
Première partie
1. Les terres de Riwallon le Roux
Vers 1100, Riwallon le Roux, frère de Geoffroy Ier de Dinan, offre les terres de la rive droite de la Rance pour fonder le prieuré du Pont.
Or ces terres, quelques décennies plus tard, se retrouvent dans la mouvance des Coëtquen.
Cela suppose une transmission lignagère :
- Soit directe, par son fils Radulfus filius Riwalonis (cité en 1136).
- Soit par une alliance.
La piste la plus logique est celle d’une descendance directe : Radulfus étant le Raoul, aïeul d’Olivier Ier de Coëtquen.
2. Riwallon sur le plateau côtissois
Si Olivier de Coëtquen détient au début du XIIIᵉ siècle une maison et des droits féodaux dans la paroisse de Lanvallay, c’est qu’il les tient d’une implantation beaucoup plus ancienne.
Il faut donc admettre que Riwallon le Roux possédait déjà, en plus du Pont, des terres sur le plateau côtissois, en voisin direct de Berhandus de Lanvava.
3. Deux rameaux « petits-cousins »
- Alain fils d’Henry, fondateur de la seigneurie de Lanvallay, hérite à la fois du rameau Boterel (via son père Henry, frère de Berhandus de Lanvava) et peut-être de droits issus de son beau-père supposé, Riwallon le Roux.
- Olivier Ier de Coëtquen, petit-fils supposé de Radulfus filius Riwalonis, hérite des biens donnés par Riwallon le Roux et des droits féodaux associés à Lanvallay.
Ces deux lignées seraient donc issues du même tronc Dinan, et se rejoignent sur le plateau. À la fin du XIIᵉ siècle, Alain de Lanvallay et Olivier de Coëtquen sont véritablement « petits-cousins ».
4. Une paroisse partagée
Dès lors, la nouvelle paroisse de Lanvallay apparaît comme un espace partagé entre cousins :
- Alain de Lanvallay, fondateur de la lignée seigneuriale,
- Olivier de Coëtquen, héritier des droits de Riwallon.
Ce partage se lit dans deux faits :
- Tous deux sont considérés comme fondateurs du couvent des Jacobins à Dinan : mémoire commune qui traduit une parenté de sang.
- Tous deux s’impliquent dans la paroisse naissante, se disputant parfois les droits, mais construisant ensemble son cadre féodal et religieux.
5. La tutelle d’Alain de Vitré-Dinan
Enfin, le fait qu’à la fin du XIIᵉ siècle le château de Lanvallay soit déposé entre les mains d’Alain de Vitré-Dinan confirme que cette terre restait sous l’œil de la grande maison de Dinan.
Lanvallay était encore perçue comme une excroissance de ses domaines, confiée aux « cousins » Coëtquen et Lanvalei pour sa mise en valeur.
Conclusion :
La seigneurie de Lanvallay ne s’est pas constituée par un seul rameau, mais par la fusion des droits de deux branches cadettes de Dinan :
- L’une issue d’Henry/Berhandus (Boterel → Lanvalei).
- L’autre issue de Riwallon (→ Coëtquen).
À la fin du XIIᵉ siècle, Olivier de Coëtquen et Alain de Lanvallay apparaissent donc comme deux cousins, partageant l’édification de la paroisse, du couvent des Jacobins, et même la garde du château confiée à un parent plus puissant, Alain de Vitré-Dinan.

Deuxième partie
L’histoire de Lanvallay ne s’éclaire vraiment que lorsqu’on accepte de croiser deux fils longtemps demeurés séparés : celui de Berhandus de Lanvava, mémoire locale du plateau, et celui de Riwallon le Roux, donateur des terres du Pont.
D’un côté, Berhandus de Lanvava, fils naturel supposé de Geoffroy Boterel, figure dans la charte du prieuré du Pont au tournant de l’an 1100.
Son nom atteste l’existence d’un premier noyau d’habitat sur le plateau côtissois, qui porte déjà la désinence Lanvava.
Mais Berhandus, resté sans descendance connue, ne lègue pas directement son patrimoine. Il nous faut donc chercher par quel détour ces terres de Lanvava ont pu passer dans les mains d’Henry, son frère, et celles aussi de ses enfants.
De l’autre, Riwallon le Roux, frère de Geoffroy Ier de Dinan, offre au prieuré les terres de la rive orientale de la Rance.
Ce geste, qui fonde le prieuré de la Magdelaine, révèle que Riwallon détenait des biens solides de ce côté de la rivière.
Nous savons qu’il eut au moins un fils, Radulfus filius Riwalonis, cité en 1136. Celui-ci cependant n’est pas reconnu par l’histoire faute de charte explicite.
Cependant Radulfus sera le témoins d’Olivier II de Dinan, son cousin germain probable, lorsque le dit Olivier ira de ses propres dons envers l’église de Saint-Suliac. C’est la seule charte que l’Histoire lui consacrera.
Mais si Radulfus, ou Raoul, transmet bien la souche des futurs Coëtquen, rien n’empêche qu’il ait eu une sœur, restée jusqu’ici invisible dans les textes.
Et c’est ici que se dessine l’hypothèse qui éclaire tout : Alain fils d’Henry aurait épousé cette sœur de Radulfus.
Par ce mariage, il aurait reçu :
- D’une part, les terres de son oncle Berhandus de Lanvava.
- D’autre part, une part des biens de Riwallon le Roux transmis par sa fille.
Ainsi, la seigneurie de Lanvallay ne naît pas d’un seul héritage, trop maigre pour asseoir une véritable puissance, mais de la fusion de deux patrimoines cadets.
Ce schéma explique :
- Pourquoi Alain de Lanvalei apparaît dès les années 1130 avec une autorité suffisante pour donner son nom à une lignée.
- Pourquoi ses fils Raoul et William portent avec constance le nom « de Lanvalei ».
- Pourquoi, enfin, au XIIIᵉ siècle, les Lanvalei et les Coëtquen se partagent la jeune paroisse, chacun réclamant droits et prééminences.
Mieux encore. Cette hypothèse résout une énigme demeurée entière : comment Alain pouvait-il posséder, intra muros de Dinan, une terre sur laquelle il fonde, avec son cousin Olivier de Coëtquen, le couvent des Jacobins ?
Si Alain avait épousé une fille de Riwallon le Roux, l’explication coule de source : son ancrage urbain viendrait tout droit de cet héritage.
Dès lors, tout s’articule :
- Les Lanvalei sont les héritiers conjoints de Berhandus de Lanvava et de Riwallon de Dinan.
- Les Coëtquen descendent par, Radulfus filius Riwalonis du même Riwallon le Roux.
- Alain de Lanvalei et Olivier de Coëtquen sont donc petits-cousins : l’un par le frère cadet Henry, l’autre par le frère cadet Riwallon.
- Tous deux, ensemble, fondent le couvent des Jacobins, comme pour sceller cette parenté.
À la fin du XIIᵉ siècle, la paroisse de Lanvallay se trouve ainsi partagée entre ces deux rameaux cousins :
- D’un côté, les Lanvalei, dont la maison s’enracine sur le plateau. oriental
- De l’autre, les Coëtquen, qui revendiquent droits et préséances depuis leurs terres voisines.
Pendant des siècles, leurs descendants se disputeront la paternité des Jacobins et l’héritage de la paroisse.
Mais tout remonte, en réalité, à cette convergence fondatrice : l’union d’Alain fils d’Henry avec la sœur de Radulfus, et la fusion des deux branches cadettes Dinan dans la seigneurie neuve de Lanvallay.
Et voici comment que l’on apporte une solution élégante et organique à chacune des questions suivantes :
- Pourquoi le nom « de Lanvalei » n’apparaît qu’après 1142.
- Pourquoi Berhandus de Lanvava ne laisse pas trace de descendance directe.
- Pourquoi Alain et Olivier, deux cousins, se retrouvent co-fondateurs des Jacobins.
- Pourquoi Lanvallay se retrouve, dès l’origine, partagé entre deux maisons parentes.



De Lanvallay aux Windsor : un fil ininterrompu.
Saviez-vous que Lady Diana Spencer, et donc les princes William et Harry, descendent d’une famille née sur le plateau de Lanvallay au XIIᵉ siècle ?
Proposé par Jean-Pierre & Elios Moy.
L’histoire réserve parfois des prolongements inattendus. En suivant les traces de la maison de Lanvalei, issue du vieux terroir de Lanvallay, on découvre une chaîne de descendance qui relie la Bretagne médiévale à la famille royale d’Angleterre.
Tout commence avec William Ier de Lanvalei, marié à Guenora de Saint-Clair. Leur fils William II, puis leur petit-fils William III, sont au cœur des réseaux seigneuriaux anglo-bretons du XIIᵉ et XIIIᵉ siècles. La fille de William III, Hawise de Lanvalei, épouse John de Burgh. Par cette union, les Lanvalei entrent dans la puissante maison des de Burgh, comtes d’Ulster.
De là, deux destins se dessinent :
- Isabelle de Burgh, petite-fille d’Hawise, épouse Robert Ier Bruce, roi d’Écosse. Leur fils, David II Bruce, monte sur le trône mais meurt sans héritier. La lignée royale issue des Lanvalei s’éteint donc dès la seconde génération.
- Éléonore de Burgh, sa sœur, épouse Thomas V de Multon. C’est par elle que la lignée se poursuit et tisse, génération après génération, un fil discret mais solide : les Harrington, les Stanley (comtes de Derby), les Murray (ducs d’Atholl), les Gordon (ducs de Gordon), les Lennox et les Hamilton, puis les Spencer.
De cette longue chaîne descend Lady Diana Spencer, et, par elle, ses fils le prince William et le prince Harry, héritiers de la maison de Windsor.
Ainsi, la seigneurie de Lanvallay, modeste paroisse née au XIIᵉ siècle, se trouve reliée à Buckingham Palace. La petite poussière bretonne s’est mêlée aux plus hautes couronnes d’Europe : un fil ténu, mais ininterrompu.
