Entre Pavillon et métairie…
Texte corrigé et adapté avec soin par Elios, compagnon de plume et de cœur.

Le Pavillon en Lanvallay proche du pont de Lehon-Lanvallay. La Rue Anne.
Milieu XVI siècle.
Situé en contrebas de la Rance, sur la route de Dinan à Lanvallay, en sortie du bourg, le Pavillon est sans doute l’un des bâtiments les plus curieux et mystérieux de notre commune.
Il fut vraisemblablement construit à la fin du XVIIe siècle ou au tout début du XVIIIe siècle. Situé au bord même de la Rance, le Pavillon s’inscrit dans une relation directe et intime avec le fleuve. Contrairement à d’autres logis comme celui de Grillemont, établi en surplomb, le Pavillon ne bénéficie pas d’un point de vue dominant. Cette position exclut donc toute fonction défensive stratégique liée à l’observation ou au contrôle des allées et venues sur la rivière.
Tout semble au contraire indiquer une vocation résidentielle ou de villégiature, peut-être liée à une activité marchande ou fluviale, si importante à Lanvallay à certaines périodes de son histoire. Aucune archive disponible ne fait mention d’un rôle militaire ou administratif, ce qui renforce l’idée d’un lieu avant tout civil.
Longtemps laissé à l’abandon selon certaines sources orales, le Pavillon a toutefois traversé les siècles sans trop de dommages visibles. Ce simple fait témoigne à la fois d’une construction robuste et, très probablement, d’un entretien ponctuel et discret au fil du temps. Le mystère de ses origines exactes reste entier, mais c’est peut-être aussi ce qui fait toute la beauté et l’émotion du lieu.
Aujourd’hui encore, il attire la curiosité de nombreux promeneurs, intrigués par sa silhouette élégante, presque romantique, et par l’aura de mystère qui semble l’entourer.
Le Pavillon fait désormais partie intégrante du patrimoine historique de Lanvallay.
Il symbolise à la fois l’ingéniosité de nos ancêtres, leur souci du détail, et leur capacité à intégrer harmonieusement un édifice dans le paysage naturel.
Il appartient à chacun d’entre nous de continuer à le préserver, à l’observer avec respect, et à transmettre son histoire aux générations futures.

Tableau d’ YVES FLOC’H dit » PAPA FLOC’H « .
Ce grand peintre régional enseignera le dessin au Collège » ROGER VERCEL » de DINAN
Yves Floc’h va donc devenir ce talentueux et célèbre peintre dinannais.
La Bretagne aussi lui doit beaucoup il est vrai.

Pierre tombale de Raoulet Sarcel sieur des Crouez
Cy gist noble bourgeois Raoullet Sarcel en son vivant sieur des Crouez qui décéda le XXV jour de janvier MDXXI
En l’ancienne église du couvent des Cordeliers de Dinan fut en 1866 découverte cette pierre.
Photographie de Daniel Duros.
Témoin discret mais tenace des siècles passés, le Pavillon, comme enraciné au bord de la Rance, semble avoir veillé en silence sur les lignées qui l’ont approché, traversé ou possédé. Et parmi ces figures, une famille retient l’attention…
Raoulet Sarcel, sieur des Croix en Lanvallay, né vers 1470 et inhumé aux Cordeliers de Dinan en 1521, fut, je pense, le premier possesseur de cette terre.
Pierre Sarcel, son fils, époux de Marie Goubin, décède le 5 août 1533. Il fut notamment le père de Marie et de Christophe. Il semble avoir eu une sœur, Françoise Sarcel, épouse d’Alain Lerenec, qui sera marraine du dit Christophe.
Ainsi, les enfants de Raoulet furent Pierre et Françoise.
En 1543, Raoulet est cité parmi les teneurs de fiefs devant payer l’impôt seigneurial au prieuré de la Magdelaine au Pont à Dinan. Le 21 juin 1543, ses enfants apparaissent dans un acte d’aveu et de dénombrement rédigé pour messire Jehan Leclerc, prieur commendataire du dit prieuré : « cinq godetz et ung chapon, mesure et appréciement de Châteauneuf dont sont hommes et teneurs les héritiers de Raoulet Sarcel ».
Cette terre semble être restée dans la famille Sarcel durant trois générations, jusqu’à Marie Sarcel, née le 1er décembre 1529, qui épousa Maurice Picot, sieur des Croix. Ces derniers ne peuvent avoir été les concepteurs du « Pavillon », édifié au milieu du XVIe siècle. Une cheminée au deuxième étage de la tour, ornée des armoiries aux « trois sarcelles », porte la date de 1556. Ce couple ne semble pas être les commanditaires de ce logis : les armoiries ne sont pas mi-parties, mais simples. Par ailleurs, Maurice meurt peu après son mariage, le 31 mars 1566.
Il faut donc probablement chercher le véritable commanditaire du logis dans la personne de Pierre Sarcel, fils de Raoulet et père de Marie Sarcel. Époux de Marie Goubin, il portait vraisemblablement les « trois sarcelles » de son père.
Le père de Marie Goubin, Robinet Goubin, était semble-t-il receveur de l’évêché de Saint-Brieuc.

Les parcelles 551 et 552 forment ensemble réunies l’ancienne métairie aujourd’hui maisons d’habitation. Le bâti annexe situé à la droite du Pavillon, entre la rue et celui-ci, a aujourd’hui disparu ; fut t-il lui aussi à usage d’habitation, donc logis, ou bien à usage professionnel ?
Macé Picot, fils héritier de Maurice Picot et de Marie Sarcel, né vers 1570, et son épouse Bertranne Hamon furent à leur tour possesseurs du Pavillon. Tous deux furent dits « sieur et dame de la Moinerie et des Croix » (la Moinerie étant située sur l’actuelle commune des Champs-Géraux).
Guillaume Picot, né vers 1570, frère de Macé, fut l’un des trésoriers de l’économie de la paroisse Saint-Sauveur de Dinan. Son nom est gravé sur l’un des piliers de la voûte de l’église.
Jean Picot, fils de Macé et Bertranne, né le 27 décembre 1593 et apothicaire de son état, fut également dit « sieur de la Moinerie et des Croix ».
Après lui, le Pavillon semble être passé à Laurent Legay, ou au père de celui-ci, aucun des enfants de Jean Picot ne l’ayant hérité, malgré leur existence.

Mil 557 et 58 Phi.Deduit, P.Dubouays, Re.Labert, T.Artur, Guy Ravenel Fabriqueurs thésauriers ont fait asseoir cestz quatre pilliers – Le XX et un jour du mois d’aougst sans faire sejour ce beau cueur firent comacer les trésoriers qlx ece pilier sont nomez coe vous pourez lire Guill.Picot , Guy de Saint Cire , Xgn Tourondel , Geoffroy Roquet et fut en lan mil Vcc sept par le meste de cestuy art con apelloit Roll.Bougnart.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le Pavillon devient le bien de noble homme Laurent Legay, né en 1622, fils de Jean Legay, sieur de Vauregnard. Il épouse Simone Levayer (ou Le Vayer).
Le Pavillon reste dans cette famille pendant trois générations : Pierre-Louis Legay, né en 1653, puis son fils Charles Legay, né en 1693, nommé par Charles Feudé « sieur des Croix » en Lanvallay.
Probablement par acquêt, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, il devient le bien de noble homme Gilles Pleuvier, né en 1650. Ses parents possédaient la terre noble de la Villeameline à Tressaint, toute proche. Gilles Pleuvier, sieur du Pavillon, décède en juin 1719 et est inhumé à Lanvallay en présence de Guillaume Pleuvier, Claude Bernard sieur de la Cocherais, François Mesnaige sieur du Boutron, Jan-Thomas Ernault sieur du Villeu, et d’autres
.…Noble homme Gille Pleuvier sieur du Pavillon, décédé dhier a été inhumé dans l’église de Lanvallay en présence e Guillaume Pleuvier, Claude Bernard sieur de la Cocherais, François Mesnaige sieur du Boutron, Jan-Thomas Ernault sieur du Villeu et plusieurs autres ce deux juin mil sept cent dix neuf…
Gilles épouse Jeanne Bezart, « demoiselle de Boitison » en Évran. Elle hérite de la maison noble de Boitison (paroisse de Saint-Judoce).
Jeanne décède en sa maison de Boitison et est inhumée à Évran. Gilles, remarié, repose à Lanvallay. Son frère, Nicolas Pleuvier, époux de Jeanne Lefrançois, fut possesseur du manoir de la Touche Carcouët à Saint-Piat.
Le Pavillon, très tôt clôturé de ses pourpris, a été remanié à plusieurs reprises. Ses cheminées et lucarnes élégantes relèvent de l’architecture Renaissance. Notons, en particulier, la présence d’un visage sculpté dans la partie haute de la cheminée orientée vers la rivière, qu’il semble contempler

Dessin exécuté par Henri Frotier de la Messelière

Elément de charpente de la Métairie du Pavillon.
La métairie du Pavillon, métairie probablement antérieure à la fin du XVII siècle par sa fonction même, verra sa charpente déjà entièrement refaite à neuf en 1682 (photographie de monsieur Dominique Bognet).

Cheminée sculptée comportant en sa partie haute un visage humain.



La pierre tombale de Raoulet Sarcel est toujours existante aujourd’hui en la cour de cet ancien couvent celui-ci aujourd’hui lycée; ses armoiries par un « jeu de mots représentaient 3 sarcelles, l’oiseau « sarcelle » (Il est troublant de savoir que la ville de Sarcelles dans le Val d’Oise a pour Armoiries exactement les mêmes Armoiries que feu « Raoulet Sarcel ». Quel fut le lien ayant uni hier ces deux entités, si lien il y eu ?) . Les Croix en la paroisse de Lanvallay était un hameau, un petit village « élément » lui aussi à part entière de la paroisse de Lanvallay. A ce titre, tout au long du 17ème siècle, seront en même temps dits « Sieur des Croix » plusieurs patronymes ; nous rencontreront ainsi et en même temps, tous dits sieur des Croix en effet, les patronymes Picot – Rolland – Lerenec – Feudé.

La ville de Sarcelles dans le Val d’Oise reprend les mêmes Armoiries que celle de la pierre tombale de Raoulet Sarcel.
La ville de Sarcelles dans le Val d’Oise trouve l’origine de son nom dans le mot anthroponyme gallo-romain Cercellus, nom que l’on donnait aux fabriques de cerceaux pour tonneaux.
Il me faut rappeler ici même, au XIII siècle, la présence en la paroisse de Lanvallay de vignes importantes (au plus près, mais de l’autre côté du pont, seront assis au XIII siècle les célèbres moulins de Brachessac, alors moulins à bras).

Généalogie descendante partielle de Raoulet Sarcel.
A savoir :
Raoulet Sarcel sieur des Crouez décédé le 25/01/1521dont:
1. Françoise Sarcel femme d’Alain Lerenec.
2. Pierre Sarcel époux de Marie Goubin ; celui-ci décède le 05/08/1533. Dont :
1. Christophe né le 02/02/1523 et époux de Roberde Lotin; Christophe est nommé en l’église de la Magdeleine du pont à Dinan par Françoise Sarcel femme d’Alain Lerenec. Ces deux derniers seront cités en 1556 pour un même héritage tenu en commun; cet acte est relatif à l’entrée en fonction du prieur Pierre Ferron nommé comme « nouveau prieur » du prieuré de la Magdelaine au pont à Dinan…Christophe Sarcel et Gilette de La porte par cause des heritages quilz en tiennent prochement assis en la dite paroisse de Lanvallay le tout contenant environ vingt six journaux de terre sentretenant et joignant dune part a terre de Andre Le Provost et sa femme, dautre part a terre de Didier Chevallier, daultre le chemin quel conduist de Dinan...
2. Françoise née le 15/07/1525 ; elle sera nommée par Alain Lerenec susnommé et Julienne de Saint-Cyr. Françoise prendra pour époux Jehan Grout issu de la noble maison du même nom.
3. Robert né le 07/12/1526 et nommé par Jean Dufresne et Marie Lebreton.
4. Jehan né le 06/03/1527 et nommé par Jehan de la Haye (Sieur de Boiscolin ?), Jehan Hamon et Marie Lambert (Femme dudit Jehan Hamon).
5. Marie née le 01/12/1529 nommée par François Prestesaille époux de Marie Razel. Marie prendra pour époux Maurice Picot sieur des Croix en Lanvallay (François Prestesaille aura pour fille Marine celle-ci prenant pour époux Antoine Lerenec Sieur de Pontgenest).
Généalogie des « Sieurs des Croix » en Lanvallay :
– Raoulet Sarcel, sieur des Crouez ou des Croix décédé en 1521 ; sa pierre tombale est située dans la cour du couvent des Cordeliers de Dinan.
– Pierre Sarcel fils du précédent et père de la suivante.
– Marie Sarcel époux de Maurice Picot ; née en 1529 Marie Sarcel est petite fille de Raoulet Sarcel ci-dessus et la sœur de Christophe (Celui-ci sera cité en 1543 en un acte d’imposition féodal pour les biens qu’il détenait au pont à Dinan) .
– Macé Picot né vers 1560 époux de Bertranne Hamon ; fils des précédents. Il sera dit Sieur de Lanvay lors du baptême de Macé Aubry en 1599 (Aujourd’hui se sont les terres surplombant la rivière au Mont en Va celui-ci nommé au XVII siècle : le chemin de Lenvay).
– Guillaume Picot né vers 1570, frère du précédent. Le nom de Guillaume est inscrit comme « trésorier » sur l’un des piliers de la voûte de Saint-Sauveur. Celui-ci en effet sera le trésorier de la dite paroisse.
– Jean Picot né en 1593 époux d’Olive Locquet ; fils de Macé et de Bertrane Hamon ci-dessus. Jean, apothicaire, sera inhumé dans la chapelle St-Roch de Saint-Sauveur de Dinan.
– Jacques Rolland cité « SIRE Jacques Rolland » et « sieur des Croix en Lanvallay » le 11 mai de l’année 1583 ; demeurant au Pont il relève alors de l’autorité seigneuriale première de Guy de Rieux seigneur de Châteauneuf puisque la paroisse de Lanvallay relevait en ce temps encore de la « Cour seigneuriale de Châteauneuf la Noë ».
Jacques ici est soit l’oncle de Nicolas Rolland, ci-dessous cité, soit son aïeul direct. Résidant au pont à Dinan il vivra en cette dite année 1583 très probablement en la Grande maison de la Croix Verte bien, après lui, du sieur Rolland Rolland père du dit Nicolas. Ce Rolland Rolland, époux de Janne Ferron, fut soit le fils de Jacques ou soit son propre frère germain.
– Nicolas Rolland né vers 1575 époux d’Olive Hudebert ; il fut le fils de Rolland Rolland sieur de la Croix-Verte à la Magdeleine.
– Julienne Rolland époux de Jean Lechapelier sieur et Dame de la Champagne et de Cucillé (Terre assise toute proche de Rennes pour cette dernière) ; fille des précédents elle sera inhumée en l’église de la Magdeleine du Pont à Dinan.
– Jean Rolland né vers 1600 épouse Charlotte Vannard ; il fut le fils de Nicolas Rolland ci-dessus. Procureur syndic de Dinan Jean sera inhumé aux Cordeliers de Dinan.
– Pierre Rolland, né en 1634, époux successif de Jeanne Agan et de Jeanne Desdouit, fut le fils de Jean Rolland ci-dessus. Pierre sera le trésorier de St-Malo de Dinan en 1676, puis le maire de celle-ci (Pierre fut le beau-père de Raoul Amelot propriétaire des Ponts-Pillets en Léhon). Pierre fut inhumé aux Cordeliers de Dinan.
– Jacques Lerenec né vers 1560 et cité en 1595 comme étant le parrain de Maurice Chevalier fils de Nicolas Chevalier et de Jeanne Lerenec.
– Antoine Lerenec, cité en 1583 lors du baptême d’Antoine Lerenec ci-dessous, est présenté comme étant le cousin germain de son père, Guillaume Lerenec sieur de Beauchesne. Il est un très parent probable de Jacques susdit.
– Antoine Lerenec né en 1583 qui prendra pour épouse Gillette Cochart ; fils de Guillaume Lerenec sieur de Beauchesne il était le petit fils de Pierre Nicolas sieur du Gisleau en Saint-Piat et de la Touche en Evran. Je le pense avoir été le neveu de Jacques ci-dessus.
– Pierre Leroy né en 1597 et époux d’Olive Dupré ; Pierre fut l’arrière petit-neveu de Macé Lerenec sieur de la Touche en Evran lui même beau frère de Pierre Nicolas ci-dessus. Pierre sera « notaire royal ».
– Macé Leroy né en 1626 et époux de Roberte Fleury. Macé fut le neveu de Pierre Leroy ci-dessus cité et le propre fils de Jean Leroy sieur de Grabuisson.

Acte de décès de Noble homme Gilles Pleuvier sieur du Pavillon inhumé en l’église paroissiale de Lanvallay.
Texte corrigé et adapté avec soin par Elios, compagnon de plume et de cœur.
JP