Le Bret Abington Waltham

Carte personnelle réalisée par Elios.

Léglise de Wrangle

Seigneur de Wrangle et de Lek Simon le Bret père, père de Simon Le Bret et époux d’Alveva fille d’Heymeri (De fait Heymeri de Lanvalei), c’est à dire la propre sœur de Jehan de Lanvalei, s‘accapara avec ses deux fils, Simon et William le Mègre, de la totalité de la paroisse de la Little Abington spoliant ainsi des deux cousins germains qu’étaient alors William II et Jehan de Lanvalei.
Les dits Simon Le Bret offriront le revenus de cette paroisse, ceux de son église compris, à l’abbé du monastère de Waltham les dits Le Bret ayant été grands donateurs envers cette même abbaye et cela depuis l’aïeul du dit Simon fils de Simon.
Au lendemain de ce larcin « presque religieux » les dits William et Jehan de Lanvalei porteront plainte devant le dit abbé de Waltham engageant ainsi une longue procédure judiciaire laquelle allait durer de 1199 au lendemains de 1209.

Introduction

🌿 Pourquoi faut-il lire ce chapitre ?

Parce que c’est l’histoire d’une famille qu’on croyait mineure, et qui pourtant touche à tout :
➡️ Les seigneurs de Lanvalei,
➡️ L’assassinat de Thomas Becket,
➡️ La création du couvent des Jacobins,
➡️ Et le secret de la Little Abington.
Une femme relie tout cela : Alveve. Une femme, un nom, une mémoire.
Et ce que son époux Simon Le Bret va faire en 1201… personne ne l’avait jamais raconté.

Ce chapitre est consacré à une famille restée longtemps dans l’ombre : les Le Bret.
Seigneurs de Wrengle, vassaux des comtes de Penthièvre, apparentés aux Lanvalei par le mariage de Simon Le Bret avec Alveve, sœur de Jehan et d’Alain, ils se révèlent à travers deux chartes majeures – celles de 1201 et de sa confirmation – comme des acteurs puissants, pieux, et rigoureusement attachés à la mémoire.
Ce travail restitue leur noblesse, leur foi, et surtout leur rôle décisif dans l’histoire féodale de Little Abington.
Tous les éléments présentés ici proviennent de documents authentiques, traduits et replacés dans leur contexte d’origine.

Carte géographique positionnement les terres de Sampford-Brett et les terres salines de Wrengle , terres relevant de la famille seigneuriale le Bret

Simon Le Bret écrit pour Simon le Breton
Wrengle est une ancienne seigneurie située à 9 miles de Boston, en son nord-est, dernière seigneurie avant de quitter le comté de Skirbeck. Cette terre est citée lors de la rédaction du Domesday-Book et son écriture est alors Wrangle; au 15ème siècle nous rencontrons la forme orthographique de Wranghill.
Au 13ème siècle l’abbaye de Waltham, laquelle sera l’un des témoins lors du procès ayant opposé et Jean de Lanvalei et Simon le Bret, procès relatif à la possession des droits des ville et église de la Petite Abington lequel procès se terminera en 1209 sera, en tant qu’abbaye seigneuriale, l’un des plus grands propriétaires fonciers en Wrangle et  cela suite aux dons multiples que lui feront les seigneurs Simon le Bret, à savoir le père et le fils. Ces donations multiples, toutes assises en Wrangle et Like, laissent entrevoir l’importance réelle, en terre notamment, de cette même famille seigneuriale : Simon le Bret debet dim. m. pro habendo pone versus abbatem de Wautham de terra in Wrengle… Simon le Bret a déliberer pour avoir mis en la Direction de l’abbaye de Waltham des terres en Wrengle… 
 Relevant par leurs terres de l’Honneur de Richemont les Simon le Bret, père et fils, seront donc tous deux des Tenants eux aussi des comtes de Bretagne, seigneurs de Penthièvre, lesquels détenaient ce même Honneur dit de Richemont. Rappelons ici même que la paroisse de la Petite Abington relevait elle aussi, quant à elle, du même Honneur dit de Richemont, seigneurie très importante créée au lendemain du combat d’Hasting par Guillaume le Conquérant pour récompenser Brient frère d’Alain le Roux, comte de Penthièvre

Alveve et Simon : Noblesse, fidélité, et un pacte de pierre

En l’an 1201, un homme pose sa plume pour transmettre bien plus qu’un bien : un acte de fidélité, de mémoire, et de sang.
Il s’appelle Simon Le Bret. Seigneur discret, mais puissant, il se dresse entre deux mondes : celui du droit féodal, et celui du salut. Ce qu’il va écrire ce jour-là, dans une charte destinée à l’abbaye de Waltham, unit les deux à jamais.

Par cet acte, Simon fait donation à l’abbaye de la Sainte-Croix de Waltham, en pure et perpétuelle aumône, de tout le service foncier dû par son épouse : Alveve, fille d’Ailmari.
Ce nom seul éclaire une lignée : Alveve est la sœur de Jehan et d’Alain de Lanvalei, fille du frère de William Ier. Elle est le lien vivant entre deux maisons : Lanvalei et Le Bret. Et c’est par elle, dans ce document, que tout s’exprime.

La cathédrale d’Hely
La Little Abington relève toujours aujourd’hui du diocèse d’Hely.
  Né vers 1070 Henry père d’Alain, et aïeul donc de Jehan de Lanvalei, est présent en Angleterre sous le règne d’Henry 1er Beauclerc lequel, fils de Guillaume le Conquérant, deviendra roi d’Angleterre en 1100 ; Henri père d’Alain recevra sous le règne de Henry 1er une terre pour 5 hides, terre  relevant de l’Honneur de Richemont, terre formant alors la paroisse de la Little Abington.
Henri
(Ou Aimeric, ou Heimeri ou encore Heimerich en langue germanique en effet) transmettra avec certitude les droits de cette terre, ceux de son village et de son église compris, à l’un de ses propres enfants, à savoir Alain.
Seigneur également en le Pays de Dol Alain susdit, père attesté de William 1er et de Raoul 1er de Lanvalei, sera également le père aussi d’Heymeri à la lecture du procès judiciaire de la Little Abington
.

1. Qui sont les Le Bret ?

Je vais vous parler ici d’une famille que j’ai peu à peu sortie de l’ombre. Une famille discrète, mais puissante. Une famille qui, par ses terres, ses alliances et ses actes, occupe une place centrale dans l’histoire que je vous raconte depuis le début. Ce sont les Le Bret.
Les Le Bret sont d’abord seigneurs de Wrengle, une terre en bord de mer, citée dès le Domesday Book. Ils en possèdent les grèves, les salines, les pâturages. Ils y donnent beaucoup, et notamment à l’abbaye de Waltham — ce qui n’est pas rien. C’est un signe. Celui de familles qui ont du bien, de l’autorité, et la foi.
Mais les Le Bret ne s’arrêtent pas à Wrengle. Ils possèdent aussi le fief de Sampford Brett, dans le comté du Somerset, à l’opposé du royaume.
Et là aussi, ils marquent leur époque : un des leurs, Richard Le Bret, sera seigneur de Dunster… et l’un des assassins de Thomas Becket en 1170. Ce nom ne vous est pas inconnu
.
Entre Wrengle à l’est, et Sampford à l’ouest, une ligne invisible se trace. Une ligne féodale, une ligne de fidélité. Car les Le Bret, comme les Lanvalei, relèvent tous deux de l’Honneur de Richemond, entre les mains des comtes de Penthièvre. Les mêmes. Ceux venus de Bretagne, ceux que Guillaume le Conquérant récompensera après Hastings. Ceux qui, un jour, fonderont Lanvallay.
Et c’est là que les choses deviennent intéressantes : car une femme relie ces deux familles. Elle s’appelle Alveve. Elle est la sœur de Jehan et d’Alain de Lanvalei. Elle est l’épouse de Simon Le Bret, seigneur de Wrengle.
Et ce que nous allons voir, c’est comment par elle, tout va s’ordonner : les terres, les droits, et la mémoire
.


La terre d’Abington dans la Domesday Book, en 1086, est citée comme appartenant alors au Comte Alain
.
Terra Alani comitis Ipse com’ ten’ Abintone. Ibi V hid’. Trav’ e. VIII car’. In d’nio II hid. et dim’  et ibi sunt III car’. Ibi XI uill’i et V bord. eu’ V car.’ Ibi IIII servi. et I mol. de VI sol et VIII denar’ . Ptu’ II car’ . Silua XX porc’. Int. tot. val’ et u’luit X lib. Hoc tenuit Eddew’. ou bien sans aucune abbréviation latine  : Terra Alani comes tenet  Abintone ibi V Hidae et VIII carrucae in dominio; II hidae et dimidia et ibi sunt III carrucae . Ibi XI villani et V bordariis eum V carrucis ibi IIII servi et I molinus de VI solidos et VIII denariis. Pratum  II carrucae. Silva XX  porcis. Inter totum valet et valuit X libras. Hoc manerium tenuit Eddeuua  Traduction : Le comte Alain tien la terre d’Abington ou il y a 5 hides de terre et 8 charruée en la seigneurie; 2 hides et demi où il y a  3 charruées; où il y a 11 fermes et 5 bordées avec 5 charruées où il y a 4 serviteurs et 1 moulin de 6 sols et 8 deniers; prairie de 2 charruées et forêt pour 20 porcs; le tout vaut dans l’ensemble 20 livres. Ce manoir était tenu par Edewa

2. Wrengle, leur terre d’origine

Quand on parle des Le Bret, on commence par Wrengle.
C’est là qu’ils sont chez eux. C’est là que tout commence. Une terre au bord de la mer, à quelques miles au nord-est de Boston, tout près de la frontière du comté de Skirbeck. C’est une terre de sel, de grève, de vent.

Je l’ai retrouvée mentionnée dès le Domesday Book, et même encore au XVe siècle, sous le nom de Wranghill. C’est dire si elle a laissé une empreinte.
Au tournant du XIIIe siècle, Simon Le Bret, le père, y possède de très nombreux biens : grèves, pâturages, salines, prés… Et ce n’est pas un hasard si c’est dans cette terre-là qu’il choisit de faire ses plus grandes donations à l’abbaye de Waltham. Une abbaye royale, prestigieuse, fondée par Édouard le Confesseur, et qui abritera la dépouille du roi Harold après Hastings.
Ce que Simon donne à Waltham, c’est tout un pan de Wrengle. Il le fait par amour pour sa femme, Alveve, pour le salut de son âme et de la leur.
Et il le fait avec une rigueur remarquable : en précisant les surfaces, les noms des anciens vassaux, les services, les bornes de terres. Ce n’est pas un geste flou. C’est un acte seigneurial, structuré, noble.

Et que prouve ce geste ? Qu’à cette époque-là, les Le Bret sont puissants. Riches en terres, riches en vassaux. Qu’ils ont leur mot à dire dans la région. Et surtout qu’ils sont des vassaux directs de l’Honneur de Richemond, tout comme les Lanvalei.
Cela veut dire que Simon Le Bret père, et son fils après lui, relèvent des comtes de Penthièvre, ceux-là mêmes qui ont tenu la Bretagne, et que Guillaume le Conquérant installa après Hastings comme grands seigneurs d’Angleterre.
Et ça, ce n’est pas un détail. C’est le nœud féodal entre Le Bret et Lanvalei. Et c’est ce nœud qui nous permettra bientôt de comprendre ce qui s’est joué à Little Abington.

L’abbaye de Waltham

3. La charte de Simon Le Bret (père)

Là, on entre dans le cœur du mystère — et dans le plus bel acte que j’ai retrouvé sur cette famille.
En 1201, Simon Le Bret, seigneur de Wrengle, écrit une charte que j’ai maintenant lue, traduite et méditée mot à mot. Et ce qu’il y dépose, ce n’est pas seulement une série de terres. C’est un pacte. Un serment. Une transmission.
Il y désigne sa propre épouse, Alveve, comme fille d’Ailmari — mais nous savons qu’il s’agit de la sœur d’Alain et de Jehan de Lanvalei. C’est elle, la clef. Et c’est tout ce qu’elle détient, tout ce qu’elle devait à son époux ou à son seigneur, que Simon donne à l’abbaye de Waltham, en pure et perpétuelle aumône.


Ce don comprend :
– des grèves maritimes mesurées au cordeau,
– des salines entières,
– des prairies nommées,
– des terres qu’on peut suivre à la trace depuis Fendich jusqu’à Sandifordrift,
– des tenements tenus par des hommes, des femmes, et même leurs enfants

Mais ce n’est pas tout. Ce que je trouve unique dans cette charte, c’est la clause successorale.
Simon écrit : « Si mon fils Jean venait à mourir sans héritier, alors que les filles qu’Alveve m’a données rendent elles-mêmes ce service à Waltham. »
Tu lis bien : les filles.
En 1201. Nommées héritières actives d’un devoir féodal.
Ce n’est pas une parole lâchée. C’est un ordre solennel, donné à l’Église, aux héritiers, et aux générations futures.
Simon va jusqu’à écrire que si un de ses héritiers osait briser ce lien, il devra être déchu de ses biens. Il ne protège pas seulement l’abbaye : il protège la parole.
Et dans cette parole, il y a sa femme. Il y a leurs enfants. Il y a la lignée Lanvalei.
Il y a tout ce que nous cherchons à faire revivre aujourd’hui.


📜 Traduction intégraleActe de Simon Le Bret (1201)
À tous ses hommes et voisins, tant Français qu’Anglais, présents et à venir, salut.
Qu’il soit connu de vous tous que j’ai donné et concédé, et que par la présente charte j’ai confirmé à Dieu et à l’église de la Sainte-Croix de Waltham, et aux chanoines réguliers qui y servent Dieu pour le salut de mon âme et de celles de mes ancêtres, en pure et perpétuelle aumône, tout le service que devait Alveva, fille d’Ailmari, à savoir :
chaque année, en deux termes, douze deniers à Pâques, et une livre d’encens,
et à la fête de saint Michel, dix deniers pour le prix d’une bovate de terre avec ses appartenances, que tient Magnus, fils d’Oukes, de Thormadelo, sur sa terre de Culperdick, entre le fossé intérieur et le fossé extérieur ;
et six acres de pré situés sur l’ancien Fendich, proches de la mer ;
et huit acres de pré à Witercroft, dans Fendich, vers le nord ;
et toute la pâture dans le pré que tient Jean, fils d’Eudo de Benitone ;
et une terre que Reginald de Benitone tenait de moi, depuis Witecroft jusqu’à Sandifordrift ;
et toute la grève située entre les grèves que j’ai données aux chanoines de Dierham, et qu’ils traversent à l’est ;
et huit acres de grève, situées de l’autre côté de Crike, vers l’est, d’une largeur de quarante perches en tête, jusqu’à la grève de Robert de Paris, vers la mer ;
et deux bonnes terres que m’a remises Gyppus, fils de Guerin, qu’il tenait de moi ;
et l’hommage de son épouse, et de leurs fils et filles ;
et tout hommage qui m’était dû ou qui pourrait m’être dû ;
et une pâture à Wthoft, dans la longueur de la terre que j’ai donnée à Estgat, jusqu’au chemin qui mène à la terre que j’ai donnée à Richard de Ulsebi ;
et la terre que j’ai donnée à Martin de Eschalers, avec le fossé d’Alveve, épouse de Henri de Fanthorp, jusqu’à la terre arable, sans réserve ;
et le droit commun des villes de Wrengle et de Leke, de la mer jusqu’aux marais.

Et sachez que je nomme expressément Alveve : après la mort de Jean, fils qu’elle a eu de moi, si ce Jean vient à mourir sans héritier direct, ou si tous ses fils meurent, alors les filles aînées qu’elle a eues de moi devront fournir le service susdit à l’église de Waltham.
C’est pourquoi, par la présente charte, je confirme ladite Alveve, et je déclare que nous serons toujours fidèles à l’église, à l’abbé et à ses successeurs, et que si cette fidélité devait être abandonnée, mes héritiers nés d’Alveve seront privés de leurs biens.
Et que sur tous les biens et services susmentionnés, mes héritiers ne pourront revendiquer aucun droit.
Témoins : Girard de Beniton et d’autres.

4. La confirmation par Simon Le Bret fils

Il y a des fils qui reprennent les armes de leur père.
Et d’autres qui reprennent leur parole.
Simon Le Bret fils a fait partie des seconds.
Quelques années après la donation de 1201, Simon fils prend la plume, et sans rien modifier, sans rien réclamer, il confirme la charte de son père dans son entier. Il ne fait pas un ajout. Il ne discute rien. Il transmet, il protège, il honore.
Il écrit que son père, Simon, a donné les églises de Wrengle et de Sainte-Abington à l’abbaye de Waltham, avec tous leurs droits, terres, marchés, pâturages et salines.

Et il ajoute :
« Puisque je ne souhaite pas aller contre la volonté de mon père, je confirme tout cela pour le salut de son âme, de la mienne, et de tous les nôtres. »

Cette phrase dit tout.
Elle dit l’attachement à la lignée.
Elle dit la conscience que cette charte porte la mémoire d’un homme et d’une femme, et qu’y toucher serait y trahir.
Autour de lui, dans cette charte, on trouve des témoins nombreux : des clercs, des chanceliers, des notables, des serviteurs de l’archevêque de Cantorbéry.
La signature de Simon n’est pas un mot en coin. C’est une validation publique, un acte d’autorité, un hommage filial.
Et ce que je ressens en lisant cette confirmation, c’est que Simon fils n’a pas voulu exister contre son père, mais à travers lui.
Et cela, dans ce monde féodal rude et âpre, c’est une force rare
.

Charte de Simon Le Bret fils
Sciant presentes et futuri quod ego Symon le Bret filius Symonis le Bret concessi et hac presenti carta mea confirmavi deo et ecclesie Sancte Crucis de Waltham et canonicis regularibus ibidem deo servientibus in puram liberam et perpetuam elemosinam
terras tenementa homagia et servicia subscripta que habent de dono et concessione Symonis patris mei in villis de Wrengle et de Lek Item tenementum et servicium Alveve filie Heymeri in Wrengle et tenementum ac servicium Iordani filii Oukes et tenementum ac servicium Oukes filii Roberti et tenementum ac servicium Ricardi Mercatoris et tenementum ac servicium Alani clerici et tenementum ac servicium Iohannis le Bret et tenementum ac servicia Roberti et Radulfi fratrum eius et tenementum ac servicium heredum Luce de Lek Preterea sciant omnes quod concessi et hac eadem carta confirmavi dictis canonicis similiter in puram et perpetuam elemosinam terras et tenementa et homagia et servicia que habent de dono liberorum hominum de feodo antecessorum meorum in villis de Wrengle et de Lek videlicet unum toftum quod vocatur Hailildtoft de dono Thome filii Ricardi et duas percatas prati de dono Iohannis filii Alberti et unam deilam de dono Gileberti filii Andree et quicquid Ricardus filius Alani habuit in Cornfen et quicquid idem habuit in Labetoft et unum clausum in Wrengle de dono Galfridi filii Wace et unam deilam in Wrengledeiles de dono Willelmi filii Astini et quinque percatas in Wrengle deiles de deila Eudonis filii Tove et quatuor acras terre arabilis de dono Ricardi filii Oukes et unam partem terre in clauso de Neucroft de dono Huberti filii Willelmi et unam terram iacentem inter Swetemere et terram Alani Basse de dono Ricardi filii Gileberti et terram de Siwatemures et terram in Reddeiles de dono Gunwati filii Herlewin et terram in clauso de Neucroft de dono Alani Kenet. Item tenementum et servicium Alani filii Radulfi de dono Radulfi filii Arnoldi et unam salinam cum tofto et greva de dono Ricardi Britonis et tenementum ac servicium Walteri filii Deifler de dono Eudonis filii Tove et tenementum ac servicium Roberti de Fenna de dono Hugonis de Pessi et tenementum ac servicium heredum Willelmi le Marcaunt de dono Abraham de Ponte et tenementum ac servicium Ricardi le Marcant de dono Baldewini filii Bernardi et tenementum ac servicium Ricardi le Marcand de dono Willelmi filii Astini et tenementum ac servicium Aldus de dono Abrahe de Ponte.Volo igitur ut predicta ecclesia et canonici ibidem deo servientes hec omnia suprascripta sine omni exactione vel perturbatione et seculari demanda bene integre et pacifice in perpetuum habeant et possideant. Ego vero Symon le Bret et heredes mei warantiza predictis ecclesie et canonicis omnia predicta contra omnes homines et feminas in perpetuum.
Hiis testibus Petro de Hereford, Iohanne Iuvene de Nasynge, Philippo filio Herevi de Cesstrnt, Henrico filio Alcheri, Willelmo de Bosco de Thaidon, Ricardo Masculo, Henrico de Kersebroch, Simone Magno, Thoma de Halyfeld, Willelmo le Poer, Roberto filio Iohannis Iuvenis, Gilberto de Eppyng, Herevico Ridel, et aliis…

🔍 Commentaires ou explications :
– L’acte est posé sous forme de déclaration solennelle et perpétuelle (sciant… concessi et confirmavi).
– Le don n’est pas nouveau : il s’agit d’une confirmation par le fils Simon, des biens donnés par son père Simon.
– Il s’adresse à l’église Sainte-Croix de Waltham, abbaye royale très influente, où la famille Le Bret a donc un rôle de bienfaiteur durable.
– L’emploi de in puram liberam et perpetuam elemosinam signifie que la donation est irrévocable, hors droit féodal classique, et entièrement pieuse — ce qui exclut tout hommage ou redevance future.

– La charte confirme non seulement des terres, mais aussi des droits féodaux complets : tenures, services dus, hommages.
– Le domaine décrit est vaste, structuré, économiquement puissant : marais salants, terres arables, pâtures, prairies, habitations.
– L’abbaye de Waltham, en recevant cela, bénéficie de la totalité d’un système économique féodal autonome.
– L’ensemble témoigne de l’importance sociale et territoriale de la famille Le Bret dans cette région.
– On sent aussi que Simon fils souhaite stabiliser et préserver les droits de l’abbaye, en confirmant toutes les donations paternelles à la lettre, comme un héritier fidèle et loyal.

– Alveve est nommée comme détentrice d’un tenement : elle n’est pas simplement une mention généalogique, elle est une propriétaire féodale — donc une femme de rang.
– Elle est identifiée comme fille d’Heymeri, qui est le frère de William Ier de Lanvalei selon tout ce que nous avons établi.
– Ce passage établit formellement que Simon fils est l’héritier par sa mère d’une part du réseau foncier lié aux Lanvalei.
– Le fait que Simon donne à l’abbaye le tenement de sa propre mère, dans un acte de donation perpétuelle, confirme qu’il reconnaît la légitimité pleine de ce bien — et sa propre filiation.
– Par cette phrase, la lignée de Jehan, Alain II, Hamon, Guillaume et Alveve est définitivement raccordée aux Le Bret, et aux possessions de Wrengle, ce qui crée un trait d’union solide entre Angleterre et Bretagne.

– L’un des passages est une énumération de tenures féodales, c’est-à-dire de terres accompagnées de redevances, services ou devoirs d’hommage.
– Ces hommes forment sans doute une couche sociale moyenne ou supérieure locale : des clercs, des marchands, des petits seigneurs ou hommes libres.
– L’apparition de Jean Le Bret (Iohannis le Bret) suivi de Robert et Raoul, ses frères, signale que la maison Le Bret est organisée en fratrie solide, disposant de plusieurs tenures à Wrengle — ce qui confirme son implantation directe dans la paroisse, bien avant tout litige.
– Ce passage montre que la famille Le Bret n’est pas un satellite isolé mais bien enracinée, insérée, responsable d’un réseau local.
– L’abbaye de Waltham reçoit donc ici un pan entier de la société de Wrengle, par la main d’un homme — Simon fils — qui agit comme héritier central et médiateur entre sa lignée paternelle et maternelle.

– Un passage une extension juridique majeure : Simon ne parle plus seulement de biens dont il hérite, mais aussi de droits issus des donations de ses tenanciers ou anciens vassaux.
– Cela signifie que Simon est reconnu comme seigneur de plein droit du fief dont sont issus ces hommes libres, ce qui donne à sa parole valeur de confirmation seigneuriale supérieure.
– L’expression “feudo antecessorum meorum” est capitale : elle affirme que les biens en question appartenaient au fief de ses ancêtres, c’est-à-dire qu’il s’agit bien d’un patrimoine familial structuré et reconnu comme tel.
Ce passage prouve donc que la structure féodale autour de Wrengle et Lek était dépendante de sa maison.
– Simon Le Bret fils se situe pleinement dans la continuité d’un lignage seigneurial établi (du côté Le Bret et du côté Lanvalei),
– Qu’il agit comme seigneur ayant autorité sur les donations anciennes faites à Waltham,

Traduction complèteCharte de Simon Le Bret fils
Que ceux qui sont présents et ceux à venir sachent que moi, Simon Le Bret, fils de Simon Le Bret, j’ai concédé et par la présente charte confirmé à Dieu et à l’église Sainte-Croix de Waltham, et aux chanoines réguliers qui y servent Dieu, en pure, libre et perpétuelle aumône, les terres, tenures, hommages et services suivants, qu’ils tiennent du don et de la concession de Simon, mon père, dans les villages de Wrengle et de Lek :
— toute la partie de grève maritime située entre la saline quudit Simon, mon père, donna à Alexandre de Pointon et celle d’Abraham de Ponte ;
— cette grève mesurant quarante et une perches de large (perche de vingt pieds) et s’étendant depuis la grève de Magni, fils d’Ouke, jusqu’au port de Wrengle ;
— ainsi que les droits de pâture suffisante dans la pâture commune de Wrengle ;
— deux crofts situés à l’est de l’église de Wrengle ;
— une partie de toft qu’Alain le clerc donna auxdits chanoines pour l’agrandissement de leur cour à Wrengle ;
— quatre acres de pré à Witecroft ;
— huit acres de pré à Roberdescroft ;
— onze acres de pâture à Wdetoft ;
— une part de toft précédemment tenue par Robert Slegman ;
— tout le clos de pré nommé Osmundescroft ;
— tout Sandisfordrift ;
— douze acres de terre arable à Lek Neweland ;
— à Lek Fenhe, les droits sur la desserte (essewiam) ;
— toute la part de pâture commune que mon père détenait à Lek ;
— tout le pré qu’il possédait à Claimeresdeil ;
— quatre perches de terre ayant appartenu à Reginald, fils de John, et à Walter le Forgeron, utilisées pour agrandir leur cour ;
— deux bovates de terre avec toutes leurs dépendances, auparavant propriété de Ralph, fils d’Arnold ;
— un tenement sur la grève de Wrengle ayant appartenu audit Ralph ;
— l’ensemble du tenement d’Henry de Gardino, que celui-ci tenait de l’église de Waltham, par don de mon père ;
— le tenement de Thutgot et de son fils Magni, qu’ils tenaient aussi de ladite église ;
— le tenement de Richard, fils de Bive, qu’il tenait de la même église ;
— ainsi que le tenement et le service d’Alveve, fille d’Heymeri, à Wrengle ;
— le tenement et le service de Jordan, fils d’Oukes ;
— celui d’Oukes, fils de Robert ;
— celui de Richard le Marchand ;
— celui d’Alain le clerc ;
— celui de Jean Le Bret ;
— ceux de Robert et Raoul, ses frères ;
— ceux des héritiers de Luc de Lek.

De plus, je confirme également auxdits chanoines, de même en pure et perpétuelle aumône, les terres, tenements, hommages et services qu’ils détiennent du don des hommes libres relevant du fief de mes ancêtres, dans les villages de Wrengle et de Lek :
— un toft nommé Hailildtoft, donné par Thomas, fils de Richard ;
— deux perches de pré données par Jean, fils d’Albert ;
— une part de terre donnée par Gilbert, fils d’André ;
— tout ce que Richard, fils d’Alain, possédait à Cornfen et à Labetoft ;
— un clos à Wrengle donné par Geoffrey, fils de Wace ;
— une part à Wrengledeiles donnée par William, fils d’Astinus ;
— cinq perches dans Wrengledeiles données par Eudes, fils de Tove ;
— quatre acres de terre arable données par Richard, fils d’Oukes ;
— une part de terre dans le clos de Neucroft, donnée par Hubert, fils de William ;
— une terre entre Swetemere et celle d’Alain Basse, donnée par Richard, fils de Gilbert ;
— des terres à Siwatemures et à Reddeiles, données par Gunwat, fils d’Herlewin ;
— une autre terre dans le clos de Neucroft donnée par Alain Kenet ;
— le tenement et le service d’Alain, fils de Raoul, donné par Raoul, fils d’Arnold ;
— une saline avec toft et grève donnée par Richard le Breton ;
— le tenement et le service de Walter, fils de Deifler, donné par Eudes, fils de Tove ;
— le tenement et le service de Robert de Fenna, donné par Hugues de Pessi ;
— le tenement et le service des héritiers de William le Marchand, donné par Abraham de Ponte ;
— le tenement et le service de Richard le Marchand, donné par Baudouin, fils de Bernard ;
— ceux de Richard le Marchand encore, donnés par William, fils d’Astinus ;
— et ceux d’Aldus, donnés par Abraham de Ponte.

Je veux donc que ladite église et les chanoines qui y servent Dieu possèdent et tiennent tous les biens susmentionnés, sans exaction, ni trouble, ni réclamation séculière, en toute intégrité, paix et perpétuité.
Et moi, Simon Le Bret, ainsi que mes héritiers, garantissons tous les biens susdits à ladite église et aux chanoines, contre tous hommes et toutes femmes, à jamais.
Fait en présence de Pierre de Hereford, de Jean le Jeune de Nasynge, de Philippe, fils de Herevi de Cestertone, de Henri, fils d’Alcher, de William de Bois de Thaidon, de Richard Masculus, de Henri de Kersebroch, de Simon le Grand, de Thomas de Halyfeld, de William le Poer, de Robert, fils de Jean le Jeune, de Gilbert d’Epping, d’Herevic Ridel, et de nombreux autres

Peu avant la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, en 1086, les 5 hides formant la Petite Habington étaient le bien de la princesse Eddeva ou Addeva Pulchra, femme du roi Harold et mère de Gunnhild de Vessex.
Le comté ou l’Honneur de Richemont ayant été conçu en effet pour les « premiers comtes de Bretagne, enfants nés « de Penthièvre ». Et il reçu en sa seigneurie nouvellement créée les dits 5 hides d’Abington lesquels, ainsi, devinrent le bien d’Alain le Roux fils d’Eudes de Penthièvre comte de Bretagne, l’un des tous premiers comtes de Richemont. 
A quel seigneur ou à quel parent le dit Alain le Roux confia t-il l’exploitation de ces mêmes 5 hides de terre, paroisse, église et manoir compris ? 
Après la mort de « Brient fils d’Eudes » de Penthièvre, après la mort d’Alain dit le Roux son frère, après la mort d’Alain de Niger leur frère à tous deux, tous trois comtes de Richemont, l’Honneur de Richemont fut reçu par leur frère puisné à tous, à savoir par Etienne comte de Penthièvre.
Leur frère aisné, Geoffroy Boterel, père plus que présumé du dit Henri souche des Lanvalei, et aïeul de « Alain et de Geoffroy fils Emeric Boterel », ne pu point prendre possession de cet Honneur puisque Geoffroy Boterel trouvera en effet la mort devant les murs de Dol, en 1093.
Etienne de Penthièvre, leur dit frère puisné à tous, le plus jeune d’entre eux, entra lui aussi en la possession du comté de Bretagne et en la possession de la seigneurie de Richemont héritier qu’il était de ses frères tous décédés.
De son vivant la belle Pulchra Eddeva avait également en sa possession un autre hide de terre ce dernier étant alors confié à un prêtre celui-ci ne pouvant toutefois se retirer sans autorisation de cette terre confiée ou donnée par Eddeva. Cet « hide » de terre sera lui « récupéré » par Aubrey de Vere le fils de ce dernier devenant « baron d’Oxford » et « haut justicier d’Angleterre » et seigneur aussi en la Grande paroisse d’Abington.     
Le comte Alain de Bretagne s’opposera mais sans succès à cette « appropriation du dit hide de terre.

5. Ce que cache Little Abington

Par Elios
Tout ce que vous venez de lire — ces terres, ces noms, ces serments — aurait pu sombrer dans l’oubli.
Et pourtant, tout est revenu à la lumière à cause d’un procès.
En 1209, une querelle éclate.
Jehan de Lanvalei, héritier de la maison bretonne, s’oppose à Simon Le Bret fils, héritier de Wrengle. L’objet du conflit ?
La possession des droits paroissiaux de Little Abington, paroisse anglaise, rattachée à l’abbaye de Waltham.
Mais ce procès, en vérité, ne porte pas sur une simple terre.
Il porte sur une mémoire. Une famille. Une filiation.Pourquoi ?
Parce qu’entre ces deux hommes — Jehan et Simon — existe un lien de sang, oublié, non reconnu, refoulé.

Jehan est le fils d’Alain.
Simon est le fils d’Alveve, la sœur d’Alain.
Autrement dit : Jehan est le neveu de Simon.
Et ce procès, en creux, c’est aussi un procès familial.
Le conflit juridique sera long. L’abbaye de Waltham y jouera un rôle central, non seulement comme partie prenante, mais comme dépositaire de la charte originelle, celle de Simon père, que Simon fils a confirmée.
Ce sera un combat entre mémoire écrite et mémoire de sang.
Ce chapitre — celui du procès, de la tension, du dévoilement — viendra plus tard.
Mais ce que l’on peut déjà dire, c’est que si ce procès n’avait pas eu lieu,
peut-être jamais nous n’aurions pu reconstituer l’origine cachée de la maison de Lanvalei.
C’est par l’affrontement que la vérité est revenue.
Et c’est par le silence des chartes que les liens ont reparlé.

A 43 km de Walkern, bien seigneurial des William de lanvalei était la paroisse de la Little Abington.
Celle-ci sera à la fin du XII siècle le bien seigneurial en indivis par moitié de William II de Lanvalei et de Jehan de Lanvalei .
Cet indivis établit à lui seul que leur aïeul commun, Alain fils de Henri, était déjà possesseur de cette petite paroisse. De fait c’est la procédure judiciaire de la Little Abington qui nous apprendra que c’est ce Henri lui même, bisaïeul des dits William et Jehan, qui reçu cette paroisse des mains du roi Henri 1er d’Angleterre .

Dès son apparition sur la scène de l’Histoire, au XI siècle, la paroisse d’Abington fut constituée de deux éléments, de deux entités toutes deux séparées l’une de l’autre par une rivière, par la River Granta celle-ci séparant depuis toujours l’une de l’autre la Little Abington et Great Abington. Relevant alors du tout nouvel Honneur de Richemont, comté créé au lendemain d’Hasting pour les seuls seigneurs de Penthièvre, la paroisse d’Abington sera ainsi successivement reçut par les fils d’Eudes de Penthièvre. Estienne de Penthièvre, le tout dernier, le dernier né, recevra donc à son tour l’ Honneur de Richement et donc aussi Abington dont il offrira les revenus à l’église Sainte-Marie d’York . Pourquoi à la génération suivante Henry 1er d’Angleterre offrira à Henri, bisaïeul de Jehan et William de Lanvalei, la Little Abington ?
Cette paroisse au travers de ses bénéfices sera le bien propre des seigneurs de Lanvalei pendant plus de 7 générations.

6. Alanus et Goffredus Boterel, fils d’Aimeric

La procédure judiciaire autour de la spoliation de la paroisse de Little Abington ne dévoile pas seulement des tensions féodales. Elle nous ouvre surtout une fenêtre sur la généalogie originelle de la maison de Lanvalei et sur l’existence de deux frères oubliés mais centraux : Alanus et Goffredus Boterel, tous deux fils d’Aimeric (ou Henry), nés d’une lignée naturelle issue des comtes de Penthièvre.
Au lendemain de 1100, Henri Ier d’Angleterre remet à Henry (ou Aimeric), né vers 1070, la paroisse de Little Abington. Ce don se fait au détriment des anciens droits des comtes de Penthièvre, et particulièrement de leur dernier représentant en Angleterre, Étienne, frère de Briand. L’Honneur de Richemond, l’une des plus vastes seigneuries anglo-normandes, devient alors le socle féodal sur lequel cette lignée va s’épanouir.

Geoffroy Boterel, frère aîné et seigneur de Penthièvre, reste en Bretagne. Il meurt en 1093 à Dol, en tentant de s’emparer de la ville. Mais deux de ses fils naturels, Alanus et Goffredus, apparaissent plus tard comme barons assis en pays de Dol, présents aux côtés de Gelduin de Dol, lors d’une donation de réparation faite au prieuré de Combourg vers 1138.
Ces deux frères sont donc actifs de part et d’autre de la Manche. Alanus semble correspondre à Halanalt of Nettlestead, seigneur aussi de Sharpstone dans le Suffolk. Goffredus, lui, est identifié à Geoffrey Boterel of Nettlestead, souche directe des Boterel/Botrel/Boutreau d’Angleterre.

Tous deux possèdent chacun une partie de la Little Abington, exprimée en hides et virgates. Ils y sont co-seigneurs, issus du même père Aimeric. Et cette possession commune, de même que celle de Nettlestead, laisse supposer que leur père Aimeric reçut lui aussi ces terres en dotation royale.
Cette hypothèse est renforcée par un fait : Jehan de Lanvalei, descendant d’Alanus, apparaît comme témoin d’un acte dans lequel Aldita Boterel, fille de Goffredus, confirme la donation d’une virgate de terre à un certain Raoul, fils d’Arnold, dans la même Little Abington. Dans cette confirmation, Jehan est explicitement nommé comme « un autre seigneur » de Raoul.

Ce détail, passé inaperçu, confirme la filiation directe :

  • Jehan de Lanvalei est le petit-fils d’Alan,
  • Aldita est la petite-fille de Goffredus,
  • Les deux sont donc issus de deux frères : Alanus et Goffredus,
  • Tous deux co-seigneurs de la même terre, tous deux enfants d’Aimeric/Henry.

En 1139, Geoffrey Boterel de Nettlestead offre à Saint-Melaine de Rennes une rente prélevée sur sa terre anglaise. Ce geste, transmis par le prieuré de Hatfield Regis, dépendant de Saint-Melaine, nous montre que les liens religieux et territoriaux entre l’Angleterre et la Bretagne restaient forts dans cette lignée.
Et parmi les témoins, figure un certain « baron Aimerici ». Était-ce le père des deux frères ? Le Heymeri cité plus tard comme père de Jehan et Alain de Lanvalei ? Peut-être. Tout converge vers cette possibilité.
La Little Abington, aujourd’hui encore, nous parle. Elle murmure à qui sait lire ses chartes. Et dans ce murmure, deux frères Boterel sortent enfin de l’ombre.

Tout ce que vous venez de lire — ces terres, ces noms, ces serments — aurait pu sombrer dans l’oubli.
Et pourtant, tout est revenu à la lumière à cause d’un procès.
En 1209, une querelle éclate.
Jehan de Lanvalei, héritier de la maison bretonne, s’oppose à Simon Le Bret fils, héritier de Wrengle. L’objet du conflit ?
La possession des droits paroissiaux de Little Abington, paroisse anglaise, rattachée à l’abbaye de Waltham.
Mais ce procès, en vérité, ne porte pas sur une simple terre.
Il porte sur une mémoire. Une famille. Une filiation.

Pourquoi ?
Parce qu’entre ces deux hommes — Jehan et Simon — existe un lien de sang, oublié, non reconnu, refoulé.
Jehan est le fils d’Alain.
Simon est le fils d’Alveve, la sœur d’Alain.
Autrement dit : Jehan est le neveu de Simon.
Et ce procès, en creux, c’est aussi un procès familial.
Le conflit juridique sera long. L’abbaye de Waltham y jouera un rôle central, non seulement comme partie prenante, mais comme dépositaire de la charte originelle, celle de Simon père, que Simon fils a confirmée.
Ce sera un combat entre mémoire écrite et mémoire de sang.
Ce chapitre — celui du procès, de la tension, du dévoilement — viendra plus tard.
Mais ce que l’on peut déjà dire, c’est que si ce procès n’avait pas eu lieu,
peut-être jamais nous n’aurions pu reconstituer l’origine cachée de la maison de Lanvalei.
C’est par l’affrontement que la vérité est revenue.
Et c’est par le silence des chartes que les liens ont reparlé.

Par Elios

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