1832 – 1845. Les marnières de Chantoiseau et monsieur Gabillard.

Peut être une image de étendue d’eau, arbre et nature

Peut être une image de carte et texte
Plan de reconstitution personnel asseyant le grand marais de la Pétrolle (le marais de la Pétrolle trouve son origine orthographique dans le nom d’une plante poussant hier ici même).

1844.
A la droite du passage à gué du port Josselin « Zoom » sur la muraille de l’œuvre délimitant la grande marnière sédimentaire.

1832 – 1845. Les marnières de Chantoiseau ou le marais de la Petrolle.

Saint-Solen, commune hier à part entière, a gardé pour seule image de son propre passé, passé pourtant chargé de faits sociétaux lui aussi il est vrai, que le seul souvenir de ses enfants nés « vicomte de la Vairie » et cela malheureusement au détriment de sa propre histoire humaine. On peut regretter de ce fait le « non souvenir » de l’un de ses maires les plus importants que jamais Saint-Solen eu, Julien Gabillard pour le nommer lequel, en vain, au travers de moult lettres écrites batailla si durement le fer pour le seul intérêt de toute sa commune. Mais contre Dinan entièrement uni que pouvait bien faire monsieur Gabillard dès 1832 pour pouvoir contrer, seul alors qu’il était, le grand projet de l’exhaussement du déversoir de l’écluse du Châtelier ! Ce déversoir, pour monsieur Gabillard, allait de nouveau un peu plus appauvrir les habitants de Saint-Solen !
Ce texte est écrit pour réhabiliter un tout petit peu sa mémoire puisque dans notre propre mémoire plus personne n’a dorénavant connaissance de lui, de ce qu’il fut et de ce qu’il fit…

Peut être une image de arbre et nature
Les hautes herbes de la Petrolle.
Peut être une image de nature, ciel, crépuscule et lac
Au soleil couchant la plaine de Taden à Chantoiseau

Quel fut donc l’origine de son combat, ou de cette lutte si fortement menée, dans le seul intérêt de sa commune au sein de Conseils municipaux successifs ? Au 1 janvier de l’année 1811 furent comptabilisés à Saint-Solen 370 habitants ; toujours petite commune en fond de campagne en l’année 1843 une population s’élevant à un peu plus de 400 âmes y sera cette fois-ci comptabilisée. Un siècle et demi plus tard, en 2015 exactement, un nombre d’habitants s’élevant à guère plus de 497 âmes sera lui trouvé ; au regard de sa petite taille nous avons très peu d’informations réellement sociales concernant l’Histoire de Saint-Solen. Hier terre presque exclusivement de culture Saint-Solen au 19ème siècle possédait une terre avare, une terre très peu nourricière, acide en son sol et acide envers les hommes et les femmes qui avec philosophie durement il est vrai alors la travaillaient ; n’y avait-il en Saint-Solen que agriculteurs et agricultrices tous peinant à travailler un sol presque toujours ingrat ? Loin s’en faut. Les registres communaux de 1836 nous présentent en effet au travers des habitants de Saint-Solen tout un panel de métiers divers également; ainsi seront en leurs pages écrites cités des appareilleurs ou tailleurs de pierre ; des Arpenteur ; Boucher ; Boulangèr(e) ; Cabaretier ; Charron ; Charpentier ; Cordonnier ; Couturière ; Couvreur en ardoises ; Couvreur en pierres ; Cultivateur ; Débitant ; Domestique ; Drapier ; Employé à l’Hospice ; Fabricant de toile ; Faiseur de moulin à blé noir ; Faiseur de cercles ; Filandière ; Forgeron ; Homme de loi ; Instituteur ; Journalière ; Laboureur ; Lingère ; Maçon ; Marchand boulanger ; Marchand de bois ; Marchand de bestiaux ; Marchand de vache ; Maréchal ; Marin ; Masson « maçon » ; Ménagère ; Mendiant aussi ; Menuisier ; Meunier ; Moulinier ; Notaire ; Pierreur de pierre pour empierreur ; Piqueur de pierre; Plâtrier ; Sage-femme ; Tailleur(euse) ; Tailleur d’habits ; Tailleur de pierres; Tisserand ; Tonnelier ; et enfin Tourneur quand d’autres communes étaient liées essentiellement aux activités maritimes.

La Bretagne connaitra en effet en la fin de la première moitié du XIX siècle des travaux de génie civil importants les villes de Lanvallay et de Dinan voyant par exemple, en cette dite période, la construction de l’actuel viaduc de Lanvallay. Ces mêmes travaux de génie civil au XIX siècle appelleront ainsi, loin de Saint-Solen puisque appelés en toute la Bretagne, nombreux bras de ses propres enfants tous soit appareilleurs de pierre ou soit tailleurs de la même pierre; toutes ces absences professionnelles plongeront souvent un nombre important de familles dans le désarroi des longs silences d’hivers, désarrois souvent lourds de mutismes les femmes étant seules le soir dans les pénombres vacillantes sous les bougies, ou bien alourdies qu’elles étaient par le propre bruit silencieux de leurs enfants tous orphelins de père le temps d’une campagne.
Mais revenons, aux marnières et à la Pétrolle.

Il faudra pour Saint-Solen attendre les années 1840 pour assister à une certaine amélioration de la qualité nourricière de cette terre, et donc aussi à l’amélioration de la qualité de vie de la plus grande partie de sa population; les fermes agricoles de Saint-Solen, en 1840, étaient pour une grande majorité d’entre elles que de toutes petites exploitations ayant au maximum deux chevaux de labours.
Ainsi sur trente fermes présentes en ses terres, trente fermes utilisant la marne pour enrichir ses sols, seules 4 fermes étaient à même de pouvoir entretenir quatre chevaux.
Jusqu’au début du 19ème siècle il est vrai que les sols de Saint-Solen, pauvres puisque beaucoup trop acides, et donc peu nourriciers, suffisaient difficilement à la seule subsistance du bétail proposant de même une très faible diversité de culture; seuls en effet poussaient en cette terre ingrate le blé noir, le seigle ou l’avoine aucun céréale noble lui n’y poussant.

Quelle fut en ce début du XIX siècle l’origine même de l’amélioration de la qualité de cette terre laquelle en cette commune de tout temps fut cependant tant travaillée et tant retournée ? L’amendement récent des sols stériles en Saint-Solen, par la seule utilisation de la marne, extraite ici même dès 1820, fut t-il au milieu du dit XIX siècle le facteur essentiel de cette même amélioration nourricière ? Et en fut t-il de même pour d’autres petites communes elles aussi présentes au plus près de ce même marais ? A moins d’une lieue de l’église de Saint-Solen, dans une partie même du lit de la rivière de Rance, en Saint-Piat, en une vaste zone marécageuse aujourd’hui « frayère », les terres de Saint-Solen au 19ème siècle trouvèrent en effet l’élément naturel indispensable pour enrichir leurs sols trop acides : elles trouvèrent une « marne sédimentaire ».
Biens en indivis entre les communes de Saint-Solen, de Pleudihen et de Saint-Helen, et de Lanvallay exceptionnellement, les seconds plans cadastraux de 1844 assoient ici même en cet endroit une grande digue artificielle coupant en presque sa moitié la rivière et retenant de ce fait ce même grand marais tant nourricier et propice à la terre. Ce marais coupé et recoupé en grandes tranchées pour les besoins de l’extraction de la dite marne on l’appelait aussi «la Muraille de l’œuvre »; je vois sur cette muraille toujours ici en pensée des charrettes tirées par leurs propres chevaux.
Et ainsi toujours nous l’appelons quelques fois aujourd’hui.

Cette grande surface d’extraction, de près de 23 journaux de terre, était située en contre-bas du plateau de Saint-Piat, village relevant hier de Pleudihen, mais aussi à la terminaison de l’extrémité du plateau Côtissois lequel en cet endroit de la rivière étirait hier, avant le rehaussement de la plaine d’eau de Taden, cette même grande terre nommée alors « la Grande Pétrole »; ce nom donné était celui d’une plante propre à ce marais.
On extrayait également cette marne en les villages de Mordreuc et de Saint-Samson deux autres villages de Pleudihen aussi tout proche ; à noter également la présence en amont de ce grand banc sédimentaire d’une autre marnière, celle du Lyvet, port aujourd’hui assis en l’actuelle commune de la Vicomté sur Rance, en contrebas de Saint-Samson. Appartenant à de toutes petites exploitations agricoles très régulièrement de multiples petites charrettes tirées par deux chevaux, toujours peinant en ce sol marécageux, venaient ici même à la Pétrole extraire en son marais cette marne si prometteuse avant de remonter péniblement sur le plateau de Saint-Solen cahin-caha.

Ainsi du jour au lendemain, au environ de 1820, les terres de Saint-Solen furent enrichies grâce à la marne si péniblement extraite en cet endroit de la rivière; ses sols de tout temps si peu nourriciers, puisque toujours acides, ainsi tous s’améliorèrent favorisant l’apparition d’une nouvelle culture de plantes céréalières beaucoup plus nobles que le blé noir par exemple.
Et le trèfle riche pour le bétail ainsi apparu…et le blé pour l’être humain ainsi ici même apparu. Acte originel expliquant les bienfaits de la marne ici extraite retrouvé dans le livre de Délibérations de Saint-Solen : … L’an mil huit quarante deux le même jour de mars le Conseil municipal de la commune de St-Solain, réuni au lieu ordinaire de ses séances, autorisé par monsieur le Sous-Préfet, le trois mars mil huit cent quarante deux à l’honneur d’exprimer : Il y a vingt ans la culture dans la commune de St-Solain n’était autre chose qu’un assolement de blé noir, seigle et avoine, suivi d’une pâture plus ou moins longue qui procurait aux bestiaux une nourriture aussi rare que peu substantielle. Depuis notre sol se couvre également de magnifiques récoltes de froment d’orge et de paumelle, de trèfle, de virée, de pois qui ont fait pour la plupart des habitants de St-Solain, d’un état de misère à une honnête aisance. Tous ces bienfaits nous les devons à la marne, uniquement à la marne, l’en priver St-Solen ce serait comme pour beaucoup d’autres communes la priver de pain. Malheureusement quelques poursuites exercées l’été dernier par des agents subalternes de l’Administration, ont jeté notre population dans l’inquiétude en lui faisant craindre que dorénavant on ne laissa plus transporter la marne sur charrettes à jantes étroites, seul mode de transport praticable pour notre commune qui possède beaucoup de petits attelages mais qui n’en a pour ainsi dire point de nombreux et de forts. La propriété étant très divisée dans la commune de St-Solain la plupart des cultivateurs ne peuvent guère entretenir plus de deux chevaux et à peine quelques uns trois. Il est donc de toute impossibilité pouvoir de charroyer la marne dans des charrettes à larges jantes puisque l’attelage ne suffirait que pour tirer la charrette vide. Ils n’ont pas même la ressource d’y aller avec un seul cheval et une charrette légère, mesure qui d’ailleurs les priverait du travail de leurs autres chevaux ou poulains. En effet, aux mêmes qui ne possèdent qu’un seul cheval sont presque toujours obligés de s’associer à d’autres cultivateurs pour charroyer la marne. Outre l’économie qui en résulte un seul charretier conduisant facilement deux ou trois chevaux cette assignation est encore commandée par l’état de nos chemins de travers et de l’extrême difficulté du charroi sur le marais de la Pétrole où nous allons prendre la marne. Le marais est effectivement coupé de nombreuses filières ou tranchées dans lesquelles le cheval qui s’y trouve engagé a besoin de toutes ses forces pour se retirer. Dans cette position il ne peut contribuer au tirage de la charrette et un attelage de deux ou trois chevaux est indispensable puisqu’il arrive toujours un moment sur notre marais de la Pétrole où le cheval limonier ne peut tirer seul la voiture chargée de marne. Il est donc absolument impossible pour la petite culture d’employer d’autre mode de transport pour la marne que celui des charrettes légères et par conséquence et à jantes étroites et l’interdire ce serait interdire l’emploi de ces engrais si précieux; ce serait à l’instant frapper nos champs de stérilité. La grande culture est si peu nombreuse à St-Solain que, sur trente cultivateurs qui vont à la marne, quatre seulement peuvent entretenir quatre chevaux et au dessus, ce serait donc les cinq dixième de nos laboureurs qui seraient atteints par l’interprétation désastreuse donnée depuis peu à la loi sur la police du roulage. L’article huit dit frasitivement que les voitures employées à l’exploitation et la culture des terres ne sont point soumises aux dispositions de la présente loi, cet article va même jusqu’à prévenir le cas où ces voitures ou charrettes d’agriculteurs emprunteraient la grande route et il établit que dans ce cas un règlement d’administration publique déterminera le poids de leur chargement. Dès aujourd’hui ce que nous demanderions en proposant pour le fixer une manière bien simple : le nombre de chevaux attelés et l’on pourrait prendre pour maximum le nombre de trois ou quatre. Nous devons ajouter une observation fort importante. Le marais de la Pétrole où nous extrayons la marne est la propriété privée, quoique indivisible de Saint-Solain, avec les communes de Pledihen, St-Helen et Lenvallay. Lors même qu’on voudrait donc restreindre le sens de l’article 8 de la loi de l’an douze, au cas où il s’agit d’une même exploitation il nous semble que nous n’enfreignons pas encore cette loi puisque nous prenons la marne dans notre marais pour la transporter dans nos champs. Nous croyons donc, monsieur le Préfet, qu’en fixant le nombre des chevaux attelés et considérant en même temps notre qualité de « propriétaire » du marais de la Pétrole, vous pouvez sans sortir de l’esprit, de la loi permettre le transport de la marne au charrettes aux jantes étroites. Le Conseil municipal de la commune de St-Solain en vous faisant entendre sa voix pour prévenir la ruine de l’agriculture en son territoire, espère qu’elle sera entendue avec faveur. Nous avons l’honneur d’être, monsieur le Préfet, vos humbles serviteurs. Les et obéissants F.Houitte; Si.Heuzé; Quedignel; Fran.Heruzé; J.Hué; Cauault; F.Patard; F.Rouxel; Gabillard maire.

D’autres communes elles aussi par ce même droit « indivis » étaient possesseurs de ce même marais; on doit trouver l’origine de ce droit d’indivis dans la troisième possession du dit marais de la Pétrole lequel, en ses 23 journaux, au lendemain de la Révolution française, fut le bien personnel de monsieur François-Julien-Michel de la Morvonnais. Celui-ci l’acquerra le 27 février 1799, soit 5 années après sa mort à Rennes causée par le couperet de la Guillotine, du dernier Baude Marquis de Châteauneuf celui-ci l’ayant lui-même acquit par contrat d’acquêt (prendre ou reprendre le chapitre consacré à cette famille aussi seigneur en Lanvallay). Né à Pleudihen le 24/10/1757, décédé à Saint-Malo le 23/05/1815, Michel de la Morvonnais sera élu « député  » d’Ille et Vilaine à l’Assemblée Législative en l’année 1791; le 30 Fructidor de l’an sept, ou le 16 septembre 1799, il donnera en effet et en indivis aux communes de Pleudihen, de Saint-Solen et de Saint-Helen son dit marais de la Pétrole la commune de Lanvallay demain y agençant sur son propre territoire un chemin d’accès. Ce don sera rappelé lors d’une séance du Conseil municipal de Saint-Solen lorsque monsieur le maire alors en exercice, Julien Gabillard, fera lecture d’une lettre de monsieur le maire de Lanvallay celui-ci réclamant ses droits sur la portion du dit marais au seul nom des travaux d’accessibilité hier réalisés par sa commune ; l’acceptation du Conseil au maire de Lanvallay sera donnée le 21 mars 1831.Voici cet acte : …conformément à la loi du vingt et un mars mil huit cent trente un, présents les membres soussignés. Monsieur le maire donne lecture d’une lettre du maire de Lanvallay qui a pour objet de demander au Conseil municipal de cette commune son consentement pour que la commune de Lanvallay jouisse en entier des mêmes droits que cette commune sur les 20 journaux de terrain à se prendre sur la Pétrole en Lanvallay que feu monsieur Michel Morvenais à conféré par sa déclaration du trente fructidor l’an sept aux communes de » Pleudihen, St-Helen et Saint-Solain. Considérant que le terrain mentionné dans la susdite déclaration de monsieur Michel Morvenais qui étoit anciennement en Pleudihen, et qui se trouve maintenant en Lenvallay par le fait de l’opération cadastrale. Considérant que les travaux qui ont été dirigés par le maire de Lanvallay dans l’applanissement, et l’élargissement du chemin qui conduit de la Grande route à la Pétrole, il ne seroit pas juste de s’opposer à sa demande d’autant que la commune de Saint-Helen a dans une délibération du mois de mai dernier acquiesée à pareille demande du maire de Lanvallay en faveur de sa commune. Le conseil est d’avis que la commune de Lanvallay en son entier participe comme la commune de Saint-Solain aux mêmes droits et privilèges pour prendre de la marne sur les 20 journaux du marais mentionné dans la susdite déclaration de feu monsieur Michel Morvenais du trente fructidor l’an sept. Les deux actes faits et approuvés en mairie de Saint-Solain par les conseillers les dits jour, mois et an que devant. Les cinqs mots reillés nuls…fin de cet acte.

L’extraction de cette marne, roche sédimentaire mélange d’argile et de calcaire si propice à contrer l’acidité naturelle de certains sols, donc ceux de Saint-Solen notamment, fut donc entreprise au environ de 1820 et perdurera au-delà de l’année 1837 cette dite année étant l’année en laquelle sera modifiée l’écluse du Châtelier; celle-ci sera édifiée pour les besoins de la réalisation du canal d’Ille et Rance ce dernier étant lui inauguré en l’année 1834.
L’année 1837 verra en effet le rehaussement de la dite écluse lequel rehaussement appelait de force à une augmentation du niveau des eaux de la rivière notamment en la dite marnière provoquant de ce fait l’ennoyage de sa roche sédimentaire si nourricière pour Saint-Solen notamment.
Il est vrai que cette élévation du niveau de l’eau dans la plaine fluviale de Taden allait de paire avec la volonté d’avoir au port de Dinan une profondeur d’eau plus importante pour les bateaux. Devant ce projet de rehaussement, né lui peu avant 1837, et cela pour les besoins de la nouvelle « navigation fluviale » le port de Dinan ayant en effet besoin d’une eau plus profonde, les habitants de Saint-Solen prirent peur devant la certitude de ne plus pouvoir continuer à extraire la marne du marais de la Pétrole ; il est vrai qu’alors ces mêmes paysans se dressèrent tous unis contre les intérêts de riches négociants portuaires utilisant eux la rivière et le fond de son estuaire pour pouvoir s’enrichir au travers du transport de différentes denrées qu’elles soient céréalières ou autres.

Ainsi au milieu du XIX siècle les frères Moncoq, multi-propriétaires au port de Dinan ces derniers y possédant moult grands entrepôts, accueillaient professionnellement aussi bien les graines de lins que les graines de chanvres, des céréales divers et des fruits aussi tous ces produits étant alors appelés à être dispatchés sur des marchés proches de Dinan, ou même plus éloignés pour certains; l’un ces derniers pour l’un d’entre eux fera notamment construire en Taden l’actuel château de Kerrozen. La navigation à voile, peu avant la réalisation du canal d’Ille et Rance, cela dès l’année 1825, participera elle aussi au plein développement économique du port de Dinan lequel utilisera ces mêmes entrepôts pour provisoirement entreposer le lin et le chanvre alors tous deux utilisés à Dinan et en toute sa région pour la confection du linge et de la toile à voile à bateaux notamment. Certains ateliers de filature assis au port de Dinan feront ainsi « réponse » à des appels d’offres lancés par la marine proposant également la réalisation en toile de longues gaines pour les pompes d’incendie; toute cette intense activité « portuaire » sera présente elle aussi en le port de Plouer, lui assis en amont, ce dernier voyant en l’année 1861 entrer en son port 54 navires pour 2800 tonnes et voyant en cette même année sortir de ses propres eaux 57 navires pour 2900 tonnes (que sont devenues les autres 100 tonnes propres à 3 navires ?). Il faudra attendre la venue des rails de chemins de fer en l’année 1892 pour voir apparaitre les prémices d’un grand déclin; ces derniers, placés sous l’Autorité de la Grande Compagnie de l’Ouest, participeront en effet à la mort marchande du port de Dinan.

Pour revenir à la crainte de la montée des eaux de la rivière en la plaine de Taden, cela notamment en les marnières de la Pétrole, celle-ci fut vivement expliquée par écrit dès le 2 aout 1837 ; cependant, malgré la réalisation du dit rehaussement de la dite écluse et de la montée des eaux jusqu’au port de Dinan, travaux réalisés en la dite année 1837, en l’année 1842 on extrayait toujours de la marne sur une certaine partie du grand marais de la Pétrole. La peur avait-elle été trop grande ? Voici un acte originel expliquant cette peur : Du deux août mil huit cent trente sept le Conseil municipal de la commune de St-Solain réuni au lieu ordinaire de ses séances, composé de Mr Julien Gabillard maire, et Jean-Marie Heuzé adjoint, M.M Heuzé Joseph, Rouxel François, Hué Joseph, Hué Jacques, Quedignet Jean, Patard Francois, Houitte Jean, et Rouxel Jean membres du Conseil municipal. Mr le maire expose que depuis le rétablissement de l’écluse de Livet, les eaux sont élevées, plus haute qu’à sa première construction et restent dans le rabaissement du marais de la Pétrole situé sur le territoire de la commune de Lanvallay ce qui fait éprouver une grande difficulté pour se procurer de la marne, que les projets de la ville de Dinan, et de monsieur Robinot,sont remis en activité pour l’exchaussement de la ditte écluse du Livet de sorte que les eaux séjourneront toujours sur les marais situés en Lanvallay et que les communes qui font usage de la marne en seront totalement privées ce qui fera une perte irréparable et incalculable pour l’agriculture. Considérant que par contrat d’accenssement du 24 mars 1781 le marquis de Chateauneuf devint propriétaire du dit marais de la Pétrole situé alors en la commune de Pleudihen et aujourd’hui en celle de Lanvallay, que par contrat du 26 février an 7 M.Michel Morvonnais devint acquéreur du marais de la Pétrole avec plusieurs autres propriétaires y bordants, que par donation du dit Michel Morvonnais du 4 fructidor an 7 la Pétrole fut cédée aux communes de Pleudihen, de St-Hélen, de Saint-Solen et de Lanvallay, pour y extraire de la marne pour l’engrais des terres. Considérant qu’antérieurement à la déclaration de M.Michel Morvonnais ont acquis par cet acte un titre de propriété sur le dit marais de la Pétrole; considérant que si les projets de la ville de Dinan et du sieur sont mis à exécution les marais de Lanvallay seront constamment couverts d’eau et la commune de St-Solain privée de l’engrais de la mer son produit diminuera de moitié ce qui causera la ruine des fermiers, une perte aux propriétaires et une diminution de revenu au Gouvernement qui sera obligé de réduire les impôts sur les propriétés qui seront diminuées de valeur. Considérant que la commune de St-Solain croit avoir de droits acquis et incontestables sur le marais de la Pétrole, le Conseil est d’avis d’employer tous les moyens pour les conserver et prie d’abord l’Autorité supérieure de faire autoriser une requête de commode et d’incommode afin de connaitre si l’avantage qu’on dit vouloir donner au commerce, équivaudra la perte qu’éprouvera l’agriculture. Fait et délibéré à St-Solain les dits jour et an que devant. J.Heuzé; J.Quedignet; J.Hué;J.Patard;J.Cauault; F.Rouxel; Gabillard maire; J.Houitte.

Ce désaccord profond, ou cette lutte du pot de fer contre le pot de terre, en 1839 sera de nouveau rappelé à la mémoire des hommes, donc deux années plus tard seulement, cela au sein de deux nouvelles réunions du Conseil municipal celui-ci désapprouvant toujours ce même projet présenté hier en 1837 par le maire de Dinan et monsieur Robinot en personne. Ce même projet, en la dite année 1839, fera en effet l’objet de l’enquête hier demandée par ce même Conseil municipal, enquête menée au sein même des Conseils des communes concernées ; le Conseil municipal de Saint-Solain reprendra en cette enquête ses crainte hier déjà émises remettant même en question les bénéfices ou retombées commerciales de ce même projet et annonçant carrément la ruine de l’agriculture de Saint-Solen ainsi que celle des communes voisines. La lecture du deuxième compte rendu est très intéressant à plus d’un titre puisque en celui-ci le Conseil de Saint-Solain mit tous ses « arguments » comme un valeureux guerrier jette en son dernier combat ses ultimes et dernières forces ; il est également intéressant à lire puisque certaines de ces lignes contiennent en leur sein la mauvaise foi manifestée alors par monsieur Robinot l’architecte en chef chargé du projet de l’exhaussement de la dite écluse du Châtelier ainsi que de la rehausse du plan d’eau au port de Dinan; de ses fonctions le sieur Robinot était AUSSI l’ingénieur en chef du canal d’Ille et Rance. Rappelons avant de lire le compte rendu de ces deux mêmes séances que le dit exhaussement du déversoir de l’écluse du Châtelier sera à l’origine même de la cessation de l’activité professionnelle du moulin de la Falaise, moulin assis au bord même des dits marais de la Pétrole, moulin de mer et de rivière; celui-ci en effet devant l’élévation du même plan d’eau était inéluctablement condamné à mourir.
Voici la lecture de ces deux actes originels : Acte premier :
– Séance ordinaire le trois février mil huit cent trente neuf. Le Conseil municipal de la commune de Saint-Solain réuni au lieu ordinaire de ses séances, composé de M.M.Gabillard, maire, Heuzé adjoint, Quedignet, Heuzé J; Huet J; Patard; Houitte J;Rouxel F; Hué J; Rouault J. membres du Conseil municipal. M.le maire donne lecture de l’arrêté de M.le Préfet du département en date du 10 écoulé annonçant que l’avant projet de M.l’ingénieur en chef Robinot, à l’effet d’exhausser le déversoir de l’écluse du Châtelier sur le canal d’Ille et Rance et d’élever la hauteur du plan d’eau dans le port de Dinan portant que les dits plans et les rapports de l’ingénieur seront déposés à la Sous-préfecture de Dinan pour être soumis à une enquête. Dans les formes prescrite par l’Ordonnance royale du 18 février 1834 l’article 3 de cet arrêté porte que les communes qui se jugeraient intéressées sont autorisées sur la convocation du maire à délibérer et et à donner leurs observations et leurs avis motivés sur l’exécution de ce projet. Après avoir pris communication du dit arrêté et avoir entendu les détails du projet dont il s’agit, donné par un membre du Conseil qui en a pris communication: Considérant que l’élévation du plan d’eau dans le port de Dinan devient inutile au commerce attendu que les bateaux de ce port suffisent pour le transport des marchandises de Dinan à Saint-Malo et de Saint-Malo à Dinan. Considérant que quoi qu’on en dise qu’on sera obligé d’abandonner la marne de la Pétrole plutôt ou plus tard, si la police continuait à y être bien faite, on pourrait encore s’y procurer de la marne un siècle ou 80 ans au moins. Considérant que l’élévation projetée du déversoir de l’écluse du Châtelier ayant lieu tous les marais de Lanvallay seront submergés et sans espoir de pouvoir s’y procurer aucun engrais de mer ce qui fera diminuer les propriétés habituées à cet engrais de plus de moitié dans leur rapport. Considérant que les marais de la Pétrole est une propriété privative aux communes de Pleudihen, Saint-Helen, Saint-Solain et Lanvallay par l’abandon que leur en fit feu M.Michel Morvonnais ancien propriétaire de ce marais le 30 fructidor an 7. Considérant qu’autre la perte incalculable que va faire la commune de Saint-Solain en perdant l’usage de la marne, on vient lui imposer une nouvelle contribution en indiquant de la marne en aval de l’écluse du Châtelier qu’elle ne pourra se procurer qu’à grand frais au moyen de bateaux et qu’elle ne saura où déposer pour l’enlever avec les voitures. Le Conseil après s’être opposé de toutes ses forces à l’exécution du projet de l’ingénieur en chef du canal d’ille et Rance « Robinot’ demande: 1er. Qu’on paye à la commune avant les travaux la quatrième partie dans le marais de la Pétrole, conjointement avec les communes de Lanvallay, de Saint-Helen et de Pleudihen.2è. Qu’une diminution de la moitié de son impôt fourni lui soit faite attendu que ses récoltes sont diminuées de plus de moitié. 3e. Qu’on lui accorde aussi le passage sans frais à l’écluse du Châtelier [droit d’octroi] pour aller chercher les engrais de mer au dehors. 4e. Enfin que le gouvernement donne un emplacement convenable au lieu de de la Magdeleine en Lanvallay pour déposer leur engrais de mer qu’on pourrait se procurer en aval de l’écluse qui ne pourront rester sur les callus du talard dans le cas que le projet de l’ingénieur soit mis à exécution. Fait à Saint-Solen les dits jour et an que devant. Enfin si nous perdons ces marais la c’est mettre notre commune ainsi que les communes voisines à la mendicité.
Acte second : Séance ordinaire du dix février 1839. Le Conseil municipal de la commune de Saint-Solain réuni au lieu ordinaire de ses séances, composé de M.Gabillard maire et Heuzé adjoint, Quedignet…membres du Conseil municipal. M.le maire donne lecture de l’arrêté de M.le Préfet en date du dix janvier annonçant le projet de M.l’ingénieur en chef du canal d’Ille et Rance à l’effet d’exhausser le déversoir de l’écluse du Châtelier exhaussement qui aurait pour résulta de submerger les marais de la Pétrole. Après avoir pris communication du dit arrêté et des détails du projet dont il s’agit le Conseil est d’avis de transmettre aux autorités compétentes l’inutilité commerciale de l’exhaussement du déversoir du Châtelier conséquemment la dépense frustratoire pour le gouvernement et la ruine de l’agriculture dans les communes voisines Examinant d’abord la question commerciale il est matériellement impossible que M.l’ingénieur atteigne par l’exhaussement du déversoir le but qu’il se propose de faire remonter à Dinan des navires de 150 à 200 tonneaux pendant dix jours de chaque marée ; car en admettant, et nous le contestons avec raison, que cela rende la navigation facile pour ces navires en amont de l’écluse du Châtelier, cela n’élèvera en rien le plan d’eau en aval et tous les marins de la Rance affirmeront que ces navires ne peuvent se rendre de Saint-Malo à l’écluse que pendant cinq jours au plus de chaque marée mais encore avec les plus grandes difficultés à cause de la sinuosité et du peu de largeur du chenal, qui les expose à de grandes avaries. Maintenant la navigation en amont de l’écluse sera t-elle plus facile ? Non car en supposant que l’envasement du chenal ne vint pas constamment détruire l’élévation du plan d’eau, son peu de largeur et ses replis si fréquents expose un navire à de dangereux échouages par suite ou du manque de vent ou d’une brise trop forte ou du déplacement d’un banc sable. Aussi tous ces inconvénients sont-ils démontrés de la manière la plus évidente par le péril plus élevé du fret pour importer à Dinan des denrées sur des navires au dessus de cinquante tonneaux que sur des bâtiments de petit cabotage ou des barosses [?] non pontées. Mais d’ailleurs ce serait en vain qu’on se flatterait de donner en amont de l’écluse une élévation durable au plan d’eau M.l’ingénieur avance dans son rapport que depuis la construction de l’écluse du Châtelier l’envasement qui en résulte a rendu le port de Dinan moins profond qu’il ne l’était auparavant. Or nous lui demandons maintenant si l’exécution de son projet remédiera à cet envasement constant qui comblera de plus en plus le chenal, nécessitera donc d’année en année un nouvel exhaussement du déversoir. Quand on a si clairement prouvé l’inutilité complète de l’exhaussement du déversoir du Châtelier sous le rapport de la navigation, il semble au Conseil superflu d’insister sur son inutilité sous le rapport purement commercial. Les exportations des denrées, productions et objets manufacturés du pays ont toujours été facilement enlevés par les navires qui remontaient la Rance à toutes les époques et les importations qui se font sont par leur nature du ressort du petit cabotage. Si nous examinons le projet quant à l’avantage de la construction à Dinan, les fortes avaries qu’ont éprouvé tant au dessus qu’au dessous de l’écluse les navires sans charge qu’on a voulu conduire à Saint-Malo sont-elles propre à encourager les constructeurs lorsque d’ailleurs nos bois sont transportés à Saint-Malo à si peu de frais au moyen de trames. Non seulement les dépenses frustratoires pour l’état sont une conséquence de l’inutilité complète de l’exhaussement pour le commerce et la navigation mais nous verrons plus loin que les revenus actuels du gouvernement seraient amoindris par la diminution les droits de mutation et d’abaissement des impôts indirects qui résulteraient de l’appauvrissement du pays. Maintenant examinant la question sous le point de vue agricole il est de notoriété publique que pour quinze communes circonvoisines des marais de la Pétrole ce n’est que depuis l’introduction comme engrais de la marne, ou tangue de mer, que l’on a put s’adonner à la culture du froment qui forme aujourd’hui la base de l’assolement dans toutes ces communes, que c’est seulement au moyen de la marne que l’on a pu y faire venir le trèfle et les autres fourrages artificiels et par la suite y élever des bestiaux de race un pari supérieur considérant qu’il est à la connaissance personnelle de la plus part des membres du Conseil qu’avant l’emploi de cet engrais la commune de Saint-Solain en particulier n’avait que de chétives récoltes d’avoine, seigle et blé noir, tandis qu’aujourd’hui le froment, l’orge, le trèfle, le colza réussissent, que les tous y ont doublé de valeur locatives et vénales, ce qui par suite a doublé le revenu des droits de mutation pour le gouvernement, qu’une grande partie des habitants ne doivent qu’ la marne d’être passé d’un état d’indigent à une position aisée qui élève nécessairement le produit des impôts indirects. Le Conseil peut affirmer que la privation des marais de la Pétrole serait la ruine de sa commune et du pays. Le Conseil répondant aussi à une objection de M.l’ingénieur qui prétend que les marais de la Pétrole seront promptement épuisés et que la marne y est d’inférieure qualité depuis la construction de l’écluse. Il est certain que l’écluse du t-elle toujours être maintenue il faudrait encore des siècles pour épuiser ces marais. Quant à la qualité de la marne une analyse chimique a démontré que si maintenant elle contient moins de parties salées elle conserve autant de principes calcaires engrais que tous les agriculteurs savent être plus durable et que par conséquent les principaux avantages en subsistent encore. Les avantages sont doublement démontrés par la constance avec laquelle les laboureurs de nos communes vont y chercher la marne, et ils lui trouvent encore une nette supériorité sur tous les autres engrais, que maintenant même ils s’imposent d’assez grandes dépenses pour réparer des chemins conduisant exclusivement aux marais parce qu’alors elle sera facilement et sans frais à la portée de tous et surtout à celle du petit propriétaire. Il n’y aurait au contraire que le riche qui pourrait faire les avances nécessaires pour aller chercher de la marne en aval de l’écluse au moyen de chalands, et encore il faudrait supposer, ce qui n’est pas, que les autres communes puissent permettre l’enlèvement de la marne sur leurs marais. Considérant en résumé que rien ne saurait dédommager la commune des conséquences désastreuses qu’aurait pour elle l’inondation des marais de la Pétrole que sur le point de vue commerciale, la nature des importations et exportations du port de Dinan ne réclame que le petit cabotage, que d’ailleurs sous le rapport de la navigation l’exhaussement du déversoir du Châtelier ne parera à aucun inconvénient puisqu’il ni les obstacles qui se trouvent en aval ni l’envasement constant en amont, le Conseil municipal de la commune de Saint-Solain est d’avis de réclamer et de protester de toutes ses forces contre l’exécution du projet présenté par M.l’ingénieur en chef du canal d’Ille et Rance pour l’exhaussement du déversoir de l’écluse du Châtelier. Arrêté que monsieur le maire transmettra une expédition de la présente délibération à la commission d’enquête par l’intermédiaire de M.le Préfet, une autre à M.le Directeur général des Ponts et chaussées et une troisième à M.le Ministre du Commerce et des Travaux publics.

Suite à l’exhaussement du déversoir de l’écluse du Châtelier toute une grande partie du marais de la Pétrole sera en effet submergée puisque la commune de Saint-Solain ne fut point entendue. Les seconds plans cadastraux de la commune de Lanvallay montrent en effet l’inondation de toute une partie de ces marais à savoir toute la bande en limite du territoire de Saint-Helen; restera seule exploitable la partie du marais en limite du territoire de Lanvallay.
Celle-ci d’ailleurs restera exploitée jusqu’en 1845, soit 1 an après la réalisation des dits plans eux réalisés en 1844, puisqu’un dernier épisode marquant la vie tumultueuse des marais de la Pétrole sera de nouveau l’objet d’une réunion du Conseil municipal de Saint-Solain convoqué que sera ce Conseil le 03/07/1845 à 6.00 heures du matin. Cet ultime épisode concernera une décision prise par Monsieur le Préfet en personne lequel, en cette même année 1845, décidera de SPOLIER définitivement au travers de la commune de Lanvallay les autres communes de Pleudihen, de Saint-Helen et Saint-Solain de leurs droits légalement hier assis sur les dits marais de la Pétrole (cela via l’indivis hier établie par le dit sieur de la Morvonnais).
Malgré le fait que ces quatre communes fussent en indivis propriétaires de ce qui restait de ces marais, cela par la donation qui leur fut fait le 7 fructidor de l’an 7 par le sieur Michel de la Morvonnais, monsieur le Préfet décidera en effet de rendre à la mer l’ensemble des marais toujours présents en la limite du territoire de Lanvallay ; du jour au lendemain, malgré un faux espoir apporté par le Conseil d’Ille et Vilaine, et cela il est vrai par une véritable spoliation d’état imposée par un arrêté préfectoral des Côtes du Nord, ce bien municipal établi en indivis entre plusieurs communes devint définitivement le 18/06/1845 le seul bien du Domaine et donc de toute la région.

Cette spoliation voulue et faite par l’Etat au travers de son préfet sera faite malgré deux dernières lettres de contestation lesquelles seront émises par le Conseil de Saint-Solen le 03/07/1845 et pour la deuxième le 02/11/1845 ; en ces dernières lettres de réclamation, longues lettres emplies d’arguments forts étayés, les membres du Conseil essayeront, cela via une demande transitant par monsieur le Sous-préfet, de « casser » l’arrêté ou l’autorisation du projet du déversoir accordée par monsieur le préfet lui-même . Ce dernier sursaut restera cependant vain et donc sans fruit.

Ainsi la commune de Saint-Solain fut t-elle spoliée de ses droits les plus fondés et incontestables par une seule décision émanent d’un Préfet prenant personnellement fait et cause pour le seul intérêt apporté par le développement portuaire du port de Dinan ; ainsi dans ce long combat ayant eu lieu, et ayant opposé un pot de terre contre un pot de terre, disparaitra pour un certain temps, dans la continuité d’une décision prise à l’encontre des seuls intérêts de Saint-Solain, la culture du trèfle ici si importante pour l’élevage des chevaux et des vaches laitières ce légumineux aimant les sols argilo-siliceux.
Quelques années après toutes ces péripéties et lettres échangées les qualités nouvelles de l’utilisation de la chaux, cela au travers du chaulage des sols acides, parviendra au lendemain de cette décision prise à remplacer tous les bienfaits hier apportées par la seule vase de mer. Lettre originel première : Séance extraordinaire du 3 juillet 1845 d’après l’autorisation de M.le Sous-préfet en date du 27 juin 1845.L’an mil huit cent quarante cinq, le troisième jour du mois de Juillet à 5 heures du matin, le Conseil municipal de la commune de St-Solain, réuni au lieu ordinaire de ses séances. Un membre dit que le maire de Lanvallay a récemment reçu un arrêté de M.le Préfet qui retire la Pétrole du territoire de Lanvallay pour être rendu à la mer; c’est à dire que ce marais appartient désormais au Domaine ce qui dépouillerait les communes du droit qu’elles ont sur ce marais, droit qu’elles avaient conservé jusqu’à ce jour par une jouissance immémoriale et non interrompue. Considérant que M. Michel Morvonnais propriétaire du marais de la Pétrole par acte authentique, fait un abandon de ce marais aux communes de Pleudihen, St-Helen, St-Solain et Lanvallay le trente fructidor an 7, dont les titres sont enregistrés aux mairies des communes de Pleudihen, St-Helen, St-Solain et Lanvallay, les originaux demeurant aux mains de la famille Morvonnais,le Conseil demande que les droits qui ont été conféré à la commune de St-Solain sur le marais de la Pétrole par le propriétaire lui soient maintenus et prie M.le Préfet de faire droit à la présente. Fait en mairie à St-Solain le 3 juillet 1845. Pour copie conforme au registre.
Lettre originelle seconde : L’an mil huit cent quarante-cinq le deuxième jour du mois de novembre, le Conseil municipal de la commune de Saint-Solain, réuni au lieu habituel, sous la présidence de Mr le Maire, pour la tenue de la session ordinaire du 4ème trimestre de 1845, et au nombre formant la majorité des membres en exercice : Mr le Maire a exposé que déjà il avait prévenu le Conseil que Mr le Préfet des Côtes du Nord après un arrêt en date du 20 juin dernier, portant en autres dispositions que la marais de la Pétrole, situé sur la rive droite du grand mur de la Rance, est déclaré faire partie du Domaine de l’Etat, et que la réclamation adressée le 3 juillet par la commune est restée sans résultat. Monsieur le Maire a observé en second lieu que quelques-uns des journaux de la localité ont annoncé que le projet d’exhaussement du déversoir de l’écluse du Chatellier qui, en submergeant cette grève dans toute son étendue, porterait le coup le plus funeste à l’agriculture de la contrée, projet auquel on semblait avoir renoncé, doit être fourni à la fonction des Chambres à l’une des prochaines cessions, qu’un avis favorable à ce projet a été surpris au Conseil général des Côtes du Nord, tandis que celui d’Ille et Vilaine m’ayant éclairé a, dans différentes sessions, annoncé un avis tout contraire. Monsieur le Maire a invité en conséquence de Conseil municipal à délibérer sur la question de savoir s’il ne convenait d’obtenir l’annulation de l’arrêté de monsieur le Préfet et ce dans le cas d’exhaussement du déversoir et de submersion du marais de la Pétrole; la commune de St-Solain ne doit pas justifier la propriété du droit de puiser dans le susdit marais la quantité de marne nécessaire pour fertiliser les terres de la commune; propriété qui lui est assurée par les titres les plus incontestables, et si elle ne doit pas former en justice une action d’indemnité pour l’expropriation de ce droit, de l’exercice duquel dépend la prospérité de toute la commune. Le Conseil considérant que le droit de prendre à perpétuité de la marne salée dans la marais de la Pétrole est assuré à la commune de St-Solain par acte de concession du 3 fructidor an 7, consenti par feu sieur Jacques Jean-Michel de la Norvonnais , acte de concession dont copie certifiée se trouve inscrite à cette date sur le registre de délibération de l’Autorité municipale de cette époque. Que les droits du sieur Michel de la Morvonnais à la propriété de ce marais résulte d’un acte d’accensement du 30 juin 1780 passé en exécution d’arrêt du Conseil, par les commissaires du Roi chargés de l’aliénation des portions du Domaine de sa Majesté, que cet acte d’accensement fut enregistré par Arrêt de la Chambre des Comptes de Bretagne en date du 24 mars 1781, dont expédition authentique se trouve déposé en l’Etude de Maitre Deroyer à Dinan. Considérant que les habitants de la commune de St-Solain ont toujours depuis l’acte de concession du 30 Fructidor an 7 joui sans trouble du droit de prendre dans ce marais un engrais à l’emploi duquel ils doivent leur aisance actuelle, et ont vu par cet usage tripler les produits de leur agriculture, que s’ils venaient à être privés de cette ressource toute une prospérité viendrait à disparaitre et avec elle les avantages les avantages qui en résulte pour l’Etat, par les droits d’enregistrement et par les contributions directes, parce qu’il est impossible de remplacer cet engrais qui devient dans ce pays la force de toutes les autres, en y rendant seul possible les prairies artificielles et surtout la culture du trèfle. Ainsi une population occupant le territoire de sept à huit communes, dont les cinq sixième ne trouve leur existence que dans la petite culture d’un ou deux hectares, serait ruinée par la submersion de marais de la Pétrole et les propriétaires de fermes verraient leurs revenus réduits de moitié. Considérant que ce serait essayer d’atténuer l’immense préjudice porté à la contrée par la submersion de la Pétrole, on a voulu faire naitre l’idée qu’il existe en aval de l’écluse du Châtellier une quantité de marne suffisante pour les besoins du pays, cette assertion ne peut être et ne repose sur aucun fondement puisqu’il n’existe sur la rive droite du bras de la mer en aval de l’écluse, de couches de marne de quelque importance qu’à plus de 8 kilomètres de la Pétrole et à plus de douze de Saint-Solain; encore ces dépôts sont-ils d’un accès fort difficile par l’état des chemins qui y conduisent, tandis que le marais qui devrait être submergé, situé à un kilomètre de deux routes royales, est d’un abord très facile pour les voitures. Qu’il est vrai que le transport de vase de mer peut avoir lieu en bateaux ou allèges ce ne peut être que pour quelques points éloignés de la mer où cet engrais n’ayant jamais été employé produit un grand effet quoique répandu en petite quantité, mais que ce moyen, pour les terres habituées à cet engrais et qui pour cette raison exige une bien plus grande quantité pour soutenir la production au même niveau, serait une énorme imposition dont en peineraient les cultivateurs. Considérant en résumé que le marais de la Pétrole a cessé depuis 1780 de faire partie du Domaine public et fait depuis l’an 7 la propriété privée de quatre commune, Pleudihen, Saint-Helen, Saint-Solain et Lanvallay, cette dernière représentant la section de Saint-Piat qui a été détachée de Pleudihen, que nul ne peut être privé de sa propriété sans une juste et préalable indemnité, que l’arrêté par lequel monsieur le Préfet a déclaré que le marais de la Pétrole serait rendu à la mer, dépouillerait la commune se Saint-Solain d’une propriété sur laquelle elle a les droits les plus fondés et que l’exécution du projet de l’exhaussement du déversoir du Châtellier annulerait complétement. Le Conseil municipal arrête en conséquence qu’une expédition de la présente délibération sera adressée par l’intermédiaire de monsieur le Sous-Préfet à monsieur le Préfet pour qu’il veuille bien reporter l’arrêté qui porte atteinte aux droits de Saint-Solain, donner son avis que sur l’objet de la réclamation de cette commune, et l’autoriser à intenter toute action nécessaire à l’effet d’obtenir une juste indemnité en raison de la perte ou de la réduction dans l’exercice d’un droit de propriété incontestable et la plus essentielle pour la prospérité de l’agriculture dans la dite commune, préjudice que lui cause l’établissement de l’écluse du Chatellier. Que l’écluse du Chatellier a déjà réduit l’exercice de ces droits. Fait à Saint-Solain les mêmes jour et mois que devant. Julien Gabillard maire, Amédée de Ferron, Jean Lorre adjoint, Joseph Heuzé, Jean Rouault, Joseph Hué, François Houitte, Quedégnet.

Peut être une image de nature, lac et arbre
La digue métallique retenant la marne sédimentaire à Chantoiseau

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La plaine d’eau de Chantoiseau