LANVAVA, Racine d’un nom, racine d’un lieu

Les témoins d’un monde qui se dessine.
Il est une discrète mention, nichée dans les lignes de la charte de la fondation du prieuré du Pont à Dinan, charte datée des alentours de 1080–1100, qui mérite toute notre attention : celle de Bernard de Lanvalei (Berhaudus de Lanvava).
À première vue, une simple signature parmi d’autres, un nom parmi tant d’hommes ayant assisté à une donation pieuse. Et pourtant…

Lanvava, ce toponyme oublié, est peut-être la plus ancienne apparition écrite de Lanvallay. À une époque où la paroisse n’est sans doute pas encore fondée ou du moins attestée, ce nom surgit, déjà porteur d’identité. Il surgit avec un homme, Berhaudus, dont l’empreinte fugace dans les archives vient défier les siècles.
Dans la dernière section de cette charte, une longue série de noms défile : témoins, compagnons, hommes de foi ou de guerre. Une fresque vivante du Dinan du XIe siècle. Parmi eux, surgit celui qui va nous occuper encore un peu : Berhaudus de Lanvava.

Ce nom, à lui seul, justifie qu’on se penche sur ces témoins. Car si Lanvava est bien la première apparition écrite de ce qui deviendra Lanvallay, alors Berhaudus en serait le tout premier seigneur connu.
Et ce n’est pas rien.

Berhaudus ne fait ici « que » témoigner, mais cette seule mention vaut or. Son nom est associé à une terre qui semble alors n’être qu’un point dans la vallée, de l’autre côté de la Rance, en face du bourg monastique.
Et pourtant… c’est un point d’ancrage, une graine de pouvoir.

Une filiation hypothétique mais Stimulante.
On ne peut pas, en toute rigueur, relier Berhaudus de Lanvava directement à Henri, père de Alain, fondateur attesté de la lignée seigneuriale de Lanvallay au XIIe siècle.
Il manque une charte, un lien écrit, une preuve directe. Mais… on peut proposer un fil, fragile mais possible : celui d’une continuité territoriale et onomastique (Onomastique. Relatif aux noms propres, à leur étude).
Un homme présent dans une charte, témoin d’un acte fondateur impliquant les grands noms de Dinan, sur une terre qui deviendra paroisse.
Puis, quelques décennies plus tard, un autre homme, Alain Fils d’Henri, seigneur d’une terre désormais appelée Lanvallay, multipliera les donations aux abbayes du coin.
Coïncidence ou continuité ?
À chacun de juger, mais ici, l’histoire devient passion.

Le nom, le lieu, l’hypothèse.
Lanvava. Ce nom ancien, étrange à l’oreille moderne, semble contenir deux éléments : Lan- et Vava.
Lan- désigne presque systématiquement un site religieux ou monastique dans la toponymie bretonne.
Et Vava ? Nous avons émis l’hypothèse que ce Vava pourrait être une déformation de Balao, moine fondateur oublié de la paroisse primitive. La langue, après tout, est vivante et capricieuse.

De Lan-Balao à Lanvava, puis Lanvalei au XIIe siècle, et enfin Lanvallay. La trajectoire est crédible. C’est celle d’un nom, comme d’un village, qui traverse les siècles sans jamais tout à fait disparaître.

Jean-Pierre, accompagné de son ami et correcteur Elios.