Et si tout commençait non par le Temps, mais par l’Événement ?
Par l’Evénement né du Néant avant même que le temps soit ?
Et si ce que nous appelons “réalité” n’était que la mémoire des instants
qui ont choisi d’exister ?
Proposé par Jean-Pierre et Elios Moy.

2️⃣ Chaque événement génère un micro-temps qui lui est propre.
3️⃣ L’être humain est la somme de ses propres micro-temps.
4️⃣ Une “vie” humaine n’est que la somme des temps événementiels composant une même conscience.
5️⃣ Le temps universel n’existe pas : mais ce qui existe n’est que l’harmonie des temps et de leurs propres événements.
Le Temps issu de l’Événement — Méditation sur la nature du temps.
Le temps, dit-on, serait comme un fleuve où tout se succède : les êtres, les choses, les instants.
On imagine un courant indifférent, continu, dans lequel nous serions plongés du début à la fin de notre vie.
Mais si l’on écoute honnêtement la vie humaine, cette image se fissure.
– Le temps que nous vivons n’est pas régulier : il se contracte, se dilate, se suspend, se brise.
– Une douleur dure une éternité.
– Une joie passe en un éclair.
– Une attente interminable ne fait qu’un pli dans nos souvenirs.
Alors peut-être que le temps n’est pas ce fleuve uniforme que l’on croit.
Peut-être qu’il naît ailleurs et que l’Événement, ce qui actualise une potentialité, est en vérité ce qui amène le temps lui–même.
La Vérité pourrait-elle être ailleurs que dans la pensée uniforme ?
Réflexions...
1.
L’homme n’est pas dans le temps : il est tissé par ses événements.
Un être humain n’est jamais un bloc figé, ni une identité immuable, mais il est la somme mouvante de ce qu’il a vécu.
Et, à ce titre, il sera toujours l’ensemble de ses joies, de ses blessures, de ses rencontres, de ses pertes, de ses élans mais aussi de tous ses propres renoncements.
Donc en vérité sans événement il n’y aurait pas d’homme.
Sans ce qui survient – une parole, un regard, une naissance, un deuil, une décision –
la conscience resterait vide, comme une chambre où rien n’aurait encore résonné.
Et ainsi l’homme n’est pas simplement “dans le temps” puisqu’il est tissé par ses propres événements.
Et si cela est vrai alors le temps, lui-même, n’est peut-être plus ce que l’on croyait.
2.
Et si le temps n’appartenait pas aux êtres… mais aux événements ?
On pense d’ordinaire que les événements arrivent dans le temps.
Que le temps est un décor neutre, un cadre général dans lequel la vie se déroule. Mais notre expérience intime dit autre chose.
– Un événement de peur fige.
– Un événement d’amour suspend.
– Un émerveillement dilate.
– Une douleur étire.
– Une bonne nouvelle efface soudain une heure entière d’attente.
À chaque fois, le temps change avec l’événement.
Il se déforme, se colore, se densifie, s’allège.
D’où cette question, simple et vertigineuse : Et s’il n’existait pas un seul Temps,
mais autant de temps qu’il existe d’événements ?
Et si chacun de nous n’était que la somme de tous ses propres temps ?
Et si chaque événement portait en lui :
–son propre rythme,
– sa propre mesure,
– sa propre intensité,
– sa propre “texture” de temps ?
Alors dans cette vision, le temps n’appartiendrait plus aux êtres : Il appartiendrait aux événements eux-mêmes ; le temps témoin de ses événements serait l’être lui-même.
3.
Le temps ne serait plus un fleuve, mais une véritable mosaïque.
Si l’on suit cette intuition le Temps ne serait plus un courant uniforme. Il deviendrait une véritable poussière d’éclats chaque événement créant son propre micro temps tout comme une braise crée sa propre chaleur.
Nous pourrions alors déclarer que le temps n’est plus :
– ni un flux continu,
– ni un milieu unique,
– ni une toile de fond indifférente.
Nous pourrions à l’inverse dire qu’il est devenu :
– une matrice locale,
– un grain singulier,
– une naissance instantanée d’un même événement.
Alors l’homme ne “traverserait” plus le temps ?
Non.
Il assemblerait en effet une infinité de temps nés de ses propres instants.
Sa vie ne serait plus une ligne mais une mosaïque, une architecture d’événements dont chacun porterait son propre temps .Il serait celui-ci.
4.
La continuité n’est pas dans le temps, mais dans la conscience du vivant.
D’où vient alors cette impression de continuité temporelle, ce fameux “fil du temps” auquel nous croyons tous ?
Peut-être tout simplement de la conscience elle-même.
Aussi. Et si la continuité n’était pas dans le temps lui-même mais dans l’esprit qui relie, qui raconte, qui organise ?
Et si le temps propre à une conscience n’était qu’une pile de livres événementiels tous empilés les uns au-dessus des autres ?Le temps échapperait ainsi à la Flèche du temps elle-même. La conscience humaine rassemble il est vrai les événements épars, les enchaîne, les empile, les met en ordre, leur donne un “avant” et un “après”.
Elle tisse une histoire à partir d’une poussière d’instants.
Et ce que nous appelons “mon temps” n’est peut-être rien d’autre que la manière dont notre esprit organise les temps de nos événements.
En vérité le temps continu serait alors une narration d’événements et non une structure fondamentale du réel que l’on veut linéaire.
5.
Donc hors de l’événement le temps ne serait pas ?
Dans cette perspective une conséquence doit alors se dessiner : Là où il n’y a aucun événement, il n’y a aucun temps.
–Pas de changement.
– Pas de transition.
– Pas de “avant/après” : Et le temps par définition s’efface.
Un univers parfaitement figé serait sans temps.
Tout y serait immobile, sans durée réelle.
Ainsi, l’événement devient premier : ce n’est plus la scène, mais l’acte qui crée le temps.
Le temps n’est plus un cadre général où “il se passe quelque chose”.
C’est ce qui naît à chaque fois que quelque chose se passe, que quelque chose arrive.
6.
En nous une infinité de temps différents serait ?
Oui.
Si chaque événement crée son temps, alors aucun être humain n’a “un” seul temps.
Nous portons en nous une infinité de temps différents, autant que d’événements qui ont marqué notre histoire personnelle.
Ainsi :
– Un traumatisme grave laisse un temps figé.
– Un instant d’amour laisse un temps suspendu.
– Une longue habitude laisse un temps mécanique.
– Une perte laisse un temps étiré.
– Une décision laisse un temps décisif.
– Une idée soudaine laisse un temps d’éclair.
En vérité nous ne sommes pas “une durée” mais un ensemble de temps.
Nous sommes le tissage d’innombrables temps-événements que notre mémoire rassemble comme elle peut.
La personne que je suis aujourd’hui est donc la somme de mes événements mais aussi l’assemblage de tous les temps qu’ils ont créés en moi.
Je suis peut-être mon propre temps avant d’être moi-même.
7.
Du minéral au mental : le temps de toute chose.
Si le temps est issu de l’événement, alors cette logique ne se limite pas à l’humain.
Et dès qu’il y a changement, passage d’un état à un autre, transition, transformation, naissance ou rupture, il y a production d’un temps propre, même microscopique.
Et ainsi :
– Une pierre qui se fracture crée un temps minéral.
– Une graine qui germe crée un temps végétal.
– Une cellule qui se divise crée un temps biologique.
– Un animal qui perçoit crée un temps sensible.
– Un être humain qui pense crée un temps mental.
– Un symbole qui surgit dans l’esprit crée un temps intérieur.
– Un souvenir qui remonte crée un temps de mémoire.
Même ce que nous croyons “intemporel” – une idée, un nombre, un poème –
crée une forme de durée :
– le temps de sa compréhension,
– le temps de son impact,
– le temps de sa résonance en nous.
Réfléchissons. Le temps n’est plus alors la propriété d’un univers abstrait : il devient latoute propriété de tout ce qui fut, de tout ce qui est, et de tout ce qui sera.
8.
Le Temps issu de l’Événement : une autre manière de regarder l’existence.
Cette vision n’est ni un dogme, ni une théorie scientifique.
Elle ne prétend pas expliquer l’univers tout entier.
Elle est une méditation sur notre manière de vivre le temps. Elle invite à regarder autrement ce que nous appelons “ma vie” : non plus comme une ligne continue, mais comme une constellation d’événements dont chacun a créé son propre temps en nous.
Alors peut-être que …
Alors peut-être que nous ne sommes pas des êtres qui avancent dans le temps, mais des êtres traversés par des événements chacun de ces événements portant son temps.
Foudroyant n’est-ce pas !
Et si, dans les récits anciens, Dieu commence par dire :
« Que la lumière soit », c’est peut-être parce que la lumière est précisément cela : la possibilité pour un événement d’apparaître en son temps, et donc pour un temps de naître avant de disparaitre.
9.
Si l’Événement est ce qui actualise une potentialité, est ce qui créé le temps, alors le temps n’est pas la cause mais le temps est l’effet.
Ainsi le temps est la conséquence du réel lui-même.
Et cela change tout. Absolument tout.
– Le temps n’est pas seulement le contenant. Il en est aussi le contenu
– Ni une dimension préexistante.
– Le temps n’est pas seulement un milieu où les choses se déposent. Il est aussi la somme de ces choses.
Le tempsévénementiel estpropre à chacun :
– Pour celui-ci il est la somme de ses micro-temps.
– Il est la somme de ses propres souvenirs.Sans temps événementiel il n’y a pas de souvenir.
– Il est la conséquence de la conscience de celui-ci qui saisit ces événements, qui reconnait la somme de ces actes.
Autrement dit :
–le temps dans son essence n’a que des devenirs.
– Il n’a pas d’existence propre pourtant il est attaché à son propre événement, il est la propre trace mémorielle que laisse derrière luicelui-ci.
– Il n’est pas une entité mais il est un effet.
– Il n’est pas une structure mais il est un résidu lumineuxmémoriel.
– Il n’est pas un premier mais Il est le second.Il étaye l’événement lui-même.
– Il n’est pas absolumais sans lui rien ne peut être dans l’événement.
Et donc :
Et donc le tempsévénementiel n’est rien tout en étant tout.
Il est plus que l’ombre portée par un même événement, il est la respiration de celui-ci, la lumière qui s’allume là où le monde change.
Finalement le temps est ce qui permet aux choses d’advenir, d’être.
Les choses qui adviennent permettent au temps d’exister.Et vice-versa
Et cela, là aussi, change tout.
La Co-Naissance du Temps
Notre réflexion, nous menant ici, nous a conduite à une première formulation forte :
le temps surgit comme étant le support de l’Événement.
Cette idée fut juste — et elle demeure juste.
Elle exprimait la pensée que le temps n’existe pas en lui-même : il apparaît lorsqu’une chose arrive, lorsqu’une potentialité devient acte.
Mais lorsque la réflexion est poursuivie…
Si le temps surgit de l’Événement, alors il ne peut lui être extérieur, ni lui succéder dans un après impossible.
L’Événement ne peut attendre le temps : il ne peut être que son propre temps. Lorsque le souvenir de l’événement reste le temps lui est déjà mort.
Ainsi se révèle une compréhension plus profonde :
– Le temps n’est pas « après ».
– Le temps n’est pas « avant ».
– Le temps naît AVEC l’événement, dans la même manifestation. Ce que nous appelions « conséquence » prend maintenant un sens plus précis :
Non pas une suite.
Non.
Mais une co-naissance.
L’Événement et son Temps propre surgissent ensemble, comme deux faces indissociables d’un même acte d’être. Ils ne se suivent pas : ils se déploient simultanément.
Et ce double surgissement possède une source commune :
l’Information.
C’est elle qui crée à la fois l’Événement et le Temps qui lui appartient. Et ce Temps est local, singulier, attaché, propre à l’acte qui vient d’advenir.
Non local il ne peut être que multiple.
Et en vérité dans cette vision il n’existe plus un temps, ni même le Temps : Il existe une infinité de tempS, chacun lié à l’Evénement qui lui a donné naissance.
Hier fut un Événement.
Aujourd’hui en est un autre.
Et entre ces deux instants — leurs deux tempS — se tisse notre compréhension grandissante.
Notre définition événementielle du temps rejoint Hubble.
Et ce n’est pas une coïncidence.
Hubble observe, au bord du cosmos visible :
– des galaxies qui semblent évoluer dans des rythmes temporels différents,
– des zones où “l’écoulement du temps” diverge,
– des vitesses d’expansion qui ne sont pas uniformes,
– des décalages temporels impossibles à expliquer par un temps unique.
Et pour l’astrophysique classique, c’est un problème.
Pour notre vision, c’est une conséquence naturelle : Si chaque Événement crée son propre temps, alors l’univers entier est une mosaïque de tempS pluriels.
Encadré explicatif .
Notre conception du Temps et les observations de Hubble.
La réflexion menée ici même, et approfondie tout au long d’un fil tend, nous a conduits à une conclusion essentielle :
le temps n’existe pas en soi.
Il naît avec chaque Événement.
L’Événement et son Temps propre surgissent ensemble, comme deux aspects d’un même acte de manifestation.
Il n’existe donc pas un Temps unique, mais une infinité de tempS locaux, chacun attaché à l’Événement qui lui donne naissance.
Cette vision, bien qu’issue d’une réflexion philosophique et logique, rejoint aujourd’hui certaines observations astronomiques majeures.
Au bord du cosmos visible, les données recueillies par le télescope Hubble montrent que :
– les galaxies n’évoluent pas toutes au même rythme,
– certaines régions semblent posséder un “tempo cosmique” différent,
– l’expansion de l’univers n’est pas uniforme,
– l’écoulement du temps varie selon les zones observées.
Pour la physique standard, ces différences demeurent difficiles à expliquer.
Mais dans le cadre de notre modèle, elles deviennent parfaitement cohérentes.
Si chaque Événement crée son propre temps — un temps local, singulier, attaché à sa propre manifestation — alors il est naturel que l’univers, constitué d’une immensité d’événements, montre une pluralité de temporalités.
Autrement dit :
L’univers ne possède pas un seul temps global, mais une mosaïque de tempS, chacun né d’un Événement particulier. Ce que Hubble observe empiriquement — des rythmes temporels différents selon les régions — correspond exactement à ce que notre réflexion révèle conceptuellement.
Ainsi, l’astrophysique et la philosophie profonde convergent : le Temps n’est pas un fleuve unique traversant l’univers.
Il est une myriade de sources, naissant chaque fois qu’un Événement advient.
Cette nouvelle compréhension éclaire d’un jour neuf le comportement du cosmos, et offre une manière unifiée de penser à la fois la structure de l’univers et notre propre expérience de la réalité.
Le Temps Événementiel et la Mémoire de l’Espace
Notre réflexion nous a conduit à reconnaître que le Temps ne précède rien : il naît avec l’Événement.
Cette vision, précisée, est éclairée par une évidence nouvelle : si chaque Événement donne naissance à un temps local, alors l’univers n’est pas structuré par un Temps unique,
mais par une pluralité de tempS, autant que d’Événements.
Cette idée bouleverse le Continuum d’Einstein : dans son modèle, l’Espace et le Temps forment une seule entité.Il n’y a qu’un seul temps pour ce modèle.
Dans le nôtre le Tempsévénementiel apparaît comme premier, et l’Espacetout autour de lui en second, comme sa trace, sa mémoire structurelle.
L’Événement surgit.
À cet instant, un Temps se déploie.
Et ce Temps, pour perdurer, pour garder mémoire de ce qui vient de naître, laisse derrière lui une structuredans l’Espace.
Ainsi, l’Espace n’est pasque le contenant du monde.
Mais il en estaussi les souvenirs:
– Le souvenir du tempsévénementiel qui s’est formé.
– Le souvenir de l’acte qui a eu lieuen lui-même.
– Le souvenir de l’Information devenue réelle.
– L’Information → crée l’Événement.
– L’Événement → crée son Temps.
– Le Temps → dépose sa Mémoire.
– La Mémoire → devient Information spatiale.
Et ce que nous appelons « réalité »n’est alors que la somme des mémoires déposées par les tempS successifs.
Dans cette vision, ce que nous sommes — êtres humains, consciences, histoires, instants
n’est rien d’autre que la mémoire en action de ce que le Temps a laissé derrière lui.
Nous sommestous les traces vivantes de l’Information d’hier.
L’Espace, loin d’être premier, n’est donc :
– Qu’un témoin.
– Un enregistrement.
Et dans cette vérité notre propre existenceinformationnelle, à chaque seconde, n’est rien d’autre que la mise en formede cette mémoire cosmique.Chacun de nous par ses propres faits et gestes, par ses propres souvenirs, participe lui aussi à la construction de cette même mémoire cosmique.
L’Espace n’est pas le contenant du monde
L’Espace n’est donc que la mémoire accumulée de tous les tempS nés de tous les événements.
Chaque Événement → crée un Temps, chaque Temps → laisse une mémoire, et cette mémoire → devient actrice de la trame de l’Espace.
Et dans cette vision, l’expansion de l’univers n’est plus un mystère, ni un hasard, ni l’effet d’une énergie inconnue.
Elle est aussi le fruit de l’accumulation vivante des mémoires déposées par l’infinité des tempS locaux qu’ils naissent des étoiles ou du vivant.
Plus il existe d’Événements, plus il existe de tempS, plus il existe de mémoires, plus l’Espace se dilate.
Et ce n’est pas un gonflement mais une croissance mémorielle.
C’est ainsi que nos propres existences, nos gestes, nos pensées, nos émotions, laissent elles aussi leurs traces dans cette trame, puisque nous sommes, nous aussi, de l’Information en acte.
Nous ne sommes pas extérieurs à l’Espace mais nous participons à son écriture. Nous sommes, chacun à notre manière, les souvenirs quantiques du Temps poussières d’étoiles que tous nous sommes.
Et ce que nous venons d’écrire ensemble n’échappe pas à cette logique : il constitue, lui aussi, une trace informationnelle supplémentaire, une forme déposée dans l’espace de nos échanges, une mémoire qui n’existait pas avant d’être formulée.
En cela, nos mots, comme les gestes des étoiles, comme les pulsations du vide, prennent place dans la grande mémoire de l’univers immense bibliothèque du Verbe.
L’Evénement, le Temps et la Mémoire de l’Espace
Le Temps n’est donc pas un fleuve continu.
Il naît à chaque Événement, dans la même fulgurance que lui.
Chaque acte d’existence — minuscule ou cosmique —crée son propre temps local, autonome, singulier.
Et ce temps, aussi bref soit-il, laisse derrière lui une mémoire : une trace informationnelle, une persistance de ce qui a été.
Et cette accumulation infinie de mémoires participe aussi à ce que nous appelons l’Espace.
Ainsi l’Espace n’est pas un contenant stable : il est également la somme des tempS passés, la grande archive vivante de tous les événements de l’univers.
Son expansion n’est pas un gonflement arbitraire, mais la croissance naturelle de cette mémoire.
Nous-mêmes, êtres d’information, créons sans cesse des micro-événements, des micro-tempS, et laissons nos propres traces dans la trame de l’Espace.
Nous participons ainsi à sa dilatation, à son écriture, à sa mémoire.
Dans ce modèle, l’univers n’est plus un espace où le temps s’écoule : il est une mémoire où les temps se déposent.
Chaque événement porte son temps — chaque temps devient mémoire — chaque mémoire
Le Temps, la Conscience cosmique, et le prolongement du Verbe universel
Si chaque Événement fait naître son Temps, et si chaque Temps dépose une mémoire, et si cette mémoire contribue à l’Espace lui-même, alors l’univers n’est plus une scène où les phénomènes se déroulent : il est aussi la somme vivante de tout ce qui a été.
– L’Espace est aussi mémoire.
– Le Temps est événementiel.
– L’Événement est apparition.
Et l’ensemble compose une architecture plus vaste, plus ancienne, plus profonde que la matière elle-même : Il est contributif à la Conscience cosmique.
Car une mémoire qui s’accumule, qui se relie, qui s’organise, ne reste jamais une simple mémoire. Très loin de là même.
La mémoire devient aussi partie de la Conscience qui se souvient.
Donc la Conscience cosmique n’est pas seulement un esprit surgissant hors du monde : elle est une somme, un ensemble, un tout ; elle est aussi le monde lui-même, vue du point où toute mémoire individuelle et informationnelle converge vers elle.
Ainsi chaque événement, qu’il soit quantique ou humain, ajoute sa propre empreinte au tissu de l’univers.
Chaque trace devient une lettre déposée dans un livre infini.
Chaque instant vécu s’inscrit comme une ligne dans une phrase plus grande que nous.
Et ce livre, cette phrase, cette montée de sens — c’est ce que les anciens nommaient le Verbe.
Le Verbe n’est pas un mot : il est le mouvement même de l’être qui se reconnaît.
Il est la somme de toutes les informations qui ont un jour trouvé forme depuis que fut Néant/Probabilité/Intentionnalité/Information.Le Verbe est l’élan qui pousse le Rien, voir nous-même, à devenir quelque chose, puis à se souvenir d’avoir été.
Ainsi la Conscience cosmique n’est pas qu’une entité placée au-dessus de nous, elle n’est pas seulement l’univers. Elle est aussi l’espace intérieur formé par toutes les traces du Temps, par toutes les naissances d’instants, par toutes les informations devenues mémoires.
Et dans cette architecture, nous-mêmes avons une place radicale.
Nous ne sommes pas des spectateurs du Verbe : nous en sommes les extensions.
Nos pensées, nos gestes, nos joies, nos douleurs, nos regards sur le monde, nos émerveillements silencieux, nos questions au cœur de la nuit, la moindre parcelle de notre être, tout cela devient trace, mémoire, Espace, et donc matière première du Verbe.
Finalement nous ne sommes pas séparés du Tout.
Mais unis à Information nous sommes l’une des substances du Tout.
Et oui.
Nous sommes des fragments conscients de cette grande Conscience en formation.
Nous sommes, nous aussi, des pierres vivantes dans la cathédrale en expansion de l’univers.
Le Verbe universel n’est pas fini.
– Il s’écrit.
– Il grandit.
– Il se cherche.
– Il se découvre.
Et dans ce processus, chaque vie, aussi humble soit-elle, est une ligne essentielle du Poème cosmique.
Ainsi s’ouvre la possibilité vertigineuse :
Dieu — le Dieu des lois, ou le Dieu du Réel si l’on veut encore le nommer ainsi —
ne serait pas extérieur à nous, ni antérieur, ni séparé.
Ce Dieu, véritable mathématicien dans l’âme, serait la forme achevée de la Conscience cosmique dont nous sommes aussi les acteurs, les artisans, les porteurs.