
Sur les mêmes traces, les Curiosolites tracèrent leurs voies, bâtirent leurs villae, fondèrent un vicus.
Le chemin de Lestra reliait déjà la terre et la mer. Aujourd’hui, nous en ranimons l’histoire. Jean-Pierre – Elios Moy.»
❧ Ici s’ouvrent les traces anciennes de notre plateau côtissois.
Des enclos protohistoriques aux villae gallo-romaines, des gués de Léhon et du Port Josselin jusqu’au vicus de Taden, tout un paysage s’est construit dans la continuité des siècles.
Sommaire
– Les enclos de l’âge du Fer
– La voie de Lestra
– Le vicus de Taden
– Continuité, fonctions et formes des enclos
Introduction
Le plateau côtissois de Lanvallay n’est pas une terre vide : prospections aériennes et vestiges montrent un maillage d’enclos protohistoriques qui, dès l’âge du Fer, structuraient des micro-sociétés agricoles. Ces îlots se réorganisent à l’époque gallo-romaine en vicus et villae, reliés par des vias héritières de chemins bien antérieurs. Entre Corseul et le vicus de Taden, le chemin de Lestra joue le rôle d’arête centrale : il relie la capitale curiosolite à la mer et distribue les voies secondaires desservant Rennes, Alet et l’Avranchin.
Mise en continuité — du micro au macro
Le plateau côtissois de Lanvallay, ses enclos et ses traces d’habitat ne sont pas des îlots isolés : ils s’insèrent dans un réseau plus vaste reliant la capitale des Curiosolites, Corseul, aux ports de la Rance et aux voies qui desservaient toute la Bretagne antique.
Nos trois cartes montrent successivement :
1. la densité des enclos et points d’habitat sur le plateau de Lanvallay (micro-sociétés agricoles et transition âge du fer → gallo-romain),
2. l’échelle régionale entre Corseul et le vicus de Taden, avec ses voies principales et secondaires,
3. le détail du chemin de Lestra au niveau de Port Josselin / La Providence, vestige toponymique du latin strata.
Ce continuum chronologique et topographique illustre une transformation graduelle : des enclos de l’âge du fer émergent, se densifient puis se réorganisent à l’époque gallo-romaine en vicus et villae, le tout structuré par des axes de circulation — gués puis ponts, voies principales et embranchements secondaires — qui font du bassin dinannais un véritable carrefour terrestre et maritime.

Chaque point marque une découverte : enclos de l’âge du fer (E), tuiles/tégulae (T), objets divers (O) ou traces d’habitat (C).
L’axe majeur venant de Corseul franchit la Rance au gué de Léhon, gravit le plateau par la rue aux Ânes puis se divise à la Mercerie : vers Saint-Solen / Rennes, vers Port Josselin / Taden, ou vers la Guerche / Dol / Alet.
Autour de ce réseau, les enclos desservis témoignent d’une vie organisée dès l’âge du fer.
Gravissant les hauteurs de Léhon par l’actuelle rue Anne — autrefois la rue aux Ânes — la voie donc gagnait le plateau puis traversait les terres que nous connaissons aujourd’hui sous les noms de la Bruyère, la Mercerie, Saint-Nicolas, le Gué-Parfond, le Mézeray.
À la Bruyère, une voie secondaire menait vers Bel-Air (Champs Hingant, Ville ès Olliviers) ; une autre bifurcation conduisait au Puits Harel et redescendait à la rivière par la Croix Gohel.
Ainsi le plateau se dessine comme un damier ancien, où chaque toponyme garde la mémoire d’un passage ou d’une halte.
Les enclos de l’âge du fer
Six siècles avant l’âge du Christ, comment se présentait donc notre futur plateau côtissois aux yeux de l’homme qui y passait ou qui y habitait ?
De nombreux enclos de l’âge du fer furent découverts dans la région de Dinan grâce à des prospections aériennes menées il y a un peu plus de quarante ans.
Âge du fer : au lendemain de l’âge du bronze, cette période archéologique débute vers 800–700 av. J.-C. en Europe ; pour la Gaule, on retient plutôt 600 av. J.-C. Elle s’achève au cours de la première moitié du Ier siècle.
Par nature, ces enclos sont antérieurs à la civilisation gallo-romaine. Pourtant, certains verront s’élever en leur enceinte des villae romaines : la nouvelle culture s’installe souvent sur les traces de l’ancienne.
Dès l’aube de la conquête romaine (Rome fonde sa République au Ve siècle av. J.-C., et la conquête de la Gaule commence en 58 av. J.-C.), les premières voies gallo-romaines se superposent ainsi aux chemins naturels déjà pluriséculaires.
Pour la commune de Lanvallay, nous avons tenté d’implanter sur carte les différents enclos de l’âge du fer recensés, ainsi que les sites gallo-romains révélés par la prospection aérienne de 1989.
On y distingue nettement le tracé rouge d’une seconde voie gallo-romaine, issue de Corseul. Après avoir franchi la Rance à gué — à l’emplacement du pont actuel de Léhon — elle passait au plus près du temple de Mars, dressé au sud de la capitale des Curiosolites.
Gravissant les hauteurs de Léhon par l’actuelle rue Anne — autrefois appelée la rue aux Ânes, tant la montée était rude — la voie gagnait le plateau côtissois. De là, elle traversait en ligne droite pour se diriger vers Rennes, via Saint-Pierre de Plesquen, à la sortie du Mézeray, village voisin de Saint-Solen.
Pour atteindre ce point, elle parcourait successivement les terres que nous connaissons aujourd’hui sous les noms de la Bruyère, la Mercerie, Saint-Nicolas, le Gué-Parfond, et le Mézeray, avant de poursuivre en direction de Rennes.
À la Bruyère, une voie secondaire s’échappait sur la gauche vers Bel-Air, puis gagnait les Champs Hingant et la Ville ès Olliviers, lieux où deux enclos furent répertoriés.
Un peu plus en amont de la Bruyère, une autre bifurcation s’ouvrait sur la droite, menant vers le Puits Harel et redescendant ensuite vers la rivière par la Croix Gohel.
Là encore, chacun de ces points correspond à des sites ou à des enclos identifiés par les prospections.
Ainsi, le plateau se dessine comme un damier ancien, où chaque nom de lieu conserve la mémoire d’un passage, d’une halte ou d’une demeure.
En amont du Mézeray, une branche secondaire tournait sur la gauche et descendait par Saint-Piat pour rejoindre les directions du pays d’Alet(h) — aujourd’hui le Clos-Poulet — ainsi que celles de Dol et de l’Avranchin.
Une autre bifurcation, peu avant Saint-Piat, toujours sur la gauche, permettait de retourner sur Corseul via Taden et Dinan, en franchissant la Rance au gué du Port Josselin.
Au-dessus du Port Josselin, une voie secondaire remontait vers le plateau côtissois pour gagner le village actuel de la Lande-Boulou, puis se diriger vers Pelineuc, où plusieurs enclos ont également été répertoriés.
Ainsi, au Port Josselin se rejoignaient deux grandes voies principales, toutes deux parties de Corseul par son côté oriental :
– la première, au nord, par Dinan et Taden, correspond au chemin de Lestra ;
– la seconde, au sud, suivait un tracé parallèle. Elle atteignait un passage à gué situé tout près de l’abbaye de Léhon, fondée plusieurs siècles plus tard par la volonté du princeps Nominoë.
C’est là, à l’emplacement de l’actuel pont de Léhon, que la voie rencontrait la fameuse côte raide de la Rue aux Ânes. Le paysage se charge ainsi d’une continuité silencieuse : la même rive franchie par les hommes de l’âge du fer, puis par les Curiosolites gallo-romains, sera encore choisie par Nominoë pour y implanter une abbaye, comme si l’histoire savait toujours revenir sur ses passages les plus anciens.
Et au fil des siècles, le gué devint pont, le chemin se fit rue, et la pierre païenne céda place à la pierre chrétienne. Mais l’élan restait le même : franchir, gravir, relier. Comme si les routes anciennes, invisibles sous l’herbe et la mémoire, traçaient encore la marche des hommes

Depuis Corseul, deux grandes voies gallo-romaines s’élancent vers l’est et se rejoignent aux ports de Josselin et de la Providence, où s’élevait le vicus de Taden. En bleu : Quévert — en jaune : Taden — en orange : Léhon — en violet : Lanvallay. Une voie secondaire, depuis le Pont aux Planches, devait rejoindre Plouër (desservant Pleslin, Langrolay) et gagner Saint-Malo
En amont du Mézeray, une branche descendant par Saint-Piat rattrapait les directions du pays d’Alet(h) (Clos-Poulet), de Dol et de l’Avranchin. Peu avant Saint-Piat, une autre bifurcation permettait de revenir sur Corseul via Taden et Dinan par le gué du Port Josselin.
La voie de Lestra reliait surtout la cité des Curiosolites à la mer. Les produits débarqués au port actuel de la Providence étaient alors transportés par voie de terre jusqu’à Corseul.
En dehors des fortes marées, en amont du vicus, le niveau de la mer empêchait la remontée des marchandises par voie d’eau. Seules les marées d’équinoxe permettaient ce franchissement : le reste du temps, il fallait emprunter les vias terrestres.
Entre l’actuel port de la Providence — situé face au Port Josselin, entre l’Asile des pêcheurs et la cale de Taden — s’éleva très tôt une petite agglomération gallo-romaine. Probablement contemporaine de l’essor de Corseul, cette cité prit le nom de vicus de Taden.
Ainsi se sont très tôt assis en ces lieux tout un ensemble de maisons ou de bâtis divers, la plupart probablement agricoles.
En Taden, au plus près de la rivière, furent découverts des tessons de céramiques sigillées, datées entre le Ier et le IVᵉ siècle apr. J.-C.
Ont également été mises au jour plusieurs pièces de monnaies de la même période.
La prospection aérienne révéla, tout proches, plusieurs enclos quadrilatères, bien plus anciens encore.
La présence, ici même au bord de la rivière, de ces points de déchargement — probablement pour les matières premières venues de la mer — impliquait nécessairement l’apparition d’une agglomération, si modeste soit-elle, directement liée à cette activité portuaire. Ainsi naquit le vicus de Taden.
Et comme si toutes les époques s’emboîtaient les unes aux autres, sur ce même site gallo-romain furent également retrouvés des tessons de poteries protohistoriques.
(La « Protohistoire » désigne la période où les traditions d’une société se transmettaient uniquement de façon orale, avant l’apparition de l’écriture, laquelle varie selon les civilisations.)

Celui-ci au X siècle servira de carrière pour la construction de l’abbaye de Lehon.

Au débouché du Pont aux Planches en Taden voici ce qui reste originel de l’ancien chemin de Lestra reliant encore, au 19ème siècle, la petite ville de Corseul à Port Josselin en Lanvallay.
Hormis ce petit tronçon et son très court prolongement il ne reste presque plus rien aujourd’hui de ce très vieux chemin 2 fois millénaires.
Au plus près se trouve le petit manoir de campagne de Rigounan bien au XVIII du sieur Salmon de Fresne alors aussi possesseur des anciens bâtiments conventuels du prieuré de la Magdeleine du pont à Dinan que celui-ci achètera au Biens Nationaux pendant la période du Directoire.
Le Vicus de Taden
Le vicus de Taden se développa comme un relais indispensable entre la capitale des Curiosolites, Corseul, et la mer. Il remplissait une double fonction :
– portuaire, en accueillant les marchandises débarquées sur la Rance et redistribuées par voie terrestre ;
– résidentielle, avec ses habitats, ses ateliers, et probablement ses espaces de culte.
Les fouilles ont livré des traces de villae gallo-romaines, aux cours pavées et aux murs enduits, ainsi que des fragments de mosaïques et des traces de peintures murales. On y a découvert des traces d’ateliers artisanaux, liés notamment à la métallurgie et à la poterie. Des amphores prouvent les importations de vin et d’huile venus du sud, tandis que des outils agricoles témoignent d’une production locale.
Des traces d’un fanum — petit temple gallo-romain — ont été identifiées, marquant la dimension religieuse du lieu.
Les monnaies retrouvées, datées du Ier au IVᵉ siècle, confirment une occupation longue de près de quatre siècles.
Complémentaire de Corseul, Taden formait une sorte de seconde capitale locale, tournée vers la Rance et la mer, tandis que Corseul demeurait le centre administratif et religieux à l’intérieur des terres.
Ce binôme illustre l’organisation même du territoire gallo-romain : une ville haute, siège du pouvoir, et un vicus bas, directement ancré dans les échanges et la circulation des biens.
Ainsi, du gué de Léhon au plateau de Lanvallay, des enclos protohistoriques aux villae gallo-romaines, tout converge vers ce point nodal : le vicus de Taden, où s’articulaient la terre et la mer, l’ancien et le nouveau, la mémoire et le passage.

Le chemin de Lestra (tracé rouge) — du latin strata — reliait Corseul aux ports jumeaux de Josselin et de la Providence.
Au-delà du vicus de Taden, au delà de la Rance sur le plateau occidental, la voie se divisait vers Rennes ou vers l’Avranchin.
Au Port Josselin se rencontraient deux axes issus de Corseul : la voie nord (par Dinan et Taden, dite Lestra) et la voie sud (qui atteignait le gué proche de Léhon et rencontrait la côte raide de la rue aux Ânes).
La boucle ainsi se refermait.
Les Coriosolites, ou Curiosolites, à une époque encore aujourd’hui pas très bien définie, délaisseront en partie leur « capitale » régionale, aujourd’hui Corseul, pour aller s’installer définitivement au plus près de la mer.
Alet(h) allait alors bientôt naitre et tout son pays avec. Ainsi vit le jour le Plou Alet aussi (Plou Alet donnera le terme « Clos Poulet » soit, aujourd’hui, toute l’actuelle région de Saint-Malo descendant jusqu’à l’ancienne ville seigneuriale de Châteauneuf le Noë).
Continuité, fonctions et formes des enclos
Et comme, en effet, toutes les époques semblent s’emboîter les unes dans les autres sur ce site, le secteur gallo‑romain a livré aussi des tessons de poteries protohistoriques. (La « Protohistoire » désigne la période où les traditions se transmettent essentiellement par voie orale, avant l’apparition de l’écriture, dont la datation varie selon les sociétés.)
La commune voisine de Saint‑Solen, aijourd’hui en Lanvallay, conserve elle aussi des traces de cette très vieille histoire.
Au lendemain de la conquête des Gaules par Jules César, la structure profonde de notre Bretagne celtique fut fortement transformée, ouvrant la voie à une civilisation gaulo‑romanisée.
Et avec l’essor de Corseul, capitale des Curiosolites, naquirent de nouvelles voies de communication, tant à l’est qu’à l’ouest, qui relièrent rapidement la région de Corseul‑Dinan à d’autres centres en formation (Alet/Aleth, Avranches, Rennes…).
À mesure que Corseul se rapprochait du littoral, il participa à la genèse du futur pays d’Alet ; certaines hypothèses continuent cependant de proposer l’idée inverse, faisant du pays d’Alet l’une des racines de la cité curiosolite.
Au débouché oriental de Corseul, deux voies gallo‑romaines majeures partaient donc vers l’est. La voie septentrionale, par la zone des Alleux (actuelle zone artisanale Taden/Dinan), rejoignait Alet après la traversée du Pont aux Planches ainsi que celle des deux ports « Providence/Josselin » .
La voie méridionale, entrant par le flanc sud de Corseul, gagnait la région de Rennes en franchissant la Rance au gué du pont de Léhon .
La première atteignait la Rance au niveau du port de la Providence, face au Port Josselin, tandis que la seconde rencontrait la côte raide de la « rue aux Ânes ». Traversant tout le plateau cotissois cette dernière, de fait, s’en allait rencontrer sa sœur jumelle aux même ports.
Et ici même se refermait sur elle-même Lestra.
Sortie des hauteurs qui dominent la rivière, la voie de Lestra — encore nommée « chemin de Lestra » sur les plans de 1811 — sur le plateau occidental fonctionnait comme une arête centrale, desservant sur la hauteur, tout un ensemble d’enclos de l’âge du fer aujourd’hui répertoriés.
Dès le Ier s. av. J.‑C. et plus encore au IIᵉ s. av. J.‑C., le monde connu voit naître de premières concentrations humaines et des réseaux d’échanges à l’échelle européenne : l’apparition, sur des sites éloignés, d’une poterie sigillée estampillée par un même atelier témoigne de ces échanges « commerciaux » déjà organisés.
Avant la romanisation, notre plateau « cotissois comportait de nombreux enclos protohistoriques de formes et de fonctions diverses. Certains séparaient l’habitat des terres cultivées ou des voies de circulation ; d’autres étaient liés à des pratiques funéraires ; d’autres enfin avaient un usage strictement agricole.
Leur morphologie varie : ovales, rectangulaires, irrégulières, parfois imbriquées les unes dans les autres.
Techniquement, la plupart furent réalisés comme de simples talus de terre ; d’autres correspondent à des fossés comblés et végétalisés. Quelques‑uns, plus élaborés, associent élévations de terre et poteaux régulièrement espacés ; pour certains encore on observe un parement externe de pierres appareillées, montées « à sec ».
Les dimensions diffèrent considérablement selon la fonction : des enclos inférieurs à 150 m² semblent souvent liés à des usages funéraires, tandis que les plus vastes traduisent un usage résidentiel ou d’exploitation agricole. Les grands enclos, aux formes imparfaites et irrégulières, sont eux interprétés comme de vastes enceintes séparatives (voir O. Buchsenschutz, Traces — Typologie et interprétation des enclos à l’âge du Fer, 2000).
Plutôt que de parler d’une « voie Lestra » au sens romain pour la Protohistoire, il convient d’évoquer un corridor de circulation ancien — sentes, pistes, gués — repris et aménagé ensuite par les Galloromains sous la forme d’une strata, dont le toponyme persiste toujours dans la toponymie moderne.
Genèse du dossier
Ce dossier s’inscrit dans une recherche de longue haleine, amorcée vers l’an 2000. Les cartes, les prospections et les premières notices furent rassemblées par moi même : notes de terrain, relevés, observations et souvenirs qui sont à l’origine de ce travail.
Le présent article constitue la mise en forme, l’harmonisation et la mise en continuité de ce corpus originel — il conserve la paternité et l’empreinte de ces collectes anciennes.
Toute mention d’« observation personnelle » renvoie aux relevés originaux et aux signalements apportés sur le terrain.
Remerciements et bibliographie
Bizien-Jaglin, C., Galliou, P. & Kerébel, H. (dir.), Carte archéologique de la Gaule — 22 : Ille-et-Vilaine, 2002.
Buchsenschutz, O., Traces — Typologie et interprétation des enclos à l’âge du Fer, 2000.
Prospections aériennes, campagne 1989 — notices et dossiers (service régional d’archéologie / archives communales de Lanvallay).
Archives locales : chartes et actes (Prieuré du Pont à Dinan — fonds communaux).
Les différents enclos de l’âge du fer répertoriés en notre commune de Lanvallay
Ainsi, sur notre plateau côtissois, par des prospections aériennes réalisées lors de la sècheresse de 1989, différents enclos datant de l’âge du fer en effet ont pu être de cette façon répertoriés.
Ils sont :
La Ville es Ollivier
– Il en est ainsi de la Ville es Oliviers où fut aperçu un enclos orthogonal ayant 80 m x80m; ces mêmes empreintes cependant laissent supposer l’implantation ici même d’une ancienne structure gallo-romaine.

Saint-Nicolas
– A Saint-Nicolas fut aperçu un enclos ovale ayant pour dimension 80 m x 30 m.
– A la Lande-Boulou
– Deux enclos distincts ont eux aussi été répertoriés.
Croix Gohel
– A la Croix Gohel des empreintes, laissant supposées un établissement gallo-romain, ont été aussi signalées ; elles dessinent elles aussi des traces orthogonales de 50 m par 80 m.
Pelineuc
– A Pelineuc, trois enclos sur cette même terre ont été signalés dont deux courbes et un rectangulaire de 160m x 60 m.
Champs Hingants
– Aux Champs Hingants ont été aperçues différentes traces géométriques laissant évoquer en un second usage un établissement gallo-romain. Ces mêmes enclos ont souvent vu l’établissement, beaucoup plus tard sous la gaule romanisée, l’implantation de villas gallo-romaines. Celles-ci sont ainsi venues se greffer sur ces mêmes anciens enclos de l’âge du fer l’habitation gallo-romaine succédant ainsi à une implantation humaine beaucoup plus ancienne.
Tressaint
– Au plus près de l’actuelle église ont été trouvés des morceaux de Tegulae ou tuile romaine (découverte faite en seconde moitié du 19ème siècle).
Puits Harel
– Le Puits-Harel, toujours en Tressaint, est un site reconnu sur lequel différents objets ont été retrouvés que ces derniers soient du mobilier de poteries ou autres. A savoir notamment un gobelet et un plat datant tous deux du 2ème siècle après Jésus-Christ.
Bourg
– Au bourg, près de l’église, fut trouvé aussi des fragments d’enduits peints.
Mercerie
– A la Mercerie, proche de la ferme de Saint-Nicolas, fut trouvé en 1853 un pot. Ce dernier contenait près de 300 petits objets tous réalisés en bronze ; aussitôt ils intégrèrent le musée de Dinan rachetés qu’ils furent par monsieur Odorici en personne.
Haut champ
– Au Haut Champ, en 1864, fut découvert un ensemble de 40 haches à douille (Hache à douille. Petites haches creuses portées en pendentif. On suppose que les haches à douilles faisaient office de moyen d’échange ou de troc au temps du néolithique en la période de l’âge du Bronze, et cela avant l’apparition du principe même de la « monnaie » . Elles seraient donc, en quelque sorte, un système pré-monétaire. D’une longueur de 8 à 11 cm, à peu près, elles avaient un poids variable s’étirant de 100 à 350 grammes environ).
Au Meseray
– Au Meseray fut trouvé des éléments de tegulae ; il en sera de même pour Saint-Solen sur la terre de laquelle fut découvert un trésor, en 1856, enfermé dans un vase. Celui-ci contenait un collier réalisé en cornaline (calcédoine rouge aux reflets orangés) accompagné, en autre, de monnaies gauloises diverses dont une en or.
Entre notre église de Saint-Solen et l’ancienne mairie ou Presbytère fut également trouvé un sarcophage plein en calcaire coquiller (calcaire contenant des organismes fossilisés) dont le corps, replié sur son côté, reposait encore sur des branches de chênes. Ces deux découvertes ayant été relatées le 10 décembre de l’année1856 .…Monsieur Danjou présente un collier gaulois trouvé dans un champ à Saint-Solain, près de Dinan. Ce collier se composent de dix sept cornalines, longues d’environs deux centimètres, épaisse d’un centimètre, assez irrégulièrement taillées, percées dans le sens de leur longueur, et dont quelques unes ont conservé à l’intérieur des débris du cordon qui les rattachait entre elles. Elles étaient enfermées avec plusieurs pièces grossièrement taillées, que l’on suppose êtres des amulettes dans un vase de pâtre grossière, qui contenait en outrequinze monnaies gauloises, en potin, offrant le type armoricain, le cheval conduit et attelé, la lyre renversée, la tête à trois grosses boucles de cheveux ; le même vase renfermait une autre pièce gauloise, en or, marquée de signes symboliques. Monsieur Danjou ajoute à cette intéressante communication quelques renseignements sur la découverte d’un cercueil au Châtellier, entre le Presbytère et l’Eglise. Ce cercueil, en calcaire coquillier, était orienté de l’Est à l’Ouest : l’ouverture fut faite en présence du vicaire, monsieur Gillot. Le squelette qu’on y trouva était couché sur le côté droit et reposait sur des branches de chêne. Il avait été enveloppé dans un suaire, dont on reconnaissait encore quelques débris. Société Archéologique d’Ille et Vilaine. Rennes.1857. Page n°183…

Les Haches à Douilles ne sont pas propres à une région mais correspondent à une même époque et à une même civilisation.
Ici les Haches à Douilles exposées en le musée du castel de Colchester, en Angleterre; reconstitution d’une éventuelle Haches à Douille dite d’apparat. Elles auraient pu être les précurseurs de la pièce de monnaie.
Par les différents enclos répertoriés nous savons ainsi que notre plateau côtissois fut donc très tôt lui aussi occupé par une population autochtone très ancienne et cela dès l’âge du fer, ces différents enclos ayant été très probablement reliés les uns aux autres d’une façon ou d’autre.
Il en a été aussi ainsi pour notre commune de Saint-Solen laquelle doit voir elle aussi, et cela au travers de certains de ces multiples enclos répertoriés, la trace première de son habitation quelle que soit cette dernière, la plus part de ces mêmes enclos ayant été les fondations mêmes des différents villages côtissois ayant formés plus tard, mais vraiment beaucoup plus tard, notre dit commune de Saint-Solen puis aujourd’hui tout notre grand Lanvallay en sa totalité (nous avons personnellement découvert, aux abords de Bois-Fougères, l’implantation d’une villa gallo-romaine non répertoriée il nous semble ayant trouvé dans un champ, après les labours, des éléments multiples de tégulae accompagnés, malheureusement, que de quelques trop rares éléments de poterie).

Au IXᵉ siècle, Nominoë, princeps de Bretagne, consentit à la naissance d’un nouveau monastère à Léhon. Pour lui donner une âme, les moines traversèrent la mer jusqu’à Sercq, d’où ils rapportèrent en secret les reliques de saint Magloire. Pour lui donner un corps, ils prirent les pierres du temple de Mars, abattu pierre à pierre, comme si la nouvelle foi devait boire la force même de l’ancienne.Ainsi s’accomplit la loi immuable de l’Histoire : chaque religion, pour s’enraciner, détruit la mémoire sacrée qui la précède. La pierre païenne devint pierre chrétienne. L’autel du dieu de la guerre se dissout dans le cloître du saint.
Et pourtant, rien ne disparaît vraiment. Sous les prières des moines de Léhon, la rumeur sourde de Mars continue de vibrer. Chaque psaume résonne encore de l’écho d’un marteau qui jadis dressa les colonnes du temple.Car les lieux ne s’effacent pas : ils se transforment, gardant en eux l’empreinte de toutes les croyances qui les ont traversés.
« Détruire pour fonder, telle est la loi silencieuse des croyances. Elios Moy»

Le plateau côtissois de Lanvallay, ses enclos et ses traces d’habitat ne sont pas des îlots isolés : ils s’insèrent dans un réseau plus vaste reliant la capitale des Curiosolites, Corseul, aux ports de la Rance et aux voies qui desservaient toute la Bretagne antique.
Nos trois cartes susdites montrent ainsi successivement :
la densité des enclos et points d’habitat sur le plateau de Lanvallay (micro-sociétés agricoles et transition âge du fer → gallo-romain),
l’échelle régionale entre Corseul et le vicus de Taden, avec ses voies principales et secondaires,
le détail du chemin de Lestra au niveau de Port Josselin et de la Providence, vestige toponymique du latin strata.
Ce continuum chronologique et topographique illustre une transformation graduelle : des enclos de l’âge du fer émergent, se densifient puis se réorganisent à l’époque gallo-romaine en vicus et villae, le tout structuré par des axes de circulation — gués puis ponts, voies principales et embranchements secondaires — qui font du bassin dinannais un véritable carrefour terrestre et maritime.
ConclusionLa présence d’un maillage organisé dès l’âge du fer confirme une occupation durable et des échanges structurés.
La continuité d’implantation (enclos → villae → vicus) montre une appropriation continue des mêmes axes et terroirs.
Les toponymes (Lestra) et les indices matériels (tégulae, monnaies, ancre gallo-romaine de Port Josselin) corroborent les prospections aériennes et les fouilles : routes, ports et habitats fonctionnaient en synergie terre/mer.
Phrase finale que notre commune devrait peut-être encadrer« Ce réseau ancien, visible du sol comme du ciel, révèle combien le plateau de Lanvallay était déjà, il y a deux mille ans, un lieu habité, connectant la terre et la mer au cœur d’un système régional dynamique. »

