1844. l’Amphore funéraire de la rue de la Magdeleine.

Dernièrement fut découvert en Lanvallay, en une cour assise rue de la Madeleine, cour appelée dès le XVI « la Cour de Bretagne », un petit trésor archéologique dont nous ne possédons pas la « valeur » financière même si, avant toute chose, cette même « valeur » reste humaine.

Ce petit trésor fut découvert lors de la réhabilitation de la partie basse d’une ancienne venelle de servitude servant à desservir, peu après 1801, AUSSI le derrière de la nouvelle maison du sieur Pierre Salmon.
Cette venelle, étroite et presque longue, desservait depuis le XVI siècle le derrière d’une ancienne petite forge ainsi que la partie basse de la Vallée de Bretagne (A savoir qu’elle menait de fait aux jardins de la Cour de Bretagne ces derniers ayant, en leur extrémité commune, le puits du grand logis de la Cour de Bretagne. Ce puits sera au lendemain de 1756 le bien propre du sieur Pierre Salmon lorsque celui-ci acquerra en effet le dernier de ces mêmes jardins pour la construction de sa nouvelle maison).
Cette petite forge sera citée en cette même cour dans un écrit rédigé en la seconde moitié du XVI siècle en effet, en 1583 exactement.
Cette forge, bien en 1583 du sieur Bretaigne, appartiendra en la dite année 1801 au sieur Remont « charron » de son état [Voir acte de vente du 13/11/1801 de Pierre Follen et Guillemette Baguelin son épouse ; cette vente sera faite en faveur de Robert Remont et Françoise Meslé son épouse]. 
Cette forge, cour et passage, seront en 1733 le bien de Catherine Gigot confiés alors par bail au maréchal sur route, le sieur Briand (Catherine Gigot, sœur de l’Ordre de Saint-François à Dinan, avant division des biens de feus ses parents était alors, avec ses deux sœurs, propriétaire en « indivis » des tous les biens relevant du grand manoir de la Cour de Bretagne. Celle-ci, dans son appellation, dès la fin du XVI siècle comprendra son dit manoir ou « grand logis », ses autres maisons, sa cour et ses dépendances y compris une porcherie, une petite forge et des jardins ; ces derniers, donnant sur les pavés du Cheminneuf, étaient aussi desservis depuis la cour par la dite petite venelle.
Après répartition des biens hérités Catherine aura pour elle le grand logis de la Cour de Bretagne et la cour ses deux sœurs se répartissant, entre elles, les autres biens ; à savoir les autres maisons et jardins.
Cette cour et sa forge, porcherie comprise donc, seront par la dite Catherine vendus en 1733 au sieur Pierre Follen. Celui-ci, riche marchand, de son vivant sera l’un des deux « trésoriers » responsables de la trésorerie de l’église du prieuré. De fait celui-ci n’achètera que la cour dans sa totalité; à savoir tout de même sa maison haute, sa maison basse, la petite forge et un caveau ou « chambre froide » assis partiellement sous l’un des susdits jardins.
Pierre Salmon susdit, marchand tanneur et fermier général du prieuré de la Magdeleine, sera propriétaire de ces jardins biens qu’il acquerra en effet de l’une des deux sœurs de Catherine. De fait l’un de ces jardins jouxtait sa toute nouvelle maison, maison qu’il fera édifier dans le dernier de ces mêmes jardins lorsqu’il se fera expulser du talard en 1756 pour la réfection de celui-ci. Gardant pour lui l’avant dernier jardin Pierre revendra les premiers jardins au dit sieur Robert Rémont sur lesquels, Robert, fera construire l’actuelle maison assise au n°25 de la rue de la Madeleine).

La maison basse adossée à la petite forge


A la fin du XVI siècle, en 1583 en effet, le sieur « Bretaigne » pour cette petite forge devait déjà « impôts féodaux » au prieur du prieuré du pont à Dinan.

Avant la réhabilitation de cette venelle était présente en sa partie basse une rampe d’accès cimentée et graduée, assez raide il est vrai, rampe probablement réalisée après la dernière guerre ; elle fut entièrement déposée par nous même pour l’exécution d’ un « décaissement » celui-ci devant permettre la réalisation d’une venelle à degrés, ou grand escalier. Ce dernier
sera réalisé avec les vieux pavés du roi retrouvés en la cour (De fait cette rampe desservait également le premier étage, celui-ci possédant qu’une seule pièce à feu, d’une petite maison à pans de bois jouxtant la dite petite forge en la même cour. A savoir la susdite maison basse.
Le derrière de cette maison, à pans de bois aussi, sera entièrement déposée à la même époque pour être très grossièrement remplacé par mur en vulgaires parpaings. Ce derrière sera de nouveau entièrement refait à neuf et à l’identique ; en 2017).

Le derrière de la maison basse


Ayant en cet endroit atteint le niveau 0, ou le sol originel, une fosse protégée et très bien maçonnée, pleine de terre, fut découverte perpendiculaire à la dite venelle. Après avoir « ôté » de son dessus 3 très lourdes pierres la recouvrant dans sa totalité, pierres assises sur un lit d’ardoises, posée en le creux de cette fosse nous avons découvert une très vieille amphore en tuile cuite brisée, sans base plate, amphore non bouchonnée et ouverte.
Cette amphore fut retrouvée au 2/3 vide, et sans aucun objet à l’intérieur.
Elle contenait en son fond qu’un amalgame poudreux fin et très humide. Cet amalgame sera aussitôt versé en un massif floral tout proche que nous venions tout juste de terminer.
Quel était celui-ci ?

En la terre, et sous cette amphore au cul arrondi, sans base aucune et sans col aussi, fut trouvée une assiette en porcelaine, assiette complète mais brisée en trois morceaux portant l’inscription suivante : Porcelaine opaque de Creyl et Montereau, médailles d’or 1834-39 et 44.
De fait cette même assiette, par sa dernière date donc, assoit dans le temps et en la première partie du XIX siècle l’origine même de cette découverte. Pourquoi cette assiette en porcelaine fut t-elle en le dessous de cette amphore posée elle aussi en terre ?
Le fut t’elle pour permettre « demain » une éventuelle datation ? Pourquoi cette même amphore, presque entièrement vide hormis cet amalgame poudreux, fut t’elle en la profondeur de cette venelle si soigneusement cachée ?
Nous n’aurons probablement jamais les réponses à ces deux questions.

Cette venelle fut moult fois modifiée en certaines parties de son étendue la date la plus ancienne, antérieure à 1801, concernant sa partie haute seulement. Des travaux de comblement seront en effet réalisés en sa dite partie haute par madame Hélène Salmon alors déjà  veuve en 1801 de Christophe Leroux sieur des Aulnais. Héritière de Pierre Salmon susdit, marchand-tanneur, son propre père, elle prendra pour époux l’un des plus riches propriétaires de la Madeleine celui-ci possédant notamment, en ce même quartier, moult entrepôts de marchandises et maisons .
De son vivant Christophe sera aussi le « régisseur » du marquis du château de Coëtquen. Il fera édifier la Maison Neuve grand corps de logis attenant à la propre maison de son beau-père. Ce nouveau logis sera édifié sur un embat entièrement professionnel.
Au début du XIX siècle celui-ci sera le bien du sieur François Moncoq marchand de grains en tout genre.
Charles Moncoq, son oncle, l’un des plus grands « marchand de bois » de Dinan, possédait avec François sur le quai de Dinan tout un ensemble de grands entrepôts. Charles, riche homme d’affaire donc, financera lui-même la construction d’un navire, son propre bateau, afin de faire remonter à Dinan depuis Saint-Malo les bois destinés à Dinan. Charles fera édifié l’actuel château de Kerozen assis en Taden. Au travers des Moncoq nous avons ici même, à la Magdeleine, l’une des familles familles les plus riches assise au pont à Dinan.
Alors propriétaire de la Maison de l’Ecu, elle aussi assis à la Magdeleine Pierre Moncoq son fils, fera lui « faillite ».
Comme quoi toute chose ne dure qu’un temps !

Cette venelle de servitude, sa cour, sa maison, son magasin, son cellier haut et sa dite ancienne petite forge, tous vendus en 1801 à  Robert Remont, seront au lendemain de ce dernier le bien obtenu par acte de mutation daté du 18/08/1846 du sieur Pierre Remont et d’ Anne Lesné son épouse Pierre étant le propre neveu du dit Robert. Ce bien, venelle comprise, restera en effet au sein de cette même famille au moins jusqu’en la dite année 1846. Cette même famille sera donc toujours possesseur de l’ensemble de ce bien au lendemain de 1844 date inscrite dans la dite assiette en porcelaine opaque.                      

Robert Remont son père, au lendemain de la Révolution française, sous le Directoire, se portera acquéreur en la rue du four de l’ensemble des dépendances biens hier de l’ancien prieuré du pont ; à savoir de l’ancienne prison, les magasins etc. qu’il acquerra par acquêt de la veuve du sieur Salmon du Frêne frère germain de la dite Hélène Salmon épouse Christophe Leroux tous deux ci-dessus cités .

La dite Hélène Salmon, vers 1801, financera elle même de ses propres deniers la réfection de cette ancienne venelle desservant depuis tout temps des jardins ici même présents avant que soit édifiée par le dit sieur Robert Rémont, cela au lendemain de 1801, l’actuelle maison ici assise au n° 25 de la rue de la Madeleine.
Cette réfection consistera à l’élévation de cette venelle de 75 centimètres environ, venelle destinée alors à desservir AUSSI le derrière de la nouvelle maison hier construite par son propre père dès l’année 1756, à savoir le dit sieur Pierre Salmon. Tout nous aurait laissé penser que cette même amphore ait été ici même enterrée par la dite Salmon en 1801 s’il n’y avait pas eu cette assiette portant la dite date de 1844.

Comment cette amphore fut t-elle avant 1844 obtenue ? Pourquoi fut t-elle en cet endroit peu après 1844 cachée ? Les dits sieurs « Remont  » furent t’ils pour certains possesseurs de celle-ci ?
Nouvelles questions sans aucune réponse.
Cachée et contenant aucun objet, et ainsi protégée, cette dernière possédait t’elle déjà vers 1844 une certaine valeur financière ?
Ou bien une toute autre valeur celle-ci symbolique ?
La crise de 1846-1847 et la fin de son Régime peut t-elle être la « cause » de cet enfouissement ?
L’amalgame poudreux retrouvé en celle-ci, amalgame donc par moi même versé en un parterre de fleurs, était t’il des cendres nées d’une incinération humaine survenue lors d’une mort inattendue ?
La présence en 1848 de la fièvre typhoïde à Dinan peut t-elle, elle aussi, expliquer cela ?  Beaucoup plus vieille que l’assiette elle même trouvée quel peut bien être l’âge de notre amphore ?

Que de questions ici même posées !                                                                                              

Tout avis attaché à ce type d’amphore sera le très bien venu.
Merci.