Le Pontcel

Quand Guillaume Bagot et Gillette Vallée sa compagne, sieur et dame du Pontcel, ont été possesseurs d’un morceau de la croix ayant servie à la crucification du Christ…

Pontel…Ponsel…Poncel…Pontcel…Pontcet…Treveron…Trevron.
L’histoire de la terre hier noble de Pontcel est intimement liée à la terre noble de Carragat assise proche 
(Le Pontcel en Tévron est situé à proximité de la terre dite La Gibonnais, à 1200 mètres environ ; de celle-ci sortira Raoul Vallée sieur du Poncel cité en 1640. Le Pontcel est également situé à environ 1000 mètres de Carragat, terre de Saint-Juva ayant appartenue à Hamon Bagot né vers 1535 et fils de Jéhan Bagot et de Richarde Picot sieur et Dame de la Villeorieux. Carragat fut en effet aussi le bien de l’un des descendants de Raoul Grignard de Champsavoy et de Raoulette du Pontcel, son épouse, tous deux sieur et Dame du Pontcel) .

L’écriture n’a jamais été immuable et ainsi elle s’est transformée le long des siècles, et ainsi elle transforma souvent moult mots, souvent moult noms.

Il en ira ainsi pour notre petite ville de Tévron, il en ira ainsi pour sa terre nommée aujourd’hui Poncel assise proche de l’ancienne terre noble de Carragat, Poncel sans T.
De tout temps délimitée par deux ruisseaux pour le grand historien géographe Ogée il nous faut voir l’origine orthographique de ce nom au travers la seule présence d’un petit pont présent depuis la nuit des lustres sur cette terre celui-ci ayant par son unique présence donné sa fonction au nom du premier possesseur des lieux.
A la seule citation de ce petit pont ayant fait son histoire Poncel ne devrait t’elle, ou t’il, pas s’écrire de nouveau aujourd’hui Pontcel !

L’Ecuyer Raoullet Grignart (ou Raoul Grignart), seigneur de Champsavoy, en 1432 prendra en effet pour femme et compagne Raoulette du Pontcel fille de Raoul du Pontcel et de Guillemette de Launay.
Ainsi ici même, dès le dit XV siècle, va apparaître la noble famille des « Pontcel ».

L’Hostel de Pontcel sera en effet cité dès la première moitié du XV siècle, dès l’année 1441, et cela au travers la présence de l’Ecuyer Raoullet Grignart ainsi que celle de sa femme.
Aujourd’hui ancienne ferme, hier ancien manoir possédant métairie, en 1441 Pontcel était un Hôtel et ainsi sera présenté 
… Treveron …hostel du Pontel à Raoullet Grignart et sa femme…
La terre de Pontcel semble avoir été assez considérable au regard de ce qu’elle était en 1844 comprenant déjà moult bâtiments réalisés, il me semble, entre 1812 et 1821 puisque ces deux dates seront laissées écrites dans la pierre même de Poncel.
Cette seigneurie sera déjà vendue avant 1448 et, alors toujours exemptée de fouages, la terre noble du Pontcel, son hostel compris même si celui-ci n’est pas énuméré, sera pour la deuxième citée ; elle appartiendra alors à Jean Goven celui-ci y ayant un
 métayer… Le Poncel apartenant à Jean Goven et à sa femme, y a un métayer…

Au lendemain de cette même acquisition Pontcel semble cesser d’être noble.
L’Hôtel de Pontcel semble devoir tomber en effet en roture très tôt puisque en 1513, année de la Réformation de la Noblesse pour les évêchés de Dol et de Saint-Malo, Pontcel ne sera point cité parmi les biens nobles présents en Trévron.

Cette terre, tout au long des XVI et XVII et XVIII siècles, sera rencontrée plusieurs fois en les B.M.S de Lanvallay et de Dinan.
Voici ce que personnellement j’ai pu trouvé au travers de trois d’entres eux :

– Raoul Vallée cité « sieur du Pontcel » en 1640 ; les sieurs « Vallée » seront sieurs de l’ancienne terre noble de la Gibonnais assise à proximité, à seulement 1200 mètres environ.

– Guillaume Bagot né en 1548 lequel, époux de Gillette Vallée Dame de la Villeauvif, veuve de Julien de St-Cyre, était le petit-fils de Richarde Picot grande famille sortie de Saint-Malo ; Guillaume par son épouse était aussi possesseur de la terre de la Gibonnais et de la terre noble de Carragat par acquêt pour celle-ci.
De ses fonctions nous le trouvons être Connétable de Dinan et commissaire ordinaire des guerres.
Riche notable nous le retrouvons également le 06/11/1592 dans les Registres du monastère des Jacobins de Dinan au travers d’un don très riche qu’il fera, don religieux qu’auparavant son ami Messire René de Rieux, seigneur de Sourdéac, lui avait personnellement offert ; il s’agit alors d’un bijou en or contenant une petit morceau de bois de la croix sur laquelle le Christ fut crucifié 
…Guillaume Bagot, Commissaire ordinaire des Guerres et Connestable en ceste ville, gerant et stipulant tant pour luy que pour damoiselle Gillette Vallée sa femme et espouze, sieur et dame du Poncel. Lesdicts Bagot et Vallée, sieur et dame du Pontcel, ont baillé et délivré entre les mains desdictz sieur et prieur et religieux une croix d’or a laquelle ya ung petit anneau ou boucle, une perle fine, ung cristal rond, au milieu soubz lequel y a et on voyt du boys de la vraye croix ou a esté crucifyé nostre Sauveur et redempteur Jésu-Christ laquelle fut donnée par grande et singulière amityé audict sieur du Poncel par Messire René de Rieux seigneur de Sourdéac extraict d’autre quantité que ledict sieur de Sourdéac faisoit monter et enchasser en or en la ville de Paris laquelle quantité iceluy seigneur de Sourdéac affirma par serment audict sieur du Poncel icelle avoir eue et recouverte de la vraie croix qui est en l’abbaye de Redon et qui y fut donnée par le Duc de Bretaigne lequel fonda laitte abbaye a son retour du voyage de la saincte conqueste de Jerusalem dont laditte vraye croixainsy baillée et présentée par lesdictz sieur et dame du Poncel a jamais audict couvent pour relicque précieuse……
Leur fille Janne prendra pour époux Guillaume Serizay, sieur du Colombier à Dinan, aussi très grand notable sorti quant à lui de la paroisse de Plouër.

– Jean Fleury époux de Julienne Leblanc en 1650 ; celui-ci finalement était l’arrière-arrière petit-fils de la susdite Richarde Picot ; Jean, seigneur du Pontcel, de ses propres fonctions sera Conseiller du roi et Maistre en sa Chambre des comptes.
Ce dernier sera propriétaire d’une maison accolée à l’Hôtel de Plouër en Dinan intra-muros celui-ci étant alors la propriété du sénéchal Guillaume Marot des Alleux ; ce fait sera décrit dans un document daté de 1683 et archivé aux archives nationales : A.N p.1570, folio 71 : 
… Une maison sittuée en la ville de dinan, près de la grande rüe…le tout se joignant et par le devant au pavé de la dite grande rue…d’un costé a maison de messire Jan Fleuri seigneur de Pontcel et à la cour de la ditte eglise…
Cet hôtel sera, en 1773, la propriété de Mme de Launay de Carheil née Mousset, arrière-arrière-arrière-arrière petite-fille de Guillemette Rolland et de Macé Marot sieur et Dame du Cheminneuf en Lanvallay.

-Anne Fleury née en 1666 femme et compagne de haut et puissant messire Joseph Tuffin comte de la Rouërie, ou Rouairie ; fille de Jean susdit elle décédera le 21/04/1728.
(Les Tuffin de la Rouërie, originaires du pays de Fougères, sont cités dès 19 janvier 1452 au travers d’un accord intervenu entre Jan Tuffin, sieur de La Royrie, fils aîné de Pierre Tuffin, et Jan Tuffin son frère puisné. L’union Anne Fleury/Joseph Tuffin aura lieu le 26 mars 1684).

– 1821. La famille Regnault/Foustel. Le nom de celle-ci est inscrit sur l’une des pierres de la maison. François Regnault époux de Marie Faustel seront tous deux cités en 1836 en les lignes dénominatives de Trévron; il sera dit être de son état « laboureur ». Comme quoi en 1836 certains laboureurs pouvaient être possesseurs de leurs terres et faire partie intégrante des hommes très aisés ; les travaux de leur propre restructuration de l’ensemble de Pontcel commenceront en 1812 et se termineront en 1821, 9 années après.
A noter en ces deux dates l’inversion des deux chiffres 1 la tête de celui-ci étant en bas. Pourquoi cette écriture en miroir double !

N.B.
1– La susdite ancienne terre noble de la Gibonnaye, en Trévron, sera le bien en 1448 de messires Geoffroy Ruffier et d’Olivier Joehan.
En 1513 Demoiselle Raoulette Ruffier, dite Dame de la Gibonnaye, possède la métairie du Pont-Ruffier.

2– De l’hôtel originaire cité en 1441 il ne semble rien devoir rester les éléments architecturaux les plus anciens remontant semble t’il au XVII siècle, éléments présents que dans les vieilles dépendances.
Pour le(s) logi(s) actuel(s) une campagne de grande réalisation semble avoir été terminée en l’année 1821cette date étant inscrite en la pierre haute de l’une des multiples cheminées ; ces travaux semble avoir été réalisés par la dite famille Regnault/Faustel.

3– L’acte de mariage de la susdite Anne Fleury : … Acte de mariage de messire Joseph Tuffin, comte de La Royerie, vicomte des Portes, seigneur de Carnet, La Fontenelle, né à Saint-Ouen, âgé d’environ vingt-un ans, et damoiselle Anne Fleury, dame du Pontcet, âgée d’environ dix-sept ans. Signé : J. Moncoq, subcuré de Saint-Malo de Dinan, Jean Fleury et dame Julienne Le Blanc, seigneur et dame du Pontcet, père et mère de ladite demoiselle. Charles Tuffin, vicomte des Portes, et Anonyme Tuffin, chevalier de La Royrie, écuyer Pierre Bréal, conseiller du Roy et son procureur, Pierre Fleury, seigneur du Vaucler, frère de ladite demoiselle. N. H. Julien Fleury, sieur de …. escuyer, Gilles Crêpais, sieur de La Brumanie, N. H. Jullien Bertin, sieur de La Brumanier, Anne de La Haye, Janne Bouan, Angélique Avril, etc…