Le port de la Courbure à Baudouin et son chantier à bateaux.

Entre 1816 et 1870.

Le port de la Courbure à Baudouin et son chantier à bateaux.

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Le port de la Courbure après la réalisation du percement du rocher d’Alcais à Baudouin.
Ce percement sera réalisé entre 1809 et 1811.
Dessin réalisé, à la plume en la seconde moitié du XIX siècle, en 1835
Ce tableau à la particularité de montrer un bateau ici même en construction, des ouvriers œuvrant à sa coque, ainsi qu’un autre petit bâtiment, à savoir le magasin assis au bord même de la rive.
A remarquer aussi la fumée probablement émise depuis le long four à cintrer le bois à chaud; le fourneau ici en ce dessin ne peut pas être vu puisque en effet il est situé au derrière même du bateau. Aquarelle de Victor Aubry.

 

L’année 1374 pour certains historiens sera l’année en laquelle apparaitra pour la toute première fois la citation de la terre de la Courbure.
La Courbure en 1844 est déjà une ancienne courbe naturelle de la rivière de Rance encore presque entièrement pleine de ses eaux ; elle est alors toujours en Taden et ainsi elle se positionne à l’entrée du port de Dinan.

Des eaux plus souvent maritimes que de rivières contournaient encore hier, en ce même endroit, un immense rocher nommé le « Rocher de la Courbure » celui-ci étant nommé aussi « le Rocher d’Alcaïs » dans le roman de Patira.
Ce rocher géologiquement, depuis les temps les plus reculés, ici même en cet endroit fluvial terminait de son extrémité le haut plateau de Taden ; par sa seule présence depuis des temps aussi lointains, et cela jusqu’au début du XIX siècle, il séparera naturellement l’actuelle plaine fluviale de Taden du port de Dinan assis quant à lui au fond de son estuaire, port cité dès la fin du XI siècle au travers de son pont alors déjà existant il est vrai (Le pont de Dinan sera effectivement cité sur l’acte de fondation du prieuré du pont à Dinan et sera aussitôt appelé : « le prieuré du pont à Dinan ». Et qui dit pont dit « présence humaine ». n’est-ce pas ? De toute façon le prieuré du pont à Dinan fut voulu par le seigneur de Dinan afin de pouvoir recevoir en ses propres murs tous les moines alors en errance permanente sous les murs du château. Mais cela est une autre histoire…).

Cette courbe, courbe plurimillénaires qui sera appelée par sa propre mort fluviale « la Vieille Rivière », a été rattachée d’une façon définitive à la commune de Lanvallay par un décret rédigé en avril 1847 ; la jeune commune de Taden, propriétaire de celle-ci en effet, n’avait plus aucune raison de la garder sitôt le petit canal de la Courbure réalisé.

Et c’est ainsi que Taden rétrocéda à une autre jeune commune cette même courbe naturelle et toute la terre y étant enfermée rocher compris ; et c’est ainsi que Lanvallay, aussitôt un certain décret voté, se retrouva être agrandie d’un rocher, d’un méandre et d’une rivière déjà dite vieille; et c’est toujours ainsi qu’un jour une petite chapelle quitta sa terre multiséculaire pour se retrouver sur une terre nouvelle et tout cela sans bouger seulement d’un seul millième.
En effet depuis la réalisation du canal de la courbure, nouvelle frontière séparatrice artificiellement réalisée, la Courbure de Taden de fait était devenue une épine, une enclave territoriale en la jeune commune de Lanvallay.

Le méandre en cet endroit de la rivière de tout temps présenta pour le port commercial de Dinan un certain problème, ou un problème certain, et cela aussi bien par la nature même de ses eaux ici très souvent  marécageuses que pour le seul temps toujours nécessaire pour entrer dans ce port, pour pouvoir y entrer mais aussi pour pouvoir en sortir.

Au moyen-âge du (au) port de Dinan, cela au gré des flux et reflux de la mer, déjà entraient et sortaient moult fournitures dont notamment les « draperies » de Dinan lesquelles pour certaines, à peine arrivées à Saint-Malo, repartaient de suite pour Cadix ou bien pour des contrées encore plus lointaines tels les Amériques ( Ainsi Christophe Lesné né vers 1650, sieur de Pelineuc en Lanvallay, capitaine de la ville de Dinan, lequel Christophe sera inhumé le 07/01/1703 aux Jacobins de Dinan, lui verra le jour au Royaume de Lima. Les ateliers de filatures de lin très tôt furent omniprésents dans toute la région de Dinan dès le XVI siècle même si la très grande majeur partie de ces mêmes ateliers étaient par définition tous artisanaux, pour ne pas dire tous familiaux ; en effet pour ne parler que du port en Lanvallay les actes du XVII siècle, un peu plus tard il est vrai, nous apprennent pour certains que la plupart des maisons assises en la rue de l’Abbaye toutes possédaient en leur derrière « courtil » pour le chanvre ou le lin. Dès le XIII siècle la présence de « blanchisseurs » œuvrant au pont de Dinan pour le prieur du prieuré du pont est en effet attestée au travers d’une procédure judiciaire qui sera portée à l’encontre du dit prieur par ses propres blanchisseurs ; pot de fer contre pot de terre ces derniers perdront leur procès mais cela est une autre histoire).

Dès les premières heures du XVIII siècle le port de Dinan semble devoir connaitre un accroissement économique et social certain puisque toute une population bourgeoise ici même présente au pied de son prieuré, bourgeoisie très souvent de « Robe », va presque du jour au lendemain à jamais disparaitre pour laisser la place à toute une nouvelle classe sociale, celle-ci ouvrière avant toute chose; ainsi subitement vont apparaitre au port de Dinan (Même si de tout temps il y eu probablement des tisserands) des tanneurs et mégissiers, des fer-blantiers, des charrons et maréchaux-ferrants, des maréchaux sur routes et des forgerons, des loueurs de chevaux ou conducteurs de voiture à coches, des tonneliers etc.(sera même décidée en la grande auberge de la Croix-Verte par le sieur Lerenec de la Villeameline en Tressaint, cela sous les instances appuyées de son ami académicien Duclos alors déjà maire de Dinan, l’ouverture de la toute première liaison à côches devant relier Dinan à Rennes).

Le XIX siècle lui verra l’établissement au port de Dinan d’une grande manufacture de lin, celui de trois fours à chaux ainsi que celui d’une grande briqueterie.
Et ainsi tout au long du XVIII siècle, et aussi pendant un pan entier du XIX siècle, le port de Dinan en plus de tous les  bruits nés de son propre réaménagement portuaire résonnera en effet de façon presque permanente aux sons des pics et des marteaux, aux bruits des échos s’envolant des enclumes violemment martelées le port toujours en le moindre de ses recoins vibrant comme seules les feuilles vibrent en tremblant sous le souffle du vent.

Le port alors était en plein essor économique.

L’activité du lin, un pan économique alors certain de Dinan, son port inclus, va cependant très vite connaitre le début de son propre déclin, et cela dès la seconde moitié du 19ème siècle, lorsque va apparaitre en effet la grande vapeur révolutionnaire et toute son utilisation.
Ainsi le 29 décembre 1879 la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest s’assoira aussi à Dinan ; elle sera elle même accompagnée par toute une nouvelle activité professionnelle. 
Le canal d’Ille et Rance enfin terminé en 1833 eut lieu la première liaison Dinan-Saint-Malo en bateau à vapeur et cela à titre d’essai ; l’industrie du lin hier encore florissante à Dinan, notamment pour les besoins de la marine à voile, était en effet inéluctablement condamnée à disparaître sans pour autant véritablement impacter la navigation fluviale par elle même puisque par la rivière arriveront toujours à Dinan, les bois, les engrais, le sel, le cidre, les céréales etc.  

La venue en le port de Dinan des premiers bateaux à vapeur fera qu’arriveront et partiront alors régulièrement de Dinan les Dimanches et jours de fêtes de nouvelles marchandises elles humaines…le Dinan touristique lui alors seulement naissait mais l’Activité professionnelle avec un grand A majuscule continuait à être, et donc toujours était .

La Courbure depuis des temps très anciens a possédé au creux de sa boucle, assise au pied de son rocher, une petite chapelle placée sous la protection de Notre Dame de Bon Réconfort.
La première mention de sa présence en ce lieu remonte en l’année 1330 ; elle relevait au début du 17ème siècle du Chapitre de Saint-Malo et ce dernier, chaque Dimanche, devait y faire célébrer une messe dite « basse » moyennant une redevance de 14 boisseaux de froment (lors des messes basses le prêtre marmonnait des paroles indistinctes qui n’étaient pas destinées à être entendues par l’assistance).
Ces derniers représentaient 7 hectolitres environ et cette redevance était à la charge des propriétaires des terres et des maisons de Baudouin (La terre de Baudouin comprenait sa Maison noble et sa métairie, elle aussi noble, ainsi qu’un moulin à tan dit de Baudouin ; le tout sera accompagné de dépendances. Le moulin connaitra en 1819 une première colère dévastatrice, celle d’un incendie ravageur. Reconstruit, ou rebâtit il sera entièrement emporté et ainsi détruit à jamais par une forte inondation; cela se passera en la première moitié du 20 siècle. Le moulin à tan ayant lui disparu l’ancienne maison noble de Baudouin, y compris sa métairie hier aussi noble, est aujourd’hui un ensemble de gîtes la ferme ayant à jamais disparue. Reste toutefois pour toutes anciennes dépendances, dans son état presque premier, que l’ancien très bel entrepôt assis proche de la rivière. Présent dès l’année 1844 ce bâti ou ce grand entrepôt ne fut jamais un octroi puisque celui-ci était assis en effet à l’extrémité du quai là ou aujourd’hui se dresse la « Petite Vignolette » , petite maisonnette assise juste sous la gueule béante de l’ancien four à chaux et y contenant aussi ses bureaux. En la façade principale du logis de Baudouin, hier noble, se trouve être toujours aujourd’hui des Armoiries enfermées en un quadrilobé ; ces Armoiries sont peut-être celles des sieurs de Launay de Carheil possesseurs du château de Carheil mais aussi possesseur de Baudouin au tout début du XVIII siècle ; malheureusement celles-ci à la Révolution furent martelées. Au milieu de XX siècle, vers 1960, ferme que toujours alors elle était, cette ancienne métairie était le bien agricole de la famille Simon le chef de cette famille emmenant souvent ses vaches de l’autre côté de la rivière, à la Courbure elle même, terre relevant toujours de sa ferme quand le dit petit canal de la Courbure n’existait pas encore. Cette Maison noble avec sa métairie fera ici l’objet d’un chapitre attitré).

Cette chapelle, dont un acte de vente date de 1795 lorsque Baudouin sera vendu comme « bien national, était déjà fortement dégradée en 1640.
Monsieur Yves Collet, alors propriétaire des terres et maisons de Baudouin, entra en opposition avec le Chapitre de Saint-Malo lorsque celui-ci refusera de la remettre en état ; sa requête enfin entendue Monseigneur Achille de Harlay, évêque de Saint-Malo, obligera les chanoines de la paroisse de Saint-Malo de Dinan à procéder à la restauration de ce lieu alors toujours Saint. Quelques années après, à savoir 7 ans, donc en 1647, le chapitre de Saint-Malo de Dinan obtint l’autorisation de déplacer en le reconstruisant cet édifice à l’emplacement où le positionne l’un des plans cadastraux de 1844. 
Ce nouvel édifice religieux était malheureusement condamné à tôt disparaitre puisqu’en 1857 il n’en restait déjà plus qu’un simple pan de mur tout ruiné lui aussi.

Cette chapelle est également citée par Raoul de Navery, femme écrivaine et auteur du roman de Patira ; cette œuvre sera rédigée en 1875.
Cet ouvrage littéraire relate l’amour tragique lequel, à l’aube de la Révolution française, eut lieu entre Tanguy et Banche de Couëtquen enfant du seigneur de Couëtquen ; cette histoire forme une trilogie dont la seconde partie entre en relation directe avec le trésor de l’Abbaye de Léhon caché dans les souterrains de sa dite abbaye.
Avant de se donner la mort, peu de temps après avoir perdu Blanche son unique amour, Tanguy viendra en effet une toute dernièrement fois se pencher au devant de notre Dame de Bon Réconfort avant de s’offrir à la berge de la Rance du haut d’une falaise dont les formes étranges emplissaient alors les gens d’effroi …Ses regards se portèrent vers la droite sur un petit temple dont le seuil descendait vers les roches de la rive. Souvent, le Dimanche, les pécheurs de la Rance s’y rendaient pour remercier la vierge de les avoir sauvés pendant la tempête…une année à peine s’était écoulée et Tanguy revoyait seul les murs de Notre Dame de Bon Réconfort…

Peut être de l’art
Au port de la Courbure en ce tableau sont représentés deux grands bateaux ensemble en cours de construction.
Ici est le chantier naval présent en ce port assis sous le regard bienveillant du château de Grillemont ; ce tableau fut probablement exécuté probablement dans le milieu du 19ème siècle mais malheureusement ce tableau lui aussi est « non signé ».

Il nous montre également ici même l’amorce du méandre et nous met en évidence sa condamnation par la réalisation d’une petite passerelle jetée au dessus de la rivière pour les besoins probables du chantier naval un échelage y étant en effet représenté.
L’exécution simultanée ici même de deux bateaux impliquait forcément toute une pensée logistique, impliquait forcément toute une organisation elle aussi logistique.
La vieille rivière était désormais inéluctablement déjà née.

Cause première en la région de Dinan de l’amorce du déclin de l’industrie du lin, déclin amorcé aussi par la chute de la vente de la voile à bateaux, la navigation à vapeur était née également en le port de Dinan ; le port de Dinan connaîtra en effet dès l’ouverture du Canal d’Ille et Rance un nouvel essor lié quant à lui à une nouvelle navigation de transport fluvial, beaucoup plus importante celle-ci, surtout beaucoup plus régulière les bateaux de transport y dépassant dorénavant un certain tonnage (La réalisation d’un râtelier à l’écluse du Châtelier amènera en effet une hauteur d’eau plus importante en la plaine fluviale de Taden et au port de Dinan lui même le canal d’Ille et Rance ayant lui créée cette même plaine d’eau désormais permanente) .

Non représenté sur les premiers plans cadastraux de 1811, apparaissant dans la continuité de la réalisation du canal d’Ille et Rance inauguré ici au port de Dinan en 1832, un chantier à bateaux s’établira ici même à la Courbure avec toute l’infrastructure professionnelle nécessaire à son bon fonctionnement.
Celui-ci, alors bien professionnel du sieur Michel en sa première heure , semble devoir ici même s’établir peu après 1811 puisque en 1816 sortira de ce chantier le slopp « Bonne-mère » jaugeant les 29 tonneaux ( S’étirant sur une plaine d’environ 6000 m² le chantier de monsieur Michel faisait travailler environ 90 personnes certains enfants ici même eux aussi œuvrant. L’année 1836 verra en ca chantier la réalisation de 4 bateaux, de quatre navires l’un d’entre eux contenant même les 300 tonneaux. Entre 1837 et 1839 sortiront ainsi de ce port aussi le trois mats « Stanislas » pesant les 500 tonneaux, le brick nommé « la Celestine » le port de la Courbure rivalisant ainsi fièrement avec les ports de Saint-Servan, de Montmarin, celui de la Landriais ou encore celui de la Richardais. Sources :Charles Montecot « la Fontaine des Eaux de Dinan. 2011. Edition « La Griffe du Temps).

Un pont de bois, dénommé « passerelle » sur le plan cadastral de 1844, sera pour ce faire aussi jeté au dessus de l’ancienne rivière depuis peu remplacée par le percement de l’isthme ; ce pont sur pieux de bois, réalisé au début du 19ème siècle, réunira ainsi la rive de Lanvallay au dit chantier à bateaux celui-ci étendant ainsi l’aire de sa propre activité au delà du vieux bras d’eau (soit en le bas des actuelles terres labourables situées en contre bas de la Landeboulou. Il reste toujours aujourd’hui à fleur d’eau encore quelques traces de ces pieux en ce même endroit de la rivière ).

Peut être une image de carte
Plan cadastral de 1844 de Lanvallay implantant les différents éléments professionnels du chantier à bateaux.
La tranchée commencée au lendemain de 1589, tranchée vu en 1636 par François-Nicolas Baudot, sieur du Buisson et d’Aubenay, tranchée étudiée de nouveau en 1647 afin d’être transformée en écluse pour recevoir à travers le rocher de la Courbure l’écluse n° 27 du tout premier projet relatif  à un canal devant relié dès le XVII siècle la Manche à l’Océan atlantique, n’est pas ici représenté (remarquez la présence de la petite chapelle de la Courbure).

A proximité de la chapelle de Notre Dame de Bon Réconfort on édifie ainsi un grand magasin, un long fourneau pour cintrer le bois à chaud ainsi qu’une forge dont le bâtit existe toujours aujourd’hui envahit qu’il est par les herbes et un lierre toujours étouffant ; Baudouin allait s’appeler désormais  « le port de la Courbure ».

Ce chantier à bateaux va cependant connaitre une vie toute relative, aussi relative que pouvait l’être alors la vie d’un four métallurgique ; en effet celui-ci dès les années 1870 avait déjà commencé à mourir, commencé à fermer.

En cet endroit, quelques dizaines d’années plus tard seulement, viendront s’entraîner les soldats du régiment des Dragons de Dinan. Certaines cartes postales anciennes les représentent ici à l’entraînement ; une carte postale toute aussi ancienne représente en autre l’isthme ouvert et le nomme la Tranchée de Tir.

Aujourd’hui voici la tranchée réalisée au lendemain de 1589 qui fut l’une des causes de la grande inondation portuaire de 1642 ; elle sera de nouveau étudiée au lendemain de 1647 en le rocher de la Courbure pour la dite écluse n°27 relative au tout premier projet devant réunir la Manche à l’Océan atlantique, projet qui sera finalement mené à terme en les toutes premières heures du XIX siècle avec la réalisation du canal d’Ille et Rance.

Peut être une image de mur de briques, plein air et arbre
Moitié du XIX siècle. L’ancienne forge du chantier à bateaux. 

 Dessin de la fin XIX siècle. Le rocher d’Alcaïs à la Courbure.
Gravure ancienne unique ; il n’existe aucun autre exemplaire. Collection privée.
Peut être une image de herbe, arbre et nature
L’ancien four à cintrer à chaud le bois
Peut être une image de nature
Ancien petit four à chaux servant à l’usinage des outils
Peut être une image de nature et arbre