Les vaches de Jean-Baptiste.

Peut être une image de plein air et monument
Vers 1910 le vieux pont et les vaches de la ferme des Clos. Aujourd’hui celles-ci ici mêmes à jamais ont disparu à l’image de toutes les pierres « repousse charrettes » jalonnant le vieux pont de part et d’autre.

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Je me souviens quand je découvris véritablement le port de Dinan-Lanvallay…

C’était en 1976 et j’avais tout juste 19 ans et à l’époque, toujours neuf et innocent, j’avais plein de rêves ancrés au plus profond de la tête. En l’absence de ces mêmes rêves que me reste t-il aujourd’hui hormis certains souvenirs !

La ferme des Clos existait toujours en tant que ferme et en était le « seigneur » , le maistre des lieux, Jean-Baptiste, Jean-Baptiste Brugalay. En 1976 quelques fois on y allait encore y chercher du jeune lait à la jarre, du jeune lait souvent chaud et frais sorti peu avant du pis lui même (Jean-Claude Berthault se souvient enfant des moches de beurre tous fait à la ferme, moches de beurre ceinturés sur tout leur pourtour de petits dessins géométriques).

Autour de sa ferme proches des Salles, mais aussi faisant face au vieux pont, n’étaient que champs et terres de la ferme, champs cultivés et cultivables, et donc sols toujours travaillés. Les vaches de Jean-Baptiste en ce lieu encore naturel, encore féerique et toujours socialement très humain, étaient omniprésentes dès le premier beau jour paissant du matin au soir jusqu’aux dernières heures de l’automne. Allant très souvent à pied à la Vieille rivière, n’ayant encore aucune voiture, je croisais très souvent leurs regards toujours doux et presque feutrés.

Devant un tel bétail presque « humain » et n’ayant pour seul véhicule que mes propres pieds, libre en ce port comme Max à l’image de ces quatre pattes, tout est relatif il est vrai, j’y ai fais mes toutes premières photos, mon apprentissage photographique en quelque sorte ayant pour seule arme un vieux Reflex professionnel accompagné d’une cellule « lux mètre » toute aussi vieille. Ah ! les vaches de Jean-Baptiste !

Certains après-midi, l’été notamment, elles enjambaient la Rance en traversant le vieux pont; devenues « vaches dinanaises » le temps d’un instant toujours éphémère elles longeaient le quai sur toute sa longueur regardant avec nonchalance, ou indifférence peut-être, voitures ou piétons. Le quai résonnait un peu sous le bruit de leurs multiples sabots et au son de quelques échos elles s’en allaient rejoindre la petite plaine emplie d’herbes grasses, petit champ assis au pied du ruisseau de l’Argentel face à l’ancien petit octroi, herbes vertes poussant dans la petite boucle où commence toujours aujourd’hui le séculaire chemin de la Fontaine des eaux.

Pourrait t-on toujours CONCEVOIR AUJOURD’HUI de voir de nouveau des VACHES à la queue leu leu marcher tout le long du quai de Dinan !

En 1994 jeune artisan ici même installé un matin Jean-Baptiste m’appela pour un dépannage électrique et j’ai toujours en moi aujourd’hui l’image de sa cuisine longue et froide. Vers 1996, Jean-Baptiste méritant une retraite réellement dû laquelle s’avérera cependant être plus éphémère que ne le sont les rêves, vendra avec son épouse sa ferme pour aller s’installer en le bas de la rue de la Prévallay en Lanvallay. Après le départ de Jean-Baptiste la ferme restera quelque temps vide de toute vie, vide de toute vache, vide de toute chose hormis le silence seul alors réel occupant, restera seule par tous abandonnée avant d’être reprise par le Conseil général de Bretagne cela de mémoire vers 2000 ; et ainsi la ferme de Jean-Baptiste fut transformée en Maison de la nature. Invité à son inauguration comme riverain du port je garde en mon souvenir d’y avoir croisé monsieur Roger Gicquel pour moi « immense journaliste » ; me tenant alors au plus près de lui je regrette aujourd’hui ne pas avoir alors oser lui dire O! combien pour moi hier il fut un homme important puisque très humain. Roger Gicquel décédera en son domicile de Plouër sur Rance en 2010… En 1999, les fondations du grand hôtel du Jerzual ayant déjà été creusées là où aussi hier s’étiraient les terres de la ferme, le port de Dinan fut presque envahi sous les eaux de la rivière.

Aujourd’hui la ferme de Jean-Baptiste est donc devenu un musée de la nature, une «maison» de la nature il est vrai mais un musée qu’en même et non plus une véritable ferme avec veaux, vaches et laits tirés au pis.

Cette métairie en la seconde moitié du XX siècle, au lendemain de 1936 au plus tôt, sera le bien professionnel de monsieur Édouard SORNIARD PATRON de la ferme. Edouard cependant décèdera jeune, vers 40 ans seulement, laissant ainsi seule à la ferme sa jeune épouse devenue veuve, madame Sorniard; celle-ci sera aidée dans sa rude tache de « fermière-maraichère » par un employé, monsieur Roger Voidic. Cette collaboration semble avoir durée quelques 10 années avant l’arrivée de Jean-Baptiste Brugalais. De son épouse Edouard aura pour enfants Gilbert et Denise-Marie-France ; celle-ci prendra pour époux notre dit Jean-Baptiste Brugalay lequel, alors cultivateur à Lanvallay, par sa femme héritier de cette ferme et de ses terres ainsi entrera en possession de celles-ci ; peu avant la venue de Jean-Baptiste en cette ferme Roger Voidic entrera comme employé municipal à la ville de Dinan. Jean-Baptiste sera ici même au port de Dinan-Lanvallay le tout dernier fermier possesseur de cette ancienne métairie. A noter la présence derrière la ferme d’un petit camping privé bien d’Edouard lui même, camping privé possédant toutefois deux cabanes en bois ancestres des actuels sanitaires présents aujourd’hui en nos campings (Edouard Sorniard semble devoir acquérir cette ferme, terres comprises, de monsieur Leonard Bodard époux de Marie-Thérèse Cornillet tous deux dits « maraichers » au « Clos » en 1931 parents alors que sont ces derniers de René et de Léon Bodard tous deux respectivement nés à Dinan en 1907 et 1908 ; en 1936, ici même toujours présents, Leonard et Marie-Thérèse seront tous deux dits de nouveau « maraichers ». Léonard Bodard né en 1880 vit le jour à Saint-Jean sous Vilaine ; Marie-Thérèse son épouse verra quant à elle le jour à Saint-Alban aussi en 1880) .

Ainsi la ferme des Clos sous Edouard faisait aussi camping à la FERME !

Plus jamais le vieux pont ne résonnera dorénavant sous les sabots des vaches. Parfois toute cette poésie me manque, les vaches de Jean-Baptiste me manquent souvent aujourd’hui il est vrai.

Peut être une image de plein air et arbre
L’Ancienne ferme de Jean-Baptiste ou l’ancienne métairie des Clos. L’étable pour les vaches, avec logement sur le dessus, était la première porte ici à gauche l’habitation étant elle en le grand corps du milieu
1999
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