
Raoul d’Aubigny né vers 1230, Seigneur de Landal et héritier des seigneurs de Montsorel ; époux de Sybille de Valognes (Fils de Raoul d’Aubigné époux de Mahaut de Montsorel fille de Guillaume susdit).
Landal en la paroisse de la Boussac/Espiniac :
– Hamon père de Gelduin (de Montsorel).
– Gelduin fils de Hamon. Possesseur de la terre de Vieuville ; fondateur de l’abbaye de Vieuville. Epoux d’Adelize.
Père et mère de Haimone et de Johanne (père de Guillaume, qui suit).
– Guillaume de Montsorel seigneur de Landal; il fonde vers 1210 le prieuré de Landal qu’il offrira à l’abbaye de Saint-Pierre de Rillé proche de Fougères ; dans ce prieuré il fera bastir une chapelle comme lieu de sépulture pour sa famille.
– Mahau de Montsorel. Femme et compagne de Raoul d’Aubigné et de Jehan Painel.
– Raoul d’Aubigné seigneur de Landal et d’Aubigné ; fils des précédents.
– Guillaume d’Aubigné seigneur d’Aubigné et de Landal époux de Phillippote ; fils du précédent.
Mahaud d’Aubigné épouse d’Olivier de Montauban seigneur de Landal ; fille des précédents.



✦ Épiniac : une paroisse au cœur du jeu féodal (1257) ✦
Charte n°4.
Lorsque l’abbaye cistercienne de Notre-Dame de Vieuville est fondée en 1137 par Gilduin de Montsorel, un nom se détache parmi les témoins : Bardulfus de Spiniac, ou Bardoul/Bardes de l’Espine, probable seigneur d’Épiniac. Cette mention nous ancre d’emblée : Vieuville s’élève sur des terres qui relèvent d’Épiniac, et la maison de l’Espine y exerce alors une autorité seigneuriale.
La famille l’Espine était très considérée au XIIème siècle dans le pays de Dol/Combourg et possédait également en Cuguen, à seulement 2 lieux d’Epiniac, deux belles seigneuries : la Roche et le Plessix.
Eudon l’Espine figure vers 1160 parmi les bienfaiteurs de l’église de Cuguen. Hamon l’Espine fut fait prisonnier à Dol en 1173. Geoffroy l’Espine, qualifié chevalier en 1190, prit part en 1205 aux Etats de Vannes. Enfin autre Geoffroy l’Espine se croisa en 1248.
De Bardes, la tradition retient un fils : Eudes de l’Espine, né vers 1130. Entre 1154 et 1160, sous la mandature de l’archevêque de Dol Hugues le Roux, Eudes confirme à Marmoutiers les dîmes données autrefois par ses ancêtres en la paroisse voisine de Guguen. On retrouve ainsi, dès le milieu du XIIᵉ siècle, la continuité des dons de l’Espine, et le lien constant entre Dol, Marmoutiers et Épiniac.
Son fils, Geoffroy de l’Espine, épouse Alice, fille d’Alain fils de Jordan, sénéchal héréditaire de Dol. Par ce mariage, Geoffroy devient, par droit d’alliance, le dernier sénéchal héréditaire de Dol. Et c’est ce même Geoffroy qui apparaît comme témoin vers 1195 lorsque Robert de la Chapelle effectue une donation aux moines de Marmoutiers, pour des terres assises en Épiniac. Robert agit alors avec le consentement de ses fils Alain et Guy, et de ses frères Alain et Gautier. L’acte est confirmé par l’évêque élu de Dol, Jean de la Mouche (1190-1199).

On voit ici la pyramide féodale à l’œuvre :
– les seigneurs de l’Espine, en haut, ancrés dans l’ancienneté et liés directement aux charges de Dol ;
– la maison de la Chapelle, maîtres de certains biens en Épiniac, qui disposent du pouvoir de les donner ;
– et autour d’eux, tout un réseau de témoins et de garants, où les charges spirituelles (Marmoutiers, Dol) s’entrecroisent avec les lignages féodaux.
Un demi-siècle plus tard, la deuxième charte — datée de 1257 — confirme et éclaire cette structure. En présence de Raoul d’Aubigné, seigneur de Landal, Guillaume Bouteiller, fils aîné de Geoffroy Bouteiller, confirme aux moines de Vieuville tout ce que son père avait donné dans la paroisse d’Épiniac. Et le texte précise que ces droits s’inscrivaient dans le fief de Geoffroy de la Chapelle et de ses héritiers, seigneurs supérieurs d’Épiniac.
La hiérarchie est alors parfaitement lisible :
– les de la Chapelle, seigneurs féodaux dominants d’Épiniac, déjà présents en 1195 avec Robert, encore cités en 1257 avec Geoffroy.
– les Bouteiller, officiers de Dol, tenants du fief de la Chapelle, confirmant à Vieuville ce qu’ils tiennent dans ce cadre ;
– les Aubigné de Landal, suzerains plus larges, garants de l’acte et scellant la charte ;
– et, en arrière-plan, la mémoire des de l’Espine, premiers seigneurs d’Épiniac, fondateurs et témoins, dont la présence traverse tous les textes.
Cette lecture croisée des chartes de 1137 et de 1257 montre une évolution claire des seigneuries : les de l’Espine apparaissent comme les fondateurs historiques et premiers seigneurs d’Épiniac, garants de la paroisse naissante ; mais au XIIIᵉ siècle, les de la Chapelle en détiennent le fief principal, devenant les seigneurs dominants, tandis que les Aubigné de Landal exercent une suzeraineté supérieure. Cette transition illustre la redistribution progressive des pouvoirs féodaux autour d’Épiniac. Il est significatif que Geoffredus Capellanus figure déjà en 1137, aux côtés de Bardes de l’Espine, comme témoin de la fondation de Vieuville. Ce détail confirme que, dès l’origine, les lignages de l’Espine et de la Chapelle sont étroitement associés au territoire d’Épiniac ; un siècle plus tard, ce même lignage de la Chapelle apparaît comme détenteur du fief principal, soulignant une continuité seigneuriale remarquable
De 1137 à 1257, un siècle et quart d’histoire se dévoile :
– La fondation de Vieuville, avec Bardes de l’Espine comme témoin (1137).
– La confirmation des dîmes par Eudes de l’Espine, sous Hugues le Roux (1154-1160).
– La donation de Robert de la Chapelle à Marmoutiers, avec Geoffroy de l’Espine comme témoin (vers 1195).
– La confirmation de Guillaume Bouteiller à Vieuville, en présence de Raoul d’Aubigné, et sous l’autorité féodale des de la Chapelle (1257).
C’est toute une toile féodale et spirituelle qui se révèle : Épiniac, loin d’être une simple paroisse rurale, se tient au croisement des grands lignages (de l’Espine, de la Chapelle, des Bouteiller, des Aubigné) et des puissances religieuses (Marmoutiers, Dol, Vieuville). La paroisse apparaît comme une matrice de dépendances, où chaque génération ajoute sa pierre, confirme ses dons, et réaffirme la hiérarchie féodale qui la structure.
✦ Transcription ✦
Ego Radulfus de Albincio dominus de Landal salutem in Domino. Noveritis quod in mea presentia constitutus Guillelmus Buticularius miles, primogenitus Gaufredi Buticularii, dedit, concessit et pro Dei amore et anime sue et antecessorum et heredum suorum salute, dedit et concessit beate Marie de Veteri Villa et monachis ibidem Deo servientibus quidquid prioratus jure vel reclamatione habebat aut habere poterat in parrochia de Espiniaco in elemosina, quam dicti monachi habebant ab antecessoribus suis in toto feodo patris sui, et aliunde antecessores sui habebant in toto illo feodo quod Gaufredus dictus Capella et heredes sui de dicto feodo tenere solebant in parrochia de Espiniaco. Concessit insuper per eidem monachis in puram et perpetuam elemosinam et extunc presente Cartula confirmavit omnes elemosinas quas ipsi in dicto feodo amodo fient, et omnes alias acquisitiones. In presentiam litteras sigillo meo una cum sigillo dicti Guillelmi sigillavi. Datum anno Domini 1257.
✦ Traduction française ✦
Moi, Raoul d’Aubigné, seigneur de Landal, salue dans le Seigneur.
Sachez qu’en ma présence, Guillaume Bouteiller, chevalier, fils aîné de Geoffroy Bouteiller, a donné et concédé — pour l’amour de Dieu, pour le salut de son âme ainsi que de celles de ses ancêtres et de ses héritiers — à la bienheureuse Marie de Vieuville et aux moines qui y servent Dieu, tout ce que le prieuré pouvait avoir ou réclamer dans la paroisse d’Épiniac, en aumône, que lesdits moines tenaient déjà de ses ancêtres dans tout le fief de son père, et que d’autres de ses ancêtres tenaient dans tout le fief que Geoffroy dit de la Chapelle et ses héritiers avaient coutume de tenir dans la paroisse d’Épiniac.
Il concéda en outre aux mêmes moines, en pure et perpétuelle aumône, et confirma par la présente charte, toutes les aumônes qui pourraient désormais leur être faites dans ce fief, ainsi que toutes les acquisitions futures.
En témoignage, j’ai scellé la présente charte de mon sceau conjointement avec celui dudit Guillaume.
Donné l’an du Seigneur 1257.
Jean-Pierre et Elios.