae mea et pro salute parentum et haeredum meorum dedi, et confirmavi in puram et perpetuam eleemosinam Abbatiae Sancti Albini Cisterciensis Ordinis, Briocensis Diocesis, ad victum et vestitum unius monachi, qui in honore beate MarieVirginis, in eadem Abbatia celebrabit , pro mea et pro mei haeredibus, duodecim libras annui redditus et eas assignavi omni anno recipiendas in Draperia de Dinanni de primis redditibus meis, libere, pacifice et quiete. Et nisi duodecim illae librae infra nundinas Dinanni solverentur, marcham argenti pro poena cum duodecim illis libris praepositi mei reddant dictae abbatiae sine contradictione.  Et ut donatio ista rata et inconcussa in futurum permaneat, litteras istas sigillo meo sigilli, et ad majorem confirmationem dominus Gaufridus Macloviensis episcopus ad petitionem meam his litteris suum sigillum apposuit in testimonium et munimen . Actum anno gratiae 1236 die martie proxima post festum beati Thomas Apostoli

Traduction :  Pour tous les fidèles du Christ à qui cette présente lettre parviendra, Gervaise seigneur de Dinan salut en le Seigneur. Sachez que moi dans mon veuvage, après ma mort et pour la bonne mémoire de Richard Marechal autrefois mon mari, pour le salut de mon âme et pour le salut de mes parents et mes héritiers donne, et confirme en pure et éternelle aumosnes à l’abbaye de Saint-Albin de l’Ordre des Cisterciens, diocèse de Saint-Brieuc, les moyens d’existence et de vêtement pour un moine qui honorera la bienheureuse Vierge-Marie en la même abbaye pour moi et pour mes héritiers, et leur affecter chaque année la réception de 12 livres de loyer annuel en les draps de Dinan sur mes premiers revenus, libres, pacifiques et tranquilles. Et en plus douze livres acquittées dans les foires de Dinan par les marchands d’argent pour la punition, ces douze livres que mes superviseurs rendront à la dite abbaye sans opposition. Et que cette charte soit ratifiée et incontestablement poursuivie dans l’avenir, cette lettre scellée de mon sceau, et pour une plus grande confirmation Geoffroy évesque de Saint-Malo à ma demande sur cette lettre a apposé son propre sceau en témoignage et protection etc. Acté donné en l’année de Grâce 1236 en mars après la fête de Saint-Thomas l’apôtre.

Le château de Dinan et la porte dite du Guichet murée.

Dessin  de Peter Hawke.
Peintre anglais né en 1801. Peu de temps après la Révolution française de 1830 il vint à Dinan ville en laquelle il fera quelques travaux, notamment des travaux préparatifs pour la réalisation de certains vitraux de l’église Saint-Malo de Dinan. Ayant émigré aux Etats-Unis d’Amérique, puis en Espagne, il décédera à Tunis en 1887 à l’âge de 86 ans.



Richard le Marechal seigneur de Longueville, puis de Dinan prendra pour épouse Gervaise de Dinan. Richal le Marechal et Gervaise feront tous deux une nouvelle donation mais à l’abbaye de Savigny cette fois ; Il s’agit peut-être ici de ses deux premiers veuvages Richard ayant été son troisième mari.
Richard semble devoir mourir en Irlande en l’année 1234 ; Il sera l’époux de Gervaise dès l’année 1224 puisque en cette même année 1224 il fera à l’abbaye de Beaulieu une donation en tant que « seigneur de Dinan ».
Richard était l’un des cinq fils de Guillaume comte de Pembroc en son vivant « grand maréchal » d’Angleterre; de son vivant Richard sera lui aussi seigneur de Longueville, comte de Pembroc et maréchal d’Angleterre.

Gervaise de Dinan après ses veuvages successives, elle avait en effet successivement épousé et Juhel baron de Mayenne et Geoffroy vicomte de Rohan, épousera en troisième noce il est vrai Richard le Marechal seigneur de Longueville en Normandie.
Guillaume de Pembroc, père de ce celui-ci, lequel de son vivant sera considéré comme étant le meilleur cavalier du monde, sera choisi pour être le tuteur de Henry d’Angleterre dit le Jeune pendant sa minorité celui-ci étant l’un des fils légitime d’Henry II ; Guillaume épousera Isabelle de Clare fille de Richard comte de Pembroke ou de Pembroc  et de Buckingham.
Agé de 68 ans William le Marechal sera au côté de William III de Lanvallei lorsque sera signée la Magna Carta en l’année 1215; il meurt quatre ans après, en 1219 ayant été aussi régent d’Angleterre en 1217.
Le « gisant » de William de Pembroke est toujours aujourd’hui visible en l’église du temple à Londres.

1770.
Le chastel de Dinan dont les défenses sont tournées vers la ville

Plan de dessus du château de Dinan en 1770. Le donjon fortifié de Dinan fut réalisé au lendemain du conflit ayant opposé et Olivier V de Clisson, ce dernier étant breton et ancien lieutenant de Charles V roi de France, et le duché de Bretagne Ollivier s’étant emparé de la ville de Dinan y emmenant moultes fortes luttes et désolations.
 Jean de Montfort, réfugié en Angleterre et époux de Jeanne de Hollande, arrière petite-fille d’Edouard 1er roi d’Angleterre, est rappelé par les bretons quant Olivier de Clisson parmi d’autres, accédant à la demande du roi de France, œuvra pour réunir la Bretagne au royaume de France ce conflit ayant positionné Olivier de Clisson peu de temps après, dans la tête des bretons, du seul côté de la traitrise.
Vainqueur d’Olivier de Clisson, ce dernier étant obligé de quitter la Bretagne, Jean de Montfort est présent à Dinan dès le 06/08/1379 ville en laquelle il tint alors un conseil au cours duquel il déclara son dessein de faire la guerre au roi de France;  quelques jours après il franchit triomphalement les murs fortifiés de Rennes entrant ainsi dans cette ville le 20/08/1379 
 Le 05/03/1380, quelques mois seulement après son entrée triomphante dans Rennes, Jean de Montfort est de nouveau devant les murs de Dinan et, revisitant cette ville, il décide en autre de l’édification d’un chastel  ainsi que de la reconstruction ou re-fortification des remparts de la ville, remparts alors déjà existants ; il semble en effet, à la lecture d’une charte relative à l’édification de ce même château, que ce dernier fut édifié à l’emplacement même d’une récente demeure déjà en la possession de la maison ducale de Bretagne. 

Le texte toutefois reste très vague quant à cette première demeure; tout réside dans la tournure d’une phrase écrite. Quant est-il alors exactement ?
Pour permettre cette réalisation certaines propriétés furent aussitôt confisquées, déposées ou détruites, et certains maistres de corps d’état appelés aussitôt pour commencer à œuvrer.                                                                                                    
 Le château de Dinan fut construit à l’extérieur des remparts et positionné au plus près du grand chemin principal reliant la ville de Dinan à la ville de Rennes et son emplacement fut peut-être décidé en fonction de l’importance stratégique que représentait alors cette même voie de communication, vieille et ancestrale. Il ne fait pas de doute en effet aujourd’hui que les premières heures et la fonction du débouché de ce grand chemin pénétrant en la ville de Dinan, après avoir franchit ses remparts, aient été antérieures à l’édification même de ce château. 

La voie principale et actuelle permettant aujourd’hui de traverser Dinan et d’en sortir, en son Orient, se dirigeant vers Rennes, n’existait alors pas dans sa présente totalité puisque cette percée de Dinan, en amont de l’actuelle porte de Saint-Louis,  ne sera réalisée que dans la seconde moitié du 18ème siècle, en août 1781, lorsque sera décidée la réalisation d’un nouveau grand chemin devant relier et le port de Dinan et le château; ce nouveau chemin sera nommé le « Grand Chemin des Vaux » .
En regardant ce vieux plan des fortifications nous pouvons nous faire une idée sur la physionomie de cette place d’armes, de ce château ; c’était un long rectangle difforme dont la surface s’étendait du donjon, parallèlement au fossé, jusqu’à une faible distance de l’actuelle Porte Saint-Louis.
La porte du Guichet en occupait presque le milieu; celle-ci était défendue par deux petites tourelles d’un oval irrégulier comme celui du donjon lui-même. Le tout était relié par une maçonnerie épaisse appuyée sur le terre-plein formant terrasse en dessous duquel était percées une route, passage sombre et étroit : venait ensuite le pont-levis, débouchant dans une cour; ce pont conduisait aux diverses parties du château et en facilitait et l’entrée et le service. Plus élevé que toutes les constructions environnantes, entouré de fossés et d’un terrain d’un abord fort difficile, le donjon contenait la chapelle.

Olivier 1er de Clisson, né vers 1205 et mort en l’année 1265, sera en lutte contre Jean 1er duc de Bretagne, fils de Pierre Mauclerc ; Olivier 1er aura pour enfant Olivier II lequel aura lui aussi, pour 1er souverain, Jean 1er de Bretagne dit le Roux.
Jean 1er  entrera en conflit important avec l’évêché de Nantes provoquant ainsi une très forte réprobation de l’ensemble des évêchés bretons ces derniers l’excommuniant et l’obligeant ainsi, en 1256, 3 ans après cette sentence religieuse, de se rendre à Rome afin de lever cette même excommunication.
Le pardon lui sera donné le réintégrant ainsi dans la Communion de l’Eglise avec, toutefois, des lois et des obligations à faire appliquer et à faire respecter en son duché ; ne respectant pas ses obligations imposées, Jean le Roux se brouillera de nouveau et avec l’évêché de Nantes et avec certains grands de son duché aussi lesquels vont se dresser contre leur souverain.
Dinan au cours de ce conflit sera la proie des flammes et la Chronique rapportera simplement que cette ville fut brulée.
Le fut t’elle dans sa totalité ?
Charles V décédant le 16/09/1380; son fils Charles VI sera couronné roi de France  à l’âge de 12 ans ; deux mois à peine après son couronnement, Bertrand du Guesclin ayant trouvé la mort, Charles VI sacre Olivier de Clisson nouveau « connétable de France ».
Jean IV de Bretagne, né en 1339, eu pour parents Jean III de Montfort et Jeanne de Flandre ; à la mort de son père survenue en 1345 il hérite de l’Honneur de Richemont et du comté de Montfort ainsi que de la couronne ducale de Bretagne cette dernière lui étant disputée par Charles de Blois. Cette guerre civile va durer de nombreuses années pour prendre fin à la bataille d’Auray au cours de laquelle Charles de Blois trouvera la mort, le 29/09/1364. Quelques mois après, en 1365, Jean signe un traité de paix à Guerande avec Jeanne de Penthièvre, Jeanne étant la veuve du feu Charles de Blois.
Ce traité donnera pleinement la couronne ducale à Jean IV ; durant le déroulement de cette guerre civile Jean de Montfort ira à plusieurs reprises trouver refuge en Angleterre prenant même pour 1ere épouse, en 1355,  Marie d’Angleterre, fille du roi Edouard III et propre sœur du Prince Noir lequel sévit déjà en France puisque la guerre dite de 100 ans, guerre longue ayant opposée et le royaume de France et le royaume d’Angleterre, est déjà commencée depuis 1337. Cette première épouse décédant en 1362 Jean épousera en seconde noce Jeanne de Hollande, fille de la comtesse de Kent et belle-fille du même prince Noir hier son beau-frère par sa première épouse Marie.
Quand Jean est reconnu seul duc de Bretagne, en 1365, Jeanne de Hollande, née de mère anglaise, par ce fait devient duchesse consort de Bretagne à part entière ; nous voyons très bien ici les liens tissés entre ces deux royaumes, l’un duché et l’autre royal. 
Le Royaume de France et  le royaume d’Edouard III d’Angleterre, ce dernier étant l’ancien beau-père de Jean de Monfort, sont alors tous deux déjà entrés en guerre ; les liens de protections ayant unis hier Jean à l’Angleterre vont perdurer et Jean ira jusqu’à confier certaines places fortes à des capitaines anglais comme le sera, par exemple, la ville de Brest soulevant ainsi un certain mécontentement parmi ses grands vassaux mais aussi à la propre cour de roi de France. Attaqué par Charles V, ce dernier lui reprochant d’avoir des liens trop tissés avec la couronne d’Angleterre, et sans être défendu par son propre duché, Jean s’en retourne outre-Manche afin de fuir les coups portés par le roi de France.
En 1379, aidé par certains grands capitaines Bretons dont notamment le Connétable du Guesclin, le vicomte de Rohan, Olivier de Clisson et le sire de Laval, Charles V tentera en l’absence de Jean de confisquer le duché de Bretagne afin de pouvoir l’annexer à sa couronne. Révoltés par ce dessein d’unification qu’ils jugent contre-nature les grands de Bretagne forment un ligue laquelle est alors placée sous les Ordonnances directes des sires de la Hunaudaye, de Montafilant, de Beaumanoir et de Montfort, ligue formée peu avant que les bretons fassent savoir à Jean de Montfort leur souhait à tous de le voir revenir en son duché.
Le 22/07/1379, avec des promesses militaires faites par Richard roi d’Angleterre, à savoir  notamment 2000 hommes en armes et 2000 archers, Jean s’embarque à Soutampton en direction de Saint-Malo; à peine arrivé il est accueillit par ses grands capitaines déjà cités ci-dessus  ces derniers ayant aussi à leur côté le vicomte de Dinan; 300 lances ainsi l’accueillirent. Le 06/08/1379 Jean arrive à Dinan et s’en va trouver logis chez les Frères Prêcheurs de Dinan; le 20 août il est devant les murs de Rennes.                                                            
Décidés en 1382, les travaux de construction du château de Dinan connaitront le décès de Jeanne de Hollande puisque cette dernière meurt en 1384; en 1386 pour une 3ème fois Jean de Montfort va prendre femme et il choisira pour faire cela Jeanne de Navarre cette dernière étant l’enfant de Charles le Mauvais et de Jeanne de France celle-ci ayant eu pour père Jean II dit le Bon roi de France.
Jeanne de Navarre donnera à Jean IV de Montfort neuf enfants dont Artur III futur duc de Bretagne ; Jean IV de Monfort décédant en Novembre de l’année 1399 Jeanne son épouse épousera 4 ans plus tard, en 1043, Henry IV roi d’Angleterre prétendant à la couronne de France.

En 1372, avant la susdite date de 1378 en laquelle Jean revient en Bretagne, ce dernier, alors duc de Bretagne, passe de nouveau un accord avec le roi d’Angleterre soulevant ainsi un grand élan de colère chez la plus part des capitaines du duché de Bretagne. De ce fait les familles seigneuriales de Beaumanoir, les Laval et  les Rohan, en autres, se soulevèrent contre ce traité et donc contre Jean de Montfort lui même; parmi ces grands capitaines se trouve également Ollivier de Clisson lequel, peu de temps après, prend fait et cause pour le royaume de France. Devant ce mouvement de rébellion Jean de Montfort revient très vite sur ses dispositions prises précédemment permettant ainsi, à la Paix, de revenir en Bretagne.
Ce prince néanmoins, autant angloiz dans ses penseés qu’il est breton de sang, oublie ses dernières promesses nouvelle attitude pouvant, de ce fait, représenter une nouvelle menace pour le royaume de France dont une très grande partie de son armée était alors placée sous le commandement direct de Bertrand du Guesclin ; devant ce nouveau revers du duc de Bretagne Bertrand du Guesclin, dirigeant  toujours l’armée du roi de France, accourt aussitôt en Bretagne, puis assiège et prend Dinan.
Devenu le maitre de cette ville en laquelle il avait combattu précédemment Thomas de Cantorbery, un chevalier du duc de Lanclastre lors d’un champ, il parvint une nouvelle fois à repousser l’armée anglaise au plus près de la mer.
C’est dans la continuité de cette lutte qu’Ollivier de Clisson prétendit unir le duché de Bretagne à la couronne de France. Duguesclin, incompris lui aussi par les siens bretons, suite au siège de la ville de Dinan, passera désormais pour un traite resté toujours fidèle au roi roi de France.

Venant du castel de Léhon la dite Place du Champ était desservie intra-muros par l’amont du grand chemin tourné vers Rennes lequel prenait naissance au plus près du château, à la sortie de la porte du Guichet; il est toutefois possible que ce même champ, au 13ème siècle, ait été beaucoup plus grand que la surface que nous lui connaissons aujourd’hui et qu’il se soit étiré jusque dans le prolongement de la dite porte du Guichet.
Cela reste toutefois qu’une éventualité devant être confirmée; dans cette supposition, et seulement dans cette supposition, le champ serait alors venu se terminer sur les enclos religieux du couvent des Jacobins séparé de ces derniers, au 15ème siècle, par la rue de Léhon laquelle est citée dans un acte d’expropriation rédigé en l’année 1481 lorsque fut fondé le couvent des Clarisses.
Quoi qu’il en soit, lorsque le château fut construit, le dit Champ au tout début du 15ème siècle allait finir son étendue au pied de celui-ci ce fait était lui même confirmé par une autre charte relative, quant à elle, à un aveu rédigé le 08/01/1420 par la fabrique de l’église de Saint-Sauveur de Dinan. Voici partiellement cet aveu lui aussi relevé par Monier, page n°252
…l’emplacement fons et deport ou est a present esdifie les chasteau, porte, muraille, coulombier et belle (belle: nom donné au cour fermée en lesquelles se déroulaient les jouxtes, dite place d’Armes aussi) dudict chasteau de ceste ville jouxte le Champ comme il se poursuyt …

 Le chemin intra-muros lequel depuis la place du Marchix desservait le dit Champ venait, quant à lui,  mourir sur la même porte du Guichet la descente ou son prolongement actuel que nous lui connaissons vers la rivière, et nommé lors de sa réalisation « Route Royale n°176 » , n’existant pas encore.

Plan du Quartier des Jocobins de 1778

Plan de reconstitution personnellement réalisé …


Jusque dans le courant du 18ème siècle, en direction de la rivière de Rance, seulement deux voies possibles existaient donc alors. La première était la rue dite du Jerzual laquelle, dans son prolongement, divisait déjà la ville de Dinan en deux paroisses, celle dite de Saint-Sauveur de Dinan et celle dite de Saint-Malo de Dinan.
L’accès de cette première voie se faisait principalement par le débouché oriental de la Grande rue, cette dernière étant  déjà citée au 15ème siècle lors de l’édification de la nouvelle église de Saint-Malo de Dinan; un autre de ses accès se faisant au derrière de l’église de Saint-Sauveur de Dinan par la rue du Coignet cette dernière permettant de rejoindre  le dit Jerzual, peu avant la porte dite du Jerzual aussi, par l’actuelle rue nommée aujourd’hui « Trois-Quart » (la partie basse de la rue Haute-Voie et l’actuelle rue Michel n’existant alors pas encore).
La seconde voie quant à elle était celle qui, franchissant la porte du Guichet, au plus près du Château, redescendait sur la rivière via le bourg et le pont de Léhon.

 La rue du Jerzual, reliant la ville haute à la rivière, permettait surtout un accès direct à la dite rivière et donc au port de Dinan pour le chargement et le déchargement des différents produits venant et partant par la Rance mais ne permettait, en aucun cas, de rattraper la direction de Rennes par le versant oriental de la vallée de la Rance, le pont de Dinan franchit.
En effet l’actuelle rue de la Madelaine elle non plus n’existait pas encore ; le cheminneuf, sa toute première dénomination connue, n’ayant été réalisé que dans la seconde moitié du 16ème siècle. 

Au port de Dinan, de l’autre côté de la rivière, une fois le dit pont franchit, seule l’actuelle rue de l »Abbaye existait alors mais très probablement avec un aspect entièrement différent que celui que nous lui connaissons aujourd’hui et avec une fonction toute aussi différente également. Hors de la seigneurie de Dinan et desservant le fief religieux du prieuré du Pont à Dinan, le cheminement de cette voie prieurale était probablement mal habile, elle se présentait tout aussi probablement sous la forme d’une  servitude ayant pour role essentiel que la desserte haute de la vallée de Bretagne laquelle étirait ici même sa terre large et étendue au dessus du dit prieuré.
En conséquence, l’arrivée à Dinan, par voie de Terre, pour toute personne ou toute marchandises provenant de la ville de Rennes, se faisait donc essentiellement ou uniquement entrait en Dinan par la dite Porte du Guichet.
Un aveu rédigé en 1420, quelques 60 années après que fut prise la décision de la construction du château, nous apprend que ce dit château, proche du Champs sur lequel Bertrand du Guesclin lutta pour défendre l’honneur de son frère puisné, contenait une cour, cour ou place d’arme proche le séparant du dit champs ; un acte plus tardif, rédigé en 1526 et retrouvé dans le Pouillé de l’église de Saint-Sauveur de Dinan, nous donne d’autres informations notamment le fait que la porte du Guichet, sous laquelle parvient et passe le dit grand chemin reliant Dinan et Rennes, fut reconstruit lors de l’édification du Château
 …ont confessé plusieurs capitaines soubz les princes qui en celly temps la capitainerie y ceulx lieu ou a este rediffié le dit chausteau  et muraille et porte du Guischet et ung emplacement aioingt  de celle servante a une poterne…

Voici maintenant le texte originel d’une charte décrétant l’expropriation de certaines maisons afin de permettre la continuation de l’édification de ce château laquelle fut donc probablement décidée en mars de l’année 1380 : Texte pris dans le livre écrit par M.E.Monier intitulé : Dinan mille ans d’Histoire.    
A touz ceulx qui ces presentes lectres verront et orront. Patry sire de Chasteau-Giron chevalier commissaire quant ad ce de très puissant nostre souverain seigneur le duc, salut, certifie que jay veu les lectres et commission de mondit seigneur contenant la forme qui suyt : « Jehan duc de Bretaigne, compte de Montfort et de Richemont a nostre bien ame et feal Patry de Chasteau-Giron garde de nostre ville de Dynan salut : Comme soit chose utille et necessaire que pour l’augmantacion et edifice de nostre meson (maison) que nous avons ordonne en commencer puix naguyeres (Naguere: Que nous avons ordonné et fait commencer récemment)  en nostre dite ville  que aucunes places et mesons à aucuns de soz subguetz (sujets)  appartenants ils soint mises et emploieez, (demande d’expropriation de certaines maisons appartenant à certains sujets et ici et en ce lieu alors présentes, moyennant une indemnisation financière)  lesquelles ne voullons que ilz  soint mises se n’est pas en desdomageant ceulx a qui elles sont ainsi comme par l’avisement (être avisé…à notre demande) de nous et de nostre conseil sur ce garde et delibere que ce doibt estre (décidons que ceci doit être) , pour ce vous mandons et commandons nommer si mestier est que vous appeliez nostre procureur de nostre dite ville et Estienne le Turc maistre de notre dite oeuvre  (ici le futur architecte de ce projet) et aultres que vous verres qui devront estre appelez, (et d’autres que vous veillerez à faire appeler) vous faictes les dictes choses prises tant en fond que édifices de présent et aussi  tant par meuble que par heritaige  par vous choissizans gens dignes de foy, maistres charpentiers et aultres loyaux gens en ce eux cognoessans  (connaissant leur metiers) et dudit prisaige (et des relevés, mesures, compte rendus)  tout ce que vous en ferez  nous faites voir bon sougz sceau (vous nous rendrez compte, sous notre sceau et autorité susdite) et authorité ou  dessusdit  ou soubz authorité  ou aultres affin que nous en ordonnions  en la maniere  et comme dessus et dic(afin que nous puissions vous donner nos directives, comme il est dit ci-dessus) et de ce faire avecques toutes les choses et chascunes ad ce necessaires et leurs dependances (et afin de pouvoir faire ainsi les choses necessaires et tout ce qui y est attaché,  je vous donne)  vous avons donne et donnons plain povoir (nous vous donnons pleins pouvoirs) et mandement espret, mandons et commandons a touz et chascuns nos subjetcz en ce faisant vous obeir et diligemment entendre.(et demandons expressement et ordonnons à tous et à chacun de nos sujets, ce faisant, de vous obeir et de vous ecouter). Donne  (fait) en nostre ville de Vennes (Vannes) le III jour de novembre l’an mil IIIC quatre  vingt deux. (1382) Ainsi signe par le duc de son commandent. R.Roll. (Sa construction décidée en mars 1380, l’expropriation de certaines maisons ayant ayant ordonnée novembre 1382, le château est probablement terminé quelques années plus tard, en 1393, puisque le Pouillé de Saint-Sauveur de Dinan le cite à propos d’un impôt ou fouage lequel alors est dû par une maison assise au Champs. M.E.Monier, Dinan mil ans d’Histoire) et de ladite baillée (fouage)  le dessessirent les diz thésauriers, transportans saesine audict Derian et doyvent et sont tenuz lesdiz thesaurierrs  garantir ladite baillée de touz et contre touz à la coustume sauff et excepte que si les gienz tenaz le chastel de Monseigneur par leur puissance vouloint occuper aucune quantité du courtil, que ceulx thesauriers nen feroint point de garanty…